Si-Mustapha, ou Félix Faure, une histoire

Boumerdès

La commune de Si-Mustapha tire son nom actuellement du chahid Mohamed Saoudi, tombé au champ d’honneur le 25 novembre 1958, à Haouch Bengrine. Le chahid Mohamed Saoudi était plus connu par son nom de combattant « Si-Mustapha ».C’est toute une histoire ! Située sur une colline cernée par la montagne Boudhar, les reliefs de Thenia, (ex-Menerville), plus connue par Théniate Beni Aïcha et le fleuve des Issers, la ville a dessiné son histoire dès l’ère antique. La Région fut peuplée au temps des romains, depuis la prise de Sarsura (Rocher-noir) actuellement Boumerdès, par Jules César, des vestiges sont toujours présents dont des pierres et autres sculptures et écritures sur les roches. De 1860 à1870 : d’anciens soldats qui avaient fait venir leur famille, s’installèrent dans les parages de Bla Guittoune et tinrent dans des gourbis construits aux abords des camps et des bivouacs, des débits de vins et liqueurs. A ce bivouac, c’est un nommé Germain Chaix mort en 1881 qui tint une auberge et ensuite l’arrivée des Alsaciens et des lorrains aidant l’émigration européenne s’intensifia. C’est au mois de mars 1872 que les premiers colons français prirent possession des concessions agricoles de Blad el Guittoune, qui était le premier village colonial créer dans la plaine des Issers, puis insensiblement les autres centres coloniaux furent distribués autour de lui, le centre de population coloniale de Blad el Guittoune a été érigé en commune de plain exercice par décret du 30 novembre 1874, cette commune a ensuite été divisée en cinq sections par décret du 6 aout 1875, la première de ces sections comprend le village de Blad el Guittoune qui avait pris le nom de Félix Faure ( par décret du 10 aout 1899 en tant que section administrative spécialisée ). Qui était Félix Faure : c’est un ancien président de la République française, il est né à Paris le 18 février 1899, c’est un homme d’Etat français, un ancien ministre de la Marine (1894-1895), il est élu la même année comme Président de la République française, il meurt soudainement quatre ans après son élection dans des circonstances passées à la postérité.
La commune de Si-Mustapha tire son nom actuellement du chahid Mohamed Saoudi tombé au champ d’honneur le 25 novembre 1958 à Haouch Bengrine, le chahid Mohamed Saoudi était plus connu par son nom de combattant « Si-Mustapha », il était chef de secteur durant la Révolution algérienne et avait pour compagnons de lutte Mohamed el Aichaoui, journaliste et chahid, Ahcene Maâbout, dit Si Abdelhamid, lieutenant tombé au champ d’honneur le 23 mars 1957 dans la commune d’Ait-Khellili, Amrane Khellil dit Si Ali, médecin de zone tombé au champ d’honneur le 6 novembre 1961 dans la commune d’Ikedjane, dans la commune de Tifra, Omar Aouchiche dit si Nacer tombé au champ d’honneur le 23 mars 1957 dans la commune d’Ait Khellili.
La commune de Si-Mustapha connait une dépression géologique qui est liée à celle de Thenia et est comprise entre le massif des Khechnas au sud et le Djebel Bou Arous au nord. Ce dernier chainon forme le promontoire terminal au nord- ouest de la ceinture montagneuse qui enveloppe en un arc de cercle continu le massif de la Kabylie, la ligne de crêtes présente une série de mornes arrondies ou de donnes d’une altitude de 420 à 444 mètres et se permise à l’Est par l’escarpement rocheux de Sidi-Fredj (452 mètres) près du village de Boukhanfar, dont la retombée à l’Est au dessus des collines de Blad el Guittoune ne manque pas de grandeur. Les collines sont composées d’argiles bleuâtres homogènes sauf sur les bords du rivage de Thenia, où elles sont intercalées de petites couches de sables ou de graviers dans lesquelles se sont mieux conservées les coquilles de mollusques. Ces argiles marneuses renferment une faible répartition de calcaires, leurs épaisseurs peut atteindre 150 mètres. Elles forment les collines de Tidjelabine dont lesquelles les ravinements et surtout les tranchés du chemin de fer occasionnent des glissements et des éboulements à la suite des pluies. Cependant, il faut reconnaitre que la naissance de Félix Faure remonte au IVème siècle après J.C (Sidna Aissa), la création de Blad el Guittoune avec ses hameaux de Ain Legatha et Ain Refaia et celle des Issers s’est faite en l’an 1872. En tout, plus de 12.000 hectares sont distribués à 292 familles parmi lesquelles 198 algériennes et 94 immigrés de France (dont 44 d’Alsace Lorraine), Le premier lustre de la troisième République est donc celui de la colonisation arrêtée après 1875, puis plus rien, sinon le projet de bâtir vers 1890 à l’embouchure de l’Oued Amara, le village de Blandan baptisé, avant que d’être né, le village Blandan n’a jamais été bâti, mais peu à peu les premiers colons sont remplacés par de nouveaux propriétaires parmi eux des Espagnols, des Italiens et autres. Actuellement Si-Mustapha n’est plus ce petit village qu’il était mais une importante agglomération où cohabite les véritables natifs de la ville, ceux que l’on surnomme les «ouleds blads», à l’image des Bouzad (une famille révolutionnaire, les Djoudi, les Dekakene, les Bournissa, les Boudhar, les Boumriche, et autres ainsi que des habitants d’Alger (La Casbah, el Hamma, Bab el Oued) que l’on a ramenés dans le cadre du relogement. C’est un mélange de population venue de partout pour habiter, les constructions de bâtiments ont, en effet, créé une ville dans une ville avec des mentalités différentes, cependant il faut reconnaitre qu’il y a une cohabitation parfaite entre les esprits anciens et les nouveaux. Il y a de la culture de communication entre les habitants, comprendre et écouter l’autre dans toutes les sphères de notre environnement, sinon cela ne servirait à rien, il y a beaucoup de respect, de la bonté et de la bonne volonté au quotidien. Si-Mustapha a toujours été surnommée la ville de « Boudjiha », au même titre que sa voisine les Issers, pour la simple raison que les constructions ont été élaborées que d’un seul côté, pour Si-Mustapha, le côté gauche est vide et les Issers le côté droit, c’est kif-kif.
Que dire de Si- Mustapha que c’est une localité pleine d’histoire durant la Guerre de libération nationale, elle a versé un lourd tribut et a vu le sacrifice de beaucoup de ses enfants tombés aux champs d’honneur. Elle ne mérite pas le sort qu’il lui est réservé, car en infrastructures, elle manque de beaucoup de choses. C’est une localité qui a été oubliée par les responsables locaux, les responsables de wilaya et du gouvernement bien sûr.

Kouider Djouab