Boukhanefis : Des trottoirs, des ruelles et des espaces publics défigurés au nom de la loi 15/08

Sidi Bel-Abbès

Étrangement, la loi 15/08 a été détournée de sa vocation réelle. Elle ne devient plus nécessaire à l’achèvement et la mise en conformité des constructions. Cette loi a été promulguée en juillet 2008, afin de tenter d’apporter une amélioration à la qualité urbanistique, architecturale et technique du cadre bâti, qui a tant souffert de certaines insuffisances, mettant en péril le paysage urbain. Cependant, il s’avère impératif de rappeler que cette même loi a exclu dans son article 16 certaines constructions (souvent illicites) de la régularisation, par souci de protéger la vies des citoyens et leurs biens des dangers auxquels ils sont confrontés en raison de ces constructions et extensions opérées sur des espaces publics (trottoirs et ruelles), censés offrir de la sécurité, de la tranquillité et permettre une fluidité dans le transport des gens et des voitures. Plusieurs quartiers à la commune de Boukhanefis, notamment à Chabrière, à Ouled Ben Dida à la Maison-Blanche, sans oublier le chef-lieu de la commune, ont été totalement défigurés par l’usage incommode de cette loi. Des trottoirs consommés, des ruelles complètement disparues et des constructions et extensions qui ont fait des rues de simples passages exigus permettant à une seule voiture de passer ou de stationner. L’image est plus que désolante, elle frôle la répugnance. Comment peut-on permettre toutes ces violations et pourquoi ? Impossible de penser que juste pour rendre service ou faire plaisir, car il n’y a ni service ni plaisir dans la violation des lois, mais bien un crime. Les camions, à l’image de celle des pompiers, pour divers incidents ou incendies, ne peuvent plus passer et accéder au milieu des quartiers. L’utilisation anarchique de la loi 15/08 a sérieusement pénalisé le paysage urbain et mis en danger le citoyen et ses biens. Si jamais un simple feu se déclenche dans certains quartiers, la catastrophe serait inévitable. Pour des prévisions à venir de création d’espaces verts, de rues ou de passerelles, de trottoirs ou autres commodités urbanistiques, cela relève de l’impossible. Les logements sont collés les uns aux autres. Certaines rues ne pourront même pas disposer de trottoirs, de quoi sécuriser les piétons et les enfants des écoles. Une situation des plus déplorables, que l’impunité a hélas forgés à travers les temps et les échéances électorales sur le comportement des responsables concernés. Les lectures sont légions mais une seule et unique question se dresse devant cet état de fait : A quel « prix » peut-on accepter tout ce gâchis ? De rendre légal l’informel. Car c’est l’unique probabilité qui nourrie les multiples rumeurs, jusqu’à lors non confirmées, mais qui restent la seule réponse logique. Plusieurs enquêtes ont été déclenchées auparavant à la suite de requêtes de citoyens, mais, curieusement, toutes tombées mystérieusement dans les oubliettes. Le faux a vraiment la peau dur. Les faussaires arrivent toujours à sortir indemnes malgré tout. Il n’est point difficile d’observer aisément ces dépassements dans tous les quartiers de la commune de Boukhanefis. D’ailleurs, ces pratiques sont loin d’être l’apanage de ce seul patelin. La ville de Sidi Bel Abbès regorge de ces exemples, si Boukhanefis en fait l’exception. L’usage contraire de la loi, pour des raisons qui restent suspectes, ont laissé depuis tout un temps, des stigmates néfastes, visibles sur le terrain, à travers le paysage urbain négativement impacté par la multiplication de ces agressions impunies sur le tissu urbain et sur des propriétés publiques. Cette loi, au-delà de ses bienfaits, dans le cadre du respect de son application, elle devient un souci réel. L’environnement, la santé, la sécurité, les projets de planification urbaine avenir sont devenus sérieusement pénalisés par cette application détournée de la loi 15/08. Si ces agissements font plaisir aux bénéficiaires, ils sont un véritable handicape à toute vision, à toute manœuvre, de développement. Les trottoirs, les rues, les aires de jeux et les espaces verts sont des droits publics, nécessaires, autant pour la santé que la sécurité. Plusieurs lettres ont été adressées à qui de droit par des citoyens pour dénoncer ces agissements criminels, mais comme si, une barrière de protection est mystérieusement dressée devant pour encourager cette folie urbanistique.
Djillali Toumi