Henni rassure à nouveau, il y a «assez de réserves de blé»

Ruée sur la farine, la semoule et l’huile

Le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Mohamed Abdelhafid Henni a assuré encore une nouvelle fois, jeudi dernier, que «l’Algérie dispose d’un stock de céréales qui devrait suffire d’ici à août 2022». De quoi rassurer le consommateur qui observe depuis quelques semaines un retour des hausses de prix des produits alimentaires. Les supermarchés sont pris d’assaut ces deux dernières semaines par les ménages algériens qui achètent plus pour stocker afin d’éviter toutes pénuries de denrées alimentaires durant le mois de Ramadhan.
Pour éviter la grande panique, le ministre de tutelle multiplie depuis trois semaines, les sorties médiatiques pour rassurer les citoyens, affirmant que le pays a des réserves suffisantes pour encore deux à trois mois, et que le prix des produits de base subventionnés par l’Etat (semoule, l’huile, pâte, sucre et farine), désormais interdits à l’exportation par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, restent inchangés. Les prix sont fixés par voie réglementaire et ne peuvent être manipulés par les commerçants.
Le Gouvernement a déjà mis en garde contre l’augmentation des prix des produits subventionnés, sous peine de sanctions, réaffirmant son attachement au caractère social de l’Etat qui veut préserver sa population d’une éventuelle crise alimentaire. Un risque que tous les pays du monde encourent depuis le début de l’offensive russe en Ukraine qui a entraîné des perturbations importantes au niveau des chaînes d’approvisionnements des Etats en matières premières, provoquant pénuries et hausse des prix, inédites. L’Algérie dit avoir les stocks nécessaires pour résister aux effets de la guerre en Ukraine, pour pouvoir approvisionner les rayons dégarnis dans les supermarchés. L’opération de stockages et d’approvisionnement du marché relève, selon
M. Henni, des officines sous tutelle de son département qui jouent un «rôle efficace dans la supervision des filières agricoles stratégiques à travers l’accompagnement technique et logistiques des professionnels dans l’objectif d’assurer la production et protéger aussi bien le producteur que le consommateur».
Il a souligné, dans ce sillage, le rôle de l’Office algérien interprofessionnel des céréales (Oaic) dans l’approvisionnement et la régulation des prix sur le marché à travers l’alimentation de ce dernier en «légumineuses à un prix de référence (lentilles à 100 DA et pois chiche à 120 DA), suite à l’augmentation des prix de ces produits sur les marchés national et international», a-t-il expliqué, évoquant aussi l’importance de l’Office national interprofessionnel des légumes et viandes (Onilev) dans l’organisation des opérations de vente de la pomme de terre qui connaît une hausse vertigineuse des prix. Atteignant les 160 dinars le kilo dans certaines régions du pays.
Pour mettre fin à cette hausse inquiétante, Onilev procède, en application de la décision du ministère de tutelle, «au déstockage de 15.000 tonnes à mettre en vente au niveau des 38 points de vente relevant des offices à un prix de 60 DA/kg, en attendant le début de la production saisonnière fin mars courant», a précisé
M. Henni, soulignant le rôle important de l’«Onilev dans l’accompagnement des agriculteurs, en leur fournissant les matières premières et les intrants, ce qui se traduit positivement sur les prix, le pouvoir d’achat et l’approvisionnement des éleveurs en orge pour préserver la richesse animale».
Dans son intervention devant les députés, le ministre a mis l’accent sur l’impératif de développer le secteur agricole local à travers l’implication de tous les acteurs du secteur pour mettre en œuvre la nouvelle stratégie du ministère. Accompagner les agriculteurs sur le plan financier et technique et remédier rapidement au problème de l’irrigation, de stockages et de réseau de distribution. Une fois ces conditions réunies, le secteur agricole national pourrait produire plus, couvrir les besoins du marché et faire face au renchérissement des cours des matières premières sur le marché international. Prévenir les effets des crises, comme celle que traverse le monde actuellement et qui donne de la fièvre aux prix des céréales et des oléagineuses. Mais aussi aux engrais indispensables pour fertiliser les terres et augmenter les rendements agricoles. C’est l’objectif de l’Algérie qui veut s’affranchir de sa dépendance à l’étranger et préserver la sécurité alimentaire de sa population. La question sur comment faire en ce temps de crise est sur toutes les lèvres.
Samira Takharboucht