La Chaire de l’IMA rend hommage à Najet Belkaïd-Khadda

TNA

Un hommage appuyé a été rendu, samedi à Alger, à la professeure et chercheuse Naget Belkaïd-Khadda, figure incontournable de la critique et de la recherche académique, par la Chaire de l’Institut du monde arabe (IMA), en collaboration avec le Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi (TNA).Organisé au TNA, l’hommage s’est déroulé en présence du directeur général de l’IMA, Mojeb Al Zahrani, du président de la Chaire de l’IMA, Tayeb Ould Aroussi et du directeur du TNA, Mohamed Yahiaoui qui, après plusieurs témoignages d’universitaires évoquant la militante, l’enseignante, la chercheuse, la critique et la mère de famille, ont remis la médaille honorifique de l’IMA à Naget Belkaïd-Khadda, pour «l’ensemble de son parcours consacré au militantisme, à l’éducation et à la culture».
Faisant partie du «premier noyau œuvrant à l’algérianisation de l’école», Naget Belkaïd-Khadda a été de tous les combats, vouant sa vie entière «à l’engagement» en construisant «des ponts avec des murmures», de l’avis de plusieurs universitaires qui ont vu en cette «grande dame», l’«exemplarité intellectuelle». Prônant «l’émancipation par l’instruction», Mme Khedda dira, «Mon père m’a communiqué l’amour de la science et du combat».
Professeure de langue et de littérature françaises aujourd’hui retraitée, Naget Belkaïd Khadda a enseigné les littératures françaises et franco-maghrébines dans les universités d’Alger, de Paris et de Montpellier.
Spécialiste en critique littéraire, elle a plus particulièrement étudié l’œuvre de Mohammed Dib et, plus généralement, celles des grands écrivains algériens d’expression française, à l’instar de, Kateb Yacine, Mouloud Mammeri, Mouloud Feraoun, Assia Djebar, Rachid Boudjedra, Nabil Farès et Habib Tengour.
Elle s’est particulièrement consacrée à l’étude des enjeux socioculturels complexes véhiculés par la littérature algérienne de plume francophone et à la littérature arabe de langue française pour laquelle elle a consacré des travaux novateurs qui lui ont valu d’être distinguée.
Son intérêt s’est aussi porté sur les arts plastiques, accompagnant la réflexion et le processus créatif de son mari, Mohammed Khadda (1930-1991), une des grandes figures de la peinture moderne en Algérie, à qui elle a impulsé en 1996 à l’IMA, la tenue d’une grande exposition.
Elargissant sa réflexion à l’ensemble du champ culturel, elle s’est attachée à mettre en lumière le travail qui a donné naissance à des formes nouvelles dans tous les arts : peinture, théâtre, musique, formes hybrides ouvertes sur la modernité tout en étant «arrimées au socle historique et socioculturel maghrébin».
Naget Belkaïd-Khadda a publié plusieurs études, dirigé des ouvrages collectifs et produit de très nombreux articles dans des revues spécialisées.Depuis sa retraite, elle met en œuvre son expérience dans le champ culturel algérien en organisant des colloques, en donnant des conférences ou en présidant des jurys littéraires comme celui des prix Mohammed Dib ou Assia Djebar.
Elle gère parallèlement l’œuvre de son regretté époux en organisant de nombreuses expositions tant en Algérie qu’à l’étranger et travaille, avec le ministère de la Culture, à la création d’un musée Khadda.
Fondée en 1991 par un groupe d’éminents penseurs, la Chaire de l’IMA a contribué, jusqu’à la cessation de ses activités en 1994, à enrichir la scène culturelle et intellectuelle. Redevenue active en mai 2017, la Chaire a rendu hommage à nombre de chercheurs et penseurs arabes et français, dans son siège, ainsi qu’à l’extérieur, dans des universités et institutions scientifiques arabes entrées en partenariat avec l’IMA.
Durant toute l’année 2019, la Chaire a rendu hommage à des femmes arabes parmi lesquelles, des chercheuses, des professeures et militantes culturelles, en attribuant à chaque activité le nom d’une militante, écrivaine et chercheuse arabe connue pour son apport intellectuel et socio-culturel au renforcement du dialogue entre les deux rives de la Méditerranée.
R.C.