La Sonatrach joue la carte de la prudence !

Face au cri de détresse énergétique de l’Europe

La guerre russo-
ukrainienne fait peser depuis plusieurs semaines une menace sur l’approvisionnement en gaz russe des pays européens entrés dans une course contre la montre pour trouver une alternative à cette ressource. La semaine dernière, la Commission européenne a décidé de s’affranchir partiellement de sa dépendance à la Russie, en réduisant ses importations de la moitié en espérant importer près de 50 milliards de m3 de gaz naturel liquéfié (GNL) d’ici la fin de l’année 2022, soit avant la fin de ses réserves. Des réserves à reconstituer en urgence pour l’année à venir, mais leur stratégie relève de «l’utopie».
Elle espère convaincre rapidement ses alliés, pays producteurs de gaz, d’augmenter leur volume de production pour répondre à ses besoins. Elle se tourne ainsi vers l’Algérie et le Nigeria, principaux producteurs du gaz en Afrique, et qui oeuvrent depuis quelques mois à la mise en œuvre d’un accord de construction d’un gazoduc transsaharien de plus de 4.000 km pour transporter du gaz nigérian en transitant par l’Algérie et deux autres pays pour atteindre le marché européen. La réalisation de ce projet prendra plusieurs années, tout comme la mise en œuvre de la nouvelle stratégie européenne pour les énergies renouvelables ou la production de ce qu’ils appellent le «biogaz . Ce n’est pas ce que cherchent ces pays confrontés à la crise énergétique la plus sévère depuis 1973. Ils sont dans l’urgence et espèrent une réponse favorable et rapide de leurs alliés du Golfe et de l’Afrique. Certaines compagnies pétrolières surenchérissent, tandis que d’autres préfèrent rester prudentes et attentives à l’évolution de la situation. C’est le cas de la compagnie nationale des hydrocarbures, la Sonatrach, qui approvisionne depuis des années plusieurs pays européens en gaz (Italie, Grèce, Portugal et Espagne). Elle préfère se concentrer sur ses projets pour atteindre ses objectifs fixés préalablement dans son plan d’investissement à court et à long terme. La compagnie veut d’abord honorer ses engagements envers ses clients et atteindre la sécurité énergétique locale avant de se lancer dans de nouveaux marchés.
Dans une déclaration à la presse, il y a quelques semaines, le P-dg de la Sonatrach, Toufik Hakkar a réitéré, dans ce sens, la disposition de l’Algérie à assumer ses engagements pris envers ses partenaires européens, n’évoquant, toutefois aucune livraison supplémentaire ou de nouveaux contrats avec d’autres pays européens. L’objectif de la Sonatrach, selon son P-dg est de «garantir la sécurité énergétique locale et développer les capacités de production du groupe pour être en mesure de relever les défis actuels, imposés par une conjoncture internationale très sensible et surtout incertaine qui menace la sécurité énergétique et alimentaire du monde. La Sonatrach reste prudente et mise entièrement sur ses projets de moyens et de long terme avec ses partenaires étrangers comme inscrit dans son Plan de développement s’étalant entre 2022 et 2016 qui s’élève à environ 40 milliards de dollars, dont 8 milliards de dollars prévus pour la relance de ses investissements au cours de cette années en cours.
Une année pleine de défi et d’incertitude quant au marché pétrolier et gazier, très volatil, mais aussi porteur et prometteur pour les pays producteurs.
L’Algérie est un membre très important du Forum des pays producteurs du gaz (Gecf) et de l’Organisation des pays exportateurs du pétrole (Opep) qui a scellé une alliance avec la Russie et neuf autres producteurs de l’or noir non-Opep. Une Alliance qui pèse aujourd’hui sur la scène internationale et fortement sollicitée par les pays européens et les Etats-Unis pour augmenter leur volume de production pour répondre au besoin du marché.
Le groupe Opep+ campe sur sa position, malgré les appels successifs des pays européens et des Etats-Unis à augmenter leur production pour faire face à la crise énergétique qui menace leur stabilité économique. Unanimement, tous les membres de ces deux organisations préfèrent «la prudence».
Une position qui a permis au groupe informel de stabiliser les cours du pétrole, malgré les déséquilibres structurels, et de revenir progressivement à leur volume de production d’avant la crise.
L’Algérie produira dès le mois prochain 1 million b/j, ce qui lui permettra d’élargir ses activités.
Investir davantage dans l’industrie pétrolière (forage et raffinage). Encourager en perspective le développement de sa production du GNL, l’énergie de l’avenir et un allié de l’environnement, fortement demandé sur le marché mondial, notamment européen.
Pour se positionner sur ce marché porteur, le pays devra investir davantage dans la logistique et les moyens de transports, gazoducs et méthaniers.
Le pays ne dispose que de huit méthaniers qui transportent le gaz vers l’Espagne en plus de l’utilisation du Gazoduc Medgaz qui prend en charge la totalité des exportations du gaz après la fermeture du Gazoduc Maghreb Europe en novembre dernier. Les moyens de transport de l’Algérie demeurent insuffisants, même si elle souhaite exporter vers d’autres pays européens qui risquent de manquer bientôt de gaz. Cette situation profitera au marché pétrolier et gazier qui connaît depuis quelques semaines, une hausse record, avant de retomber sous la crainte d’un retour du Covid-19 en Chine et les pourparlers russo-ukrainien. Mais aussi d’un éventuel accord commun sur le nucléaire entre l’Iran et les Etats-Unis.
Samira Takharboucht

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