L’Europe prise au piège du pétrole de schiste américain !

Le pétrole à 105 dollars, malgré la décision de l’AIE

Le marché pétrolier connaît ces dernières semaines de vives fluctuations qui reflètent l’instabilité de l’offre et de la demande. Une volatilité exacerbée par la guerre ukrainienne et l’embargo occidental sur le gaz et pétrole russe. Les pays européens fortement dépendants du gaz et du pétrole russe, ont décidé d’arrêter progressivement leurs importations russes en la matière en se tournant vers les pays du Golfe, de l’Afrique du Nord et des Etats-Unis. Ces derniers se disent prêts à puiser dans leurs réserves stratégiques afin de stabiliser les prix, appelant les pays producteurs de l’or noir d’adhérer à cette décision. Le Venezuela semble intéressé par cette proposition, contrairement, aux autres pays membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) qui a décidé avec ses alliés non-Opep d’augmenter modestement leur production de 432.000 bj, décevant ainsi les Occidentaux qui s’attendaient à une ouverture plus conséquente des robinets de l’or noir.
En réponse à cette décision et à celle du renoncement du groupe informel Opep+ à l’utilisation des sources de données de l’Agence internationale de l’Énergie (AIE) pour leur évaluation du marché des hydrocarbures, les pays de cette Agence se sont réunis, avant-hier afin de discuter d’une nouvelle stratégie à mettre en place pour secourir le marché européen. A l’issue de leur rencontre extraordinaire, les pays partenaires ont convenu de «puiser de nouveau dans leurs réserves stratégiques de pétrole, mais pour un volume inconnu, afin de tenter de faire baisser les cours», selon le communiqué de l’AIE. «Les 31 membres de l’AIE sont tombés d’accord pour puiser de nouveau dans leurs réserves, mais que les détails seraient rendus publics au début de la semaine prochaine», a-t-il ajouté.
Ces pays veulent stabiliser à tout prix les marchés mondiaux de l’énergie, ce qui est difficile pour de multiples raisons notamment, logistique, technique et des transports. Les experts restent sceptiques quant à l’impact de cette décision sur les cours de l’énergie et qui ne pourrait être que de courte durée. De leur côté, les citoyens et les partis politiques notamment écologiques craignent un drame environnemental, si l’Europe importait du gaz de schiste des Etats-Unis qui ont promis de puiser chaque jour un million de barils de pétrole durant six mois, soit un total de 180 millions de barils. De plus les coûts de livraison risquent d’être très élevés qui pourraient se répercuter sur ceux du carburant qui connaît aussi une flambée spectaculaire aux Etats-Unis. Dans l’impasse, les pays européens tentent de convaincre le Nigeria, la Libye et l’Algérie d’augmenter leur volume de production. Les pays qui doivent puiser dans leurs réserves devraient réfléchir toutefois à les réapprovisionner à nouveau. Là est toute la question. «Chaque pays a l’obligation de détenir des réserves pétrolières d’urgence équivalentes à 90 jours d’importations. En cas de problème d’approvisionnement, ils peuvent décider de libérer ces stocks sur le marché dans le cadre d’une action coordonnée», c’est le cas aujourd’hui, mais le problème réside dans la difficulté de ces pays à renforcer ces réserves d’autant plus les pays membres de l’Opep+ refusent de revoir à la hausse leur volume de production, ce qui menace la stabilité du marché de l’énergie, déjà fragilisé par la crise du Covid-19.
Samira Tk