La Sonatrach n’exclut pas une hausse des prix du gaz vendu à l’Espagne

Face à la hausse des prix du gaz à l’international et l’explosion de la demande

La révision des prix de gaz à l’exportation se pose depuis plusieurs semaines de façon aiguë. L’Algérie qui fournit le gaz naturel à l’Espagne et à l’Italie n’a toutefois pas évoqué cette option, affirmant ainsi le respect de ses engagements contractuels pris envers ses clients. Hier, dans une déclaration à l’Agence presse service (APS), le Président-directeur-général de la compagnie nationale des hydrocarbures, Sonatrach, Toufik Hakkar, a évoqué un éventuel «recalcul des prix du gaz avec le client espagnol», sans donner de détail. «Depuis le début de la crise en Ukraine, les prix du gaz et du pétrole explosent. L’Algérie a décidé de maintenir, pour l’ensemble de ses clients, des prix contractuels relativement corrects. Cependant, il n’est pas exclu de procéder à un recalcul des prix avec notre client espagnol», a-t-il expliqué.
La crise géopolitique en Europe a provoqué des variations soudaines des cours du gaz sur le marché international, impactant l’offre et déstabilisant les pays consommateurs et producteurs qui ont, jusque-là, repoussé leur prix de gaz à l’exportation. Mais la forte flambée des prix du gaz et du pétrole sur le marché mondial est, désormais, vue comme un motif d’optimisme pour augmenter les rendements des compagnies pétrolières et secourir les finances publiques en souffrance.
La guerre en Ukraine a fait augmenter les prix du gaz de 50% alors que la demande ne cesse de grimper depuis l’annonce de l’embargo sur le gaz russe. L’Algérie, troisième fournisseur de gaz à l’Europe et qui vise d’ici quatre ans à augmenter ses capacités de production de gaz et du pétrole, réfléchit à l’éventualité de revoir ses prix de gaz à l’exportation à l’Espagne. La Sonatrach exporte près de 10 milliards de m³ par an de gaz naturel vers l’Espagne, acheminés exclusivement via le gazoduc Medgaz depuis la fermeture définitive du gazoduc Maghreb Europe (GME) à la fin du mois de novembre 2021. L’Algérie s’est toujours conformée à ses contrats signés avec son partenaire espagnol, tant sur le volume des livraisons que sur les tarifs du gaz.
La conjoncture encourage la compagnie publique à revoir ses priorités dont la mise en œuvre de son plan d’investissement estimé à 40 milliards de dollars entre 2022/2026. Pour cette année, la Sonatrach prévoit d’investir 8 milliards de dollars dans le développement du secteur des hydrocarbures et de l’industrie pétro-
gazière qui connaît un rebond spectaculaire depuis le début de l’année en cours. «L’année 2022 commence sous de bons auspices pour le groupe Sonatrach pour ce qui est des découvertes pétrolières», a indiqué M. Hakkar, confirmant les découvertes faites récemment par la société nationale des énergies fossiles. «Durant ces trois premiers mois, Sonatrach a réalisé trois nouvelles découvertes de gisements pétroliers. Parmi ces trois nouvelles découvertes, on enregistre une importante découverte concrétisée au niveau du périmètre de la région de Touggourt. Il s’agit d’un gisement estimé à hauteur d’un milliard de barils», a-t-il indiqué.
A ces découvertes très importantes s’ajoute la relance par la compagnie au début du mois de février passé du projet de l’Exploitation d’Hydrocarbures sur le périmètre d’El Assel avec le partenaire russe Gazprom. Le projet est actuellement dans sa phase active de développement et devrait entrer en production en 2025. La Sonatrach compte ainsi renforcer sa production, ses réserves ainsi que ses exportations vers les autres pays, notamment européens.
Ces derniers comptent compenser les importations russes par le gaz algérien, qatari et américain. Une option à inscrire dans le long terme, selon le premier responsable de la compagnie nationale des hydrocarbures.
Dans sa réponse sur l’éventuelle substitution du gaz algérien au gaz russe, M. Hakkar a expliqué qu’actuellement l’Algérie n’a pas la capacité de production nécessaire pour couvrir les importations russes en Europe.
«Nous disposons à l’heure actuelle de quelques milliards (de m3 supplémentaires, NDLR) qui ne peuvent se substituer au gaz russe.
En revanche, avec la cadence de nos explorations, nos capacités vont doubler d’ici quatre ans, ce qui laisse entrevoir des perspectives prometteuses avec nos clients européens». La Sonatrach vise, dans le long terme, à accroître ses investissements dans le secteur pétro-gazier, notamment, dans le domaine du raffinage et de la pétrochimie.
Pour rappel, après deux ans de réduction de son quota de production, conformément à la décision prise par l’ensemble des pays membres de l’Opep pour stabiliser le marché pétrolier, l’Algérie se rapproche désormais de son niveau de production d’avant la crise. Sa production devrait passer au mois de mai à 1,03 millions bj.
Samira Takharboucht