La médiation de la Ligue arabe

Crise ukrainienne

Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra, et les ministres des Affaires étrangères de l’Egypte, de l’Irak, de la Jordanie et du Soudan, ainsi que le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, sont arrivés hier à Moscou, dans le cadre du Groupe de contact arabe, créé par le Conseil des ministres de la Ligue des États arabes lors de sa 157e session tenue le 9 mars dernier au Caire, avec pour mission de suivre et mener les consultations et contacts nécessaires avec les parties concernées par la question ukrainienne dans le but de contribuer à trouver une solution diplomatique à la crise.

A Moscou, le Groupe de contact arabe a entamé des consultations avec la partie russe, avant de se rendre à Varsovie (Pologne) pour rencontrer la partie ukrainienne. Selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères, «les ministres arabes prendront connaissance des positions et des préoccupations des deux parties, à la lumière des derniers développements sécuritaires et politiques de la crise ukrainienne, et évoqueront les voies et moyens de la contribution du groupe de contact arabe aux efforts d’apaisement, dans le but de rapprocher les vues afin de trouver une solution politique rapide qui repose sur les principes du droit international et la Charte des Nations unies et prenne en compte les préoccupations de toutes les parties».
Une source officielle du Secrétariat général de la Ligue arabe a fait savoir que la délégation ministérielle arabe devait rencontrer hier soir le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.
Les ministres arabes et le secrétaire général de la Ligue arabe devaient ensuite se rendre ce matin (mardi) à Varsovie pour rencontrer le ministre des Affaires étrangères de l’Ukraine, dans le cadre de la mise en œuvre du mandat émis par le Conseil de la Ligue.
Le Groupe de contact arabe au niveau ministériel, mène ces consultations et contacts nécessaires avec les parties concernées, dans le but de contribuer à trouver une solution diplomatique à la crise en Ukraine. Les ministres arabes écouteront les positions et les préoccupations des deux parties à la lumière des derniers développements sécuritaires et politiques de la crise en Ukraine, et ils discuteront également des perspectives et des moyens pour le Groupe de contact arabe de contribuer aux efforts d’apaiser et de réduire les tensions, afin de rapprocher les points de vue pour permettre une solution politique rapide.
La dernière séance de pourparlers russo-ukrainiens qui s’est déroulée fin mars à Istanbul (Turquie) a été constructive, selon Vladimir Medinsky, qui est le chef des négociateurs russes.
Il a fait savoir que la partie ukrainienne a présenté des propositions écrites confirmant les efforts de l’Ukraine pour devenir un État neutre et dénucléarisé, tout en abandonnant la production et le déploiement de tous les types d’armes de destruction massive, y compris chimiques et bactériologiques, en plus d’interdire la présence de bases militaires étrangères et des forces étrangères sur son territoire.
La Russie a décidé de réduire drastiquement l’activité militaire sur les axes de Kiev et de Tchernigov (Nord de l’Ukraine) dans le but de renforcer la confiance mutuelle et de créer les conditions appropriées pour poursuivre les négociations et parvenir à l’accord souhaité.
Dans la crise ukrainienne, les observateurs ont noté l’attitude prudente des pays arabes, surtout parmi les alliés traditionnels des Etats-Unis. D’une manière générale, les pays arabes ont adopté une position de neutralité dans le conflit russo-ukrainien et ont préservé leurs bons rapports avec la Russie.
Lors du vote sur la résolution du l’Assemblée générale des Nations unies, le 3 mars, présentée à propos de la crise ukrainienne, l’Algérie, l’Irak et le Soudan se sont abstenus de prendre position contre la Russie. L’OPEP+ a résisté aux pressions exercées par les Etats-Unis pour augmenter la production de pétrole. Ces pressions n’ont eu aucun effet, l’Arabie saoudite a présenté l’argument du caractère technique de l’OPEP, qui doit être maintenue à l’écart des conflits politiques. Les Emirats arabes unis ont réaffirmé leur attachement à l’OPEP+, centrée sur l’alliance Arabie saoudite-Russie. Sur la question de l’approvisionnement gazier de l’Europe, en remplacement du gaz russe, les pays arabes exportateurs de gaz ont eu une position conforme à leurs intérêts, en faisant savoir que dans le court terme cela était impossible.
Lakhdar A.

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