Les pays d’Amérique latine et des Caraïbes révoltés par le revirement de l’Espagne

Sahara occidental

Plusieurs personnalités d’Amérique latine et des Caraïbes ont exprimé, avant-hier, dans une déclaration commune, leur solidarité avec le Front Polisario et le gouvernement sahraoui suite au revirement de l’Espagne sur la question du Sahara occidental, soulignant que cette position «déplorable» violait le droit international. Cette déclaration, qui est une réaction d’ensemble de pays latino-américains et caribéens à la «trahison» du gouvernement de Pedro Sanchez, regroupe notamment quelque 260 signataires, parmi lesquelles le prix Nobel de la paix, l’Argentin Adolfo Perez Esquivel, des dirigeants politiques, des députés, des congressistes, des défenseurs des droits de l’Homme, des académiciens et des personnalités issues du monde culturel et social. «Les peuples, les organisations sociales et le mouvement populaire d’Amérique latine et des Caraïbes veulent exprimer leur plus grande et plus large solidarité avec le Front Polisario et la République arabe sahraouie démocratique (RASD) face à la honteuse trahison du gouvernement espagnol et de son Premier ministre Pedro Sanchez contre la cause légitime du peuple sahraoui pour l’autodétermination et la pleine souveraineté sur son territoire», a-t-on indiqué. Selon les auteurs de cette déclaration, «le gouvernement espagnol et le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), en soutenant la prétendue «autonomie» au Sahara Occidental, appuient en pratique l’annexion coloniale illégale du Maroc, validant ainsi l’occupation militaire actuelle du territoire qui appartient historiquement au peuple sahraoui». «Cette décision est la manifestation d’une position déplorable qui viole le droit international et le principe d’autodétermination, et cautionne également les violations systématiques des droits de l’Homme dans les territoires occupés, perpétrées par les forces militaires et les agents de l’Etat marocain», a-t-on ajouté. Les signataires assurent que «dans le conflit armé actuel entre l’armée d’occupation marocaine et l’armée populaire sahraouie, déclenché suite à la rupture du cessez-le-feu par le Maroc en novembre 2020, la nouvelle position du gouvernement de Pedro Sanchez traduit en pratique un soutien à la monarchie alaouite dans sa guerre contre la RASD, ce qui fait de l’Espagne le complice du Maroc dans la violation de l’intégrité territoriale du Sahara Occidental». Ils ont pointé, en outre, le «discours hypocrite» et «la politique de deux poids deux mesures» de la diplomatie espagnole. «D’une part, l’Espagne, en tant que membre de l’Union européenne et de l’OTAN, condamne l’opération militaire de la Russie en Ukraine, qu’elle qualifie d’agression qui viole l’intégrité territoriale de ce pays et, d’autre part, elle soutient l’annexion et l’occupation illégale du Sahara Occidental en appuyant la proposition «d’autonomie» du Maroc sur le territoire appartenant au peuple sahraoui», ont-ils dénoncé. Soulignant que la nouvelle position du gouvernement espagnol n’est pas basée sur une décision juridiquement fondée, le groupe de solidarité relève que ce revirement «viole le droit international et la légalité qui ne reconnaissent aucune souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental». Ceci constitue, ajoute la même source, «une sérieuse et grave régression par rapport à sa position antérieure de soutien au processus de décolonisation et d’autodétermination, et acte le renoncement explicite de l’Espagne à sa responsabilité en tant qu’ancienne puissance coloniale dans le processus de décolonisation en cours du Sahara Occidental». Un processus établi «dans la résolution historique 1514 de l’Assemblée générale des Nations unies, qui consacre le droit à l’autodétermination des pays et des peuples soumis au colonialisme, ainsi que dans de nombreuses résolutions ultérieures des Nations unies et de l’Union africaine». Dans leur déclaration regroupant également des personnalités espagnoles et italiennes, le groupe de solidarité souligne que la lettre du chef du gouvernement espagnol «adressée au monarque marocain constitue une nouvelle capitulation face au chantage de cette monarchie». Cette lettre, ajoutent les signataires, «est l’équivalent de la position inacceptable de l’ancien Président américain, Donald Trump qui (…) a reconnu unilatéralement, arbitrairement et sans aucun fondement, l’aspiration du Maroc à la souveraineté sur le territoire du Sahara Occidental comme condition et monnaie d’échange, en contrepartie de la normalisation des relations» entre l’entité sioniste et Rabat.