Ibazizene Boussad, le maître d’école n’est plus !

Boumerdès

De toute évidence, le fondement de la société est la transmission du savoir, transmission de la culture d’une génération à l’autre, chacun de nous garde en lui des souvenirs inoubliables de son cheikh et le rôle déterminant et irremplaçable de l’enseignant dans cette transmission qui n’est plus à démontrer, Que serait la société sans l’éducation ? Que serait l’éducation sans les enseignants ? Enseigner, c’est finalement rendre les hommes plus humains. Y a-t-il plus beau métier ? L’humain est la matière première car être enseignant est un privilège, ceci d’autant que la matière première dont nous parlons sont les enfants, généralement à un âge le plus malléable, bonne ou mauvaise, l’influence d’un enseignant peut s’imprimer pour la vie. Qu’ils soient ingénieurs, médecins, politiciens, journalistes, techniciens, économistes, policiers, gendarme, un homme d’Etat, ils doivent tous quelque chose à l’enseignant : qui de nous n’a pas gardé le souvenir d’un prof, d’un maître d’école, d’un instituteur et au rôle déterminant pour son avenir.
L’enseignant forge les destins, il perrenise la culture, le savoir, en réalité, l’enseignant c’est apprendre à apprendre, aider à devenir, c’est guider les hommes vers l’espérance, délivrer la société de pérénise de l’ignorance : enseigner c’est déraciner la barbarie, éradiquer la violence, c’est en même temps, former, informer et transformer.
Cela parait étrange mais c’est bel et bien vrai, les enseignants moulent le futur chaque jour dans leur classe, l’enseignant passe plus de temps avec les enfants que le font leurs parents. D’ailleurs, on les ignore complètement et c’est très grave, certains d’entre eux ont vieilli, d’autres ont pris de l’âge mais une chose est certaine, la chose qui leur fait mal est l’ingratitude de ceux qui hier étaient des élèves et occupent actuellement des postes très importants dans la vie sociale.
Il s’agit de L’Hadj Ali Lahmar, Ibazizène, Derriche Omar, Cheikh Messaoud, de Monsieur Bendiffalah, Djellout m’Hamed, de Djellouli Saïd, Agraniou Mohamed (Missoum), Yahia Tonkin, d’anciens enseignants instituteurs qui ont beaucoup donné à l’éducation certains ne font plus partie de monde tout en soulignant leur sacrifice pour le savoir, leur humanisme et leur nationalisme sachant que la plupart d’entre eux ont exercé tout au début du déclenchement de la guerre de Libération nationale, des instituteurs éducateurs très respectueux au point où les élèves ne pouvaient emprunter le même chemin qu’eux, éducation oblige. Il est bien loin le temps où les élèves considéraient l’instituteur comme un père de famille. N’a-t-on pas « Ana kada el moualimou ane yakouna rassoula», ce qui veut dire que l’instituteur aurait pu être un prophète étant donné que c’est un personnage dévoué à son métier, il inculque le savoir, les connaissances, la morale, l’éducation et surtout le respect. L’enseignement, c’est un métier passionnant et exigeant qui est celui de participer à la construction de la société en transmettant son savoir et en valorisant les compétences des élèves. «Je me rappellerais toujours de mon maître d’école qui m’avait dit un jour, écoute mon fils, tu es doué pour l’écriture, je suis sûr que tu deviendra plus tard sois journaliste, sois auteur, il avait raison», affirme un citoyen tout en ajoutant que dans son jeune âge, il avait failli ne pas continuer les études. D’ailleurs, il m’avait dit : «Tu n’es pas un âne à deux oreilles, tu as des qualités, il faut réviser et lire beaucoup.» D’ailleurs selon cet habitant, il pense que son maître d’école a été la source d’inspiration de sa réussite. La preuve des enseignants à l’image des Ahmed Amara, des Amellal, des Aiche, des frères Ibazizène, des Khoumeri, des Benkhamssa, et des centaines d’autres ne courent plus les rues sans oublier les enseignants français coopérants tels que Fortunato, Zimmerman, Serret, Arrigui , Mallouet, Blazi, Blatte, des enseignants qui ont laissé leurs empreintes, la plupart ne sont plus de ce monde mais rendons hommage à ceux qui restent tels que Ali lahmar, Omar Derridj, Cheikh Messaoud.
Ibazizene Boussad, un homme qui a fait des sacrifices pour l’Education Algérienne, il a formé des générations et inculqué le savoir dans les années post-indépendance à des éleves qui actuellement sont devenus des Ingénieurs, des médecins, des cadres au sein de l’Administration Algérienne et d’autres qui sont allés monnayer leurs connaissances en outre-mer.
On ne dira jamais assez sur ce personnage qui a marqué l’Ecole Algérienne par son savoir, son éducation, C’est un Instituteur chevronné de la vieille Ecole et un grand Educateur qui s’en va ! En parlant de lui, la boite à mémoire se réveille et se déclenche pour nous souvenir des Amara Ahmed, des Aiche, des Arbouz, des Benkhammsa, des Ali Lahmar, de Cheikh Messaoud, des Amellal, des personnes intégres qui ne sont plus de ce monde mais qui demeurent toujours vivantes dans notre esprit. Ibazizene Boussad plus connu par était un homme intégre, qui est venu lui et son frére belaid décedé recemment des fins fonds de la Grande Kabylie, plus précisément de Béni-Yenni, une ville réputée pour ses bijoux en argent pour occuper le poste d’enseignant dans le primaire- c’était un éducateur sympathique, ouvert et communicateur qui avait fait son cursus dans le domaine de l’éducation en passant par differentes étapes à savoir instituteur, puis directeur d’école et en dernier ressort responsable des cantines scolaires- Ibazizene Boussad avait de l’engagement au quotidien, il savait faire la part des choses, c’était un enseignant très compétent à l’écoute des éleves et des enseignants, il n’a ménagé aucun effort afin de répondre aux sollicitations des parents d’éléves à tout instant, car son souci était d’assurer de bonnes connaissances aux éleves, un quotidien en toute quiétude à tout un chacun. Selon les témoignages de ceux qui l’ont connus, Da Boussad était un homme jovial et au comportement exemplaire digne d’un enseignant, il fait partie du décor de l’éducation : c’est un personnage, un instituteur professionnel et un pére de famille exemplaire, c’est le peu que l’on puisse dire de lui. Que dire de lui si ce n’est qu’il est venu très jeune à Bordj-Ménaiel, une ville hospitaliére et accueillante et dont les habitants l’ont tout de suite adopté, ses enfants sont tous nés dans la ville des coquelicots, à samir cadre dans les domaines, boussad est originaire de Benni-Yenni certes, mais il est ancré dans la ville qui lui a ouvert les bras, il a beaucoup donné à la jeunesse de Bordj-Ménaiel et personne ne dira le contraire, la preuve il fallait voir tout ce beau monde parti de Bordj-Ménaiel, pour assister à son enterrement. Ibazizene Boussad est parti certes. «A Dieu nous appartenons et à Lui nous retournons». Nous adressons toutes nos condoléances à sa famille. Adieu cheikh!
Kouider Djouab