Un moyen d’épanouissement

L’art au féminin à Tizi Ouzou

Les femmes, en Kabylie s’investissent de plus en plus dans les arts tels que la danse classique et moderne, le théâtre, le cinéma, le chant, la musique, les arts plastiques, pour s’épanouir, appuyées et encouragées par les parents.Elles s’adonnent à leur passion ou vocation, occupant une place de choix sur les planches des salles de spectacles et autres espaces culturels, contrairement au passé ou certains artistes devaient recourir à des noms d’emprunt pour le faire, ont témoigné des artistes.
L’art était restreint à certains cercles et circonstances, comme les fêtes, la «Touiza» (opérations de volontariat) ou les femmes interprétaient des chants populaires entre elles et ne s’exposaient pas sur une scène tel que corroboré par les artistes Anissa et Kamel Hamadi dans des déclarations à l’APS.
Aujourd’hui, à Tizi-Ouzou, ce sont les familles qui encouragent et pressent leurs enfants, filles ou garçons, d’apprendre un art, jugé comme un moyen d’épanouissement pour leur progéniture.
Et pour preuve, les ateliers ouverts par la direction locale de la culture et des arts, à travers les différents établissements culturels de la wilaya, attirent un nombre de plus en plus important de femmes de tout âge, a-t-on appris auprès de la première responsable du secteur, Nabila Goumeziane.
Elle-même artiste ayant foulé, dès sa tendre enfance, les planches des salles de cours de danse classique de la maison de la culture Mouloud Mammeri et jouant aussi du violon, Mme Goumeziane, a indiqué à l’APS que les plus de 70 ateliers de formation artistique ouverts à travers les établissements culturels de la wilaya attirent plus de filles que de garçons.

«Urar Lkhalath» s’expose
au grand jour
L’un des arts qui permet l’épanouissement des femmes est, selon le témoignage de plusieurs d’entre elles, le fameux chant populaire féminin «Urar Lkhalath».
Cette année, un atelier «Urar Lkhalath» a été créé par la direction de la culture, suscitant un important engouement des femmes, notamment à travers les villages. Plus d’une trentaine de femmes s’y sont déjà inscrites, a indiqué Mme Goumeziane.
Un concours «Urar Lkhalath» en ligne, a été parallèlement lancé, et plus d’une vingtaine de troupes ont partagé sur la page officielle de la direction de la culture, sur les réseaux sociaux, leurs belles performances, a-t-on appris de la même responsable.
Un fait qui témoigne de l’épanouissement de la femme grâce à l’art. «Nous avons eu l’occasion de voir à travers ce concours, sur les vidéos partagées, une expression du visage exceptionnelle, le bonheur qui se dégage de ces femmes, qui se sont données la peine d’enregistrer une vidéo se parant de leurs plus belles robes et bijoux traditionnels, chantant au milieu d’un beau décor rappelant le patrimoine local», a souligné la directrice de la culture.
Ce chant qui permet un épanouissement pas uniquement de la femme, mais de son entourage et du village, véhicule un vécu et un ressenti, selon Mme. Goumeziane
La femme s’est d’ailleurs de tout temps exprimée à travers l’art, de manière implicite, quand le poids des traditions ne lui permettait pas de se mettre sous les feux de la rampe, à travers, notamment, les motifs, dont la signification est longtemps demeurée cachée aux hommes, qu’elle dessinait sur les murs des maisons traditionnelles et la poterie, ou qu’elle tissait sur les tapis, rappelle-t-elle.
R.C.