Le son de blé facturé à 1.700 DA et vendu à 3.500 DA de quintal

Sidi Bel-Abbès

C’est un véritable filet d’araignée. Une fois dedans, on est à la merci du locataire. Aucune pitié. Les éleveurs sont complètement paralysés au milieu d’une gestion opaque de ce secteur de grande vitalité économique. Préserver son bétail est d’abord comme maintenir une source de vie, un job précieux, de quoi vivre et faire vivre sa famille. Malheureusement, c’est devenu une tâche terrible, ardente, surtout humiliante et méprisante.Les éleveurs savent que nourrir leurs bétails ne présage aucun handicap. Pas le moindre. Les vaches ne vont pas attendre jusqu’à ce que des conflits soient réglés. A cette étape, le filet de l’araignée est bien confectionné. Les éleveurs n’ont qu’à accepter les règles de leurs bourreaux ou vendre leur bétail et aller chômer. Leurs multiples doléances leurs ont servi en quelques sortes de leçons. Ils ont perdu toute confiance. Certains ont même été sujet de sérieuses représailles juste parce qu’ils ont dénoncé ces agissements dont-ils ont été victime, et ont fini par renoncer à leurs activités pour ouvrir d’autres commerces. Les propriétaires de moulins arrivent à chaque fois à échapper à la sentence en usant de toutes les ruses, jusqu’à rassembler des témoins éleveurs pour témoigner du contraire. Les enquêtes clôturées à chaque fois en leurs faveurs ont bien façonné les éleveurs à se soumettre aux diktats des meuniers. Celui qui n’accepte pas, connait auparavant son sort. Il y a toujours des mesures pour le mettre à plat. Affaiblis par l’idée de revenir sans nourriture riche en fibres à ses vaches, ils finissent par se résigner et accepter l’ordre établi, sans souffler aucun mot. Des éleveurs témoins ont affiché lors de leurs confessions une grande frustration, voulant à tout prix préserver l’anonymat « on a peur pour nos vaches. Ils sont notre seule et unique source de vie avec nos enfants. C’est notre job », se confient-ils méprisés. Leurs souffrances font bruits uniquement dans les cafeteria, les places publiques et les souks quand ils se rassemblent pour s’adonner à leurs activités commerciales. De grandes souffrances et un immense silence qui pourrait sérieusement impacté nuisiblement sur l’élevage de vache et la production de lait, déjà aux abois. Les meuniers font la loi et agissent en toute impunité contre le développement de ce secteur d’activité. Les défaillances et les insuffisances dans la gestion de ce secteur sont criardes. La pénurie de lait n’est point un hasard. Les éleveurs sont confronté à un sérieux handicape administratif mafieux, se dressant comme une muraille à toute manœuvre de développement du secteur. Ils établissent des factures avec un prix de 1.700,00 DA et vendent le produit à 3.500,00 DA, sachant que cet aliment est subventionné par l’Etat afin d’encourager les éleveurs à s’impliquer davantage dans leur activité pour contribuer au développement de l’économie du pays. Certains ont juré avoir payé jusqu’à 4.500,00 DA le quintal. Véritable massacre. Pour rappel, les grains de blés sont achetés à 2.280,00 DA le quintal par les meuniers, étant aussi un produit relevant du régime des prix et des marges réglementés, par application du décret exécutif n°20-242 du 31 août 2020, modifiant et complétant le décret exécutif n°07-402 du 25 décembre 2007, fixant les prix à la production et aux différents stades de la distribution des semoules de blé dur ( Jo N°52 du 2 septembre 2020). Alors, ils vendent, non seulement, le son de blé à des prix exorbitant, mais aussi, bénéficiant de la vente de la farine aux boulangers. Les éleveurs n’ont peuvent plus. La fatigue les a submergés. Ils lancent un ultime appel. Un véritable cri de détresse pour juste sauver ce qu’il en reste.
Djillali Toumi