Les Algériens vont devoir se serrer la ceinture à nouveau !

Un troisième Ramadhan sous le signe de la crise

Pour la troisième année consécutive, le mois de Ramadhan aura lieu dans un contexte très particulier lié notamment aux conséquences négatives indirectes de la guerre en Ukraine sur l’économie nationale. Les opérations d’approvisionnement du marché national en matières premières sont aussi perturbées par cette crise. Le risque de pénurie et l’inflation galopante depuis plusieurs mois déjà grignotent chaque jour un peu plus du pouvoir d’achat des Algériens, déjà laminé par la pandémie du Covid-19. Les ménages, les plus nécessiteux, se préparent à passer un nouveau Ramadhan très difficile.
La flambée des prix des produits de base préoccupe de plus en plus les Algériens, et avec l’arrivée du mois de Ramadhan, les prix de ces produits, comme les fruits et légumes, les viandes (blanche et rouges), les œufs, l’huile et la farine vont encore fuser à cause de la forte demande et la flambée des cours des matières premières sur le marché international causée par la guerre en Ukraine qui s’inscrit dans la durée. Cette tendance haussière se prolonge et met à mal les ménages, obligés depuis deux ans par la crise sanitaire de changer d’habitudes alimentaires ainsi que leur comportement d’achat. Limiter leurs courses à l’essentiel (farine, semoule, sucre, huile et les légumineuses). Des provisions de secours ou des produits à stocker parce qu’il y a déjà pénurie. Ce qui n’est pas de l’avis de nombreux commerçants qui renvoient les causes de la pénurie de certains produits alimentaires au comportement «impulsif» des consommateurs.
Un comportement qui a entraîné l’absence particulièrement de l’huile de table et de la semoule dans les magasins. «Les gens craignent une pénurie totale des produits alimentaires», nous explique A. Mourad, vendeur dans un supermarché, à Alger, affirmant que chaque jour les gens viennent remplir leur panier de courses avec pratiquement les mêmes produits (l’huile, la semoule et le sucre). «Chacun remplit son couffin différemment, selon sa capacité financière. Mais le ressenti est le même à la caisse : l’envolée vertigineuse des prix des denrées alimentaires», a-t-il souligné.
Les Algériens paniquent. Les consommateurs se ruent depuis plusieurs semaines sur la farine, l’huile ou le sucre. Des produits largement utilisés durant le mois de Ramadhan. Un mois qui s’annonce très difficile pour les ménages à faibles revenus qui arrivent difficilement à boucler leur mois. Pour éviter la pénurie des produits sus-cités, les ménages ont commencé à faire des stocks de l’huile de table et de farine depuis une dizaine de jours. Cette année, les raisons de cette folie d’achat des produits à stocker sont différentes : l’impact de la crise géopolitique en Europe, les alertes et mises en garde des experts et organisations internationales quant à un choc imminent d’une crise alimentaire mondiale poussent les gens à acheter plus.
Les ménages algériens se privent de plus en plus de certains produits (viandes et fruits) pour n’acheter que le nécessaire à des prix élevés. «Le prix d’un kilo de bœuf est maintenant entre 1.600 et 2.000 DA, et un kilo de poulet se vend entre 380 à 400 DA…
Ces prix risquent d’augmenter le premier jour du Ramadan en raison de la forte demande et la baisse de l’offre», a expliqué, un boucher dans la banlieue d’Alger-Centre.
Les fruits et légumes repartent aussi à la hausse. Un kilo de tomate se vend à 120 DA tandis que le prix d’un kilo de pomme de terre est maintenu entre 100 et 115 DA, et ce, malgré l’opération de déstockages et d’importation présagée par les autorités pour assurer la disponibilité de ce produit sur le marché.
La hausse des prix touche tous les produits alimentaires, exceptés ceux qui sont subventionnés par l’Etat qui a, également, interdit l’exportation des produits de large consommation pour réguler le marché intérieur et contrer l’inflation. La poussée fiévreuse des prix des denrées alimentaires s’accentue de jour en jour. Le mois de Ramadan sera difficile pour les Algériens étouffés par la double crise sanitaire et économique.
Pour la troisième année consécutive, ce mois sacré sera vécu comme celui des extrêmes privations pour la majorité des Algériens, et ce, malgré les mesures d’urgence prises par les autorités pour éviter les pénuries et amortir le choc de l’inflation. Les ménages ne savent plus comment gérer leur budget depuis presque trois ans.
La crise géopolitique en Europe et les conséquences des sanctions prises par l’Occident contre la Russie ont donné un autre coup au portefeuille des ménages, la flambée des prix à quelques jours seulement du mois de Ramadhan se confirme. Les Algériens vont devoir se serrer la ceinture à nouveau et contrôler leurs dépenses durant ce mois sacré.
Samira Takharboucht