19 mars 1962, le Jour de la Victoire

Il y a 60 ans, la fin de la Guerre d’indépendance

Le 19 mars est commémoré par les Algériens comme le «Jour de la Victoire», une victoire qu’ils ont remportée par leur lutte armée commencée le 1er Novembre 1954 contre le colonialisme français. La signature, le 18 mars 1962, des Accords d’Evian sur le cessez-le-feu, a été, en fait, l’expression de la reconnaissance de l’indépendance de l’Algérie arrachée par les Algériens à la France coloniale. Moins de quinze mois avant, les grandioses manifestations populaires de décembre 1960 avaient donné un prodigieux coup d’accélérateur à l’histoire. A partir de là, l’affaire était entendue et plus personne, dans le pouvoir français, ne doutait de l’issue de la guerre que la France a imposée à l’Algérie. Le Président français à l’époque, Charles de Gaulle, l’avait encore mieux compris. L’annonce, simultanément, par le général de Gaulle et par le Président du GPRA, Ben Khedda, le 18 mars 1962 à 20 heures, d’un cessez-le-feu entrant en vigueur à partir du lendemain 19 mars à midi, avait totalement éclipsé les accords d’Evian. De leur contenu, pourtant laborieusement élaboré durant plusieurs mois de négociations, le plus souvent secrètes, les Algériens ne saisissaient que la reconnaissance, certes implicite encore, de l’indépendance de leur pays qui sera confirmée par le référendum du 1er juillet.
De nombreux historiens ont écrit sur cette phase de la Guerre d’Algérie. Ils s’accordent à considérer que les négociations qui ont abouti aux Accords d’Evian, ont passé leur cap le plus difficile au cours d’un round précédent, dans un chalet appelé «Le Yéti aux Rousses», village français des montagnes du Jura, près de la frontière suisse, où s’est ouverte le 11 février 1962, la «Conférence des Rousses». Ces négociations se sont déroulées sur fond d’assassinats et de massacres commis par les ultra-colonialistes de l’OAS. Aux Rousses, la délégation française voulait s’assurer du sort des Européens d’Algérie et surtout maintenir le Sahara sous dépendance coloniale. Cette exigence était inacceptable pour les Algériens : le Sahara est partie intégrante de l’Algérie. Un nouveau rendez-vous est convenu pour début mars dans un contexte toujours marqué par le déchaînement criminel de l’OAS qui commet une centaine d’attentats le 5 mars, soit deux jours avant la reprise des négociations à Evian. C’est l’OAS qui réglera définitivement la question des Européens d’Algérie en détruisant la solution pluricommunautaire, par sa stratégie suicidaire de la terre brûlée, sa chasse à l’Arabe, ses ratonnades, ses massacres qui ont poussé les «Pieds noirs»à fuir par le premier bateau appliquant la terrifiante formule «la valise ou le cercueil». Le 18 mars, un document de 93 pages est signé par les deux délégations.
A 20 heures, le général De Gaulle d’une part et le président Ben Khedda de l’autre, annoncent que le cessez-le-feu interviendra le lendemain 19 mars à midi. Les négociations de paix entre le GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne) et le gouvernement français, ont eu plusieurs étapes : Melun (France), du 25 au 29 juin 1960 ; Lucerne (Suisse), le 2 février 1961 ; Evian, entre le 20 mai et 13 juin 1961 ; Lugrin (près de la frontière suisse) du 20 au 28 juillet 1961 ; rencontres exploratoires les 28 et 29 octobre et 9, 23 et 30 décembre 1961 ; Les Rousses (France), les 11 et 19 février 1962 ; Evian (France), du 7 au 18 mars 1962. Le référendum d’autodétermination est organisé le 1er juillet 1962 et le « OUI»des Algériens l’emporte à la majorité écrasante pour consacrer l’indépendance de l’Algérie. A l’époque, en juillet 1962, les observateurs ont noté que l’Etat algérien s’est trouvé confronté à d’immenses défis, dans tous les domaines. L’état des lieux était catastrophique : un peuple meurtri par huit années de guerre et de souffrances indicibles, des centaines de milliers de morts et de blessés, deux millions et demi de déplacés arrachés à leur terre, des mines posées par l’armée française dans les zones frontalières avec la Tunisie et le Maroc, les lignes «Challe»et «Morice», sur quelque 5.700 hectares ; au plan économique, un désert industriel et une agriculture au profit des colons ; un système d’enseignement «républicain»au service des colonialistes… Pour les Algériens, comme l’a écrit Henri Alleg, il fallait tout remettre en route, «panser les plaies, construire l’Etat, élaborer un plan pour liquider toutes les séquelles du colonialisme, jeter les fondations de l’Algérie nouvelle».
Lakhdar A.

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