Quand acheter une voiture devient un «luxe» !

Le dossier relatif à l’importation de véhicules neufs traîne depuis plus de deux ans

Deux ans plus tard, les concessionnaires et le consommateur algériens attendent toujours le déblocage du marché de l’automobile. Mais, la publication du cahier des charges relatif à l’importation des véhicules neufs est désespérément à la traîne et l’attente risque de durer un peu plus longtemps à cause de la nouvelle guerre en Ukraine qui a cassé la relance du secteur mondial de l’automobile.Un coup dur pour les constructeurs automobiles européens (allemands, français, danois et italiens), déjà éprouvés ces trois dernières années par une crise des semi-conducteurs. Entre la pénurie de composants et les phénomènes d’inflation spectaculaires qui touchent la vente des véhicules neufs en Europe, les ventes sont au plus bas depuis le début de l’année en cours. Même tendance haussière est constatée sur le marché de véhicules d’occasion. De quoi dissuader le consommateur algérien qui n’arrive plus à se payer un véhicule d’occasion sur le marché local en raison de la poussée fiévreuse des prix.
Cette nouvelle crise vient aggraver la situation financière déjà insoutenable des concessionnaires automobiles qui se plaignent du retard de la publication du cahier des charges et de la délivrance des autorisations d’importation de véhicules neufs. Ils ont interpellé vainement les pouvoirs publics qui souhaitent prendre tout leur temps dans l’élaboration et l’examen du nouveau texte réglementaire afin d’éviter de retomber dans les erreurs du passé afin de reconstruire le secteur automobile sur de nouvelles bases solides et dans un cadre plus transparent. Le ministre de l’Industrie, Ahmed Zeghdar a estimé, lors de son intervention devant les députés avant-hier, à l’Assemblée Populaire Nationale (APN), que la raison du retard dans l’importation de véhicules neufs est « due aux réserves émises par le comité technique concernant les dossiers de demandes d’agrément déposés par les concessionnaires ». La Commission ad hoc chargée d’examiner les dossiers de demande d’agrément est très « vigilante » aux éventuelles « incohérences » que peuvent contenir ces dossiers, ce qui nécessite, selon le ministre, plus de temps pour le contrôle de leur éligibilité.
Le ministre n’a pas donné de date concernant la publication du nouveau cahier des charges ni évoqué l’éventuelle relance dans l’immédiat de l’importation des véhicules neufs.
Les ménages algériens, du moins la majorité, n’ont pas la capacité financière d’acheter un véhicule neuf, notamment, en provenance du marché européen paralysé par la guerre en Ukraine.
Touchée par une sévère crise logistique, les analystes estiment que l’impact initial de la guerre sur certains constructeurs automobiles pourrait faire baisser la production de véhicules de 1,5 million d’unités au cours de 2022, ce qui se répercuterait encore sur les prix de vente des voitures neuves et la disponibilité des pièces détachées.
Le manque de pièces détachées est souvent pointé par les automobilistes qui galèrent pour réparer leurs véhicules, notamment, ceux de seconde main. L’Etat devra désormais adopter sa nouvelle stratégie de relance de l’industrie de l’automobile qui traîne en longueur, aux contraintes actuelles du marché international et même national.
Le choix du partenaire est aussi très important pour redémarrer cette activité dans un cadre plus réglementé et transparent.
Toutes les questions techniques, logistiques et réglementaires devraient être réglées avant la relance effective de cette industrie.
Selon les déclarations du ministre de l’Industrie repris par les médias locaux, « le comité technique a tenu 51 réunions, et 54 dossiers ont été étudiés sur 72 déposés par les opérateurs économiques ». Les autorités veulent s’assurer du degré d’engagement et de la capacité des concessionnaires à investir dans le développement de l’industrie automobile locale et de leur disposition à sous-traiter avec des entreprises locales dans la production des pièces détachées.
Les concessionnaires, les constructeurs automobiles locaux et même les autorités sont face à de nouveaux choix. La conjoncture internationale a mis à mal l’industrie automobile européenne, le Groupe BMW, Toyota, Volkswagen, Mercedes, Volvo, Jaguar ou Ford sont en difficultés et ont annoncé, selon Automobile Magazine la suspension de la fabrication et livraison jusqu’à nouvel ordre.
Ce qui profiterait aux véhicules chinois.
Ce changement pourrait-il influencer le choix des partenaires des autorités ainsi que celui des concessionnaires algériens ? Les Algériens ont toujours préféré les véhicules européens, français en particulier. Le changement risque d’être brutal pour le secteur.
Samira Takharboucht