Le ministre de l’Agriculture fait appel aux Instituts de recherche

Développement agricole, culture biologique et réduction des importations

Une réunion de travail s’est déroulée avant-hier entre le ministre de l’Agriculture, Mohamed Abdelhafid Henni, et les directeurs et présidents des Instituts techniques et de la recherche scientifique, pour chercher la mise en œuvre d’une nouvelle stratégie sectorielle pouvant donner plus de productivité, de variétés et de qualité à la production agricole nationale, et pour réduire les importations, c’est ce qu’a annoncé un communiqué du ministère de l’Agriculture et du Développement rural. Les participants à cette réunion ont tenté de répondre, à travers un débat ouvert, aux questions liées à l’organisation et à la contribution des Instituts scientifiques dans l’accompagnement, l’évolution et la modernisation du secteur agricole, en adhérant efficacement et principalement au développement du secteur et, partant, mieux relever les défis posés, selon le même communiqué. L’accent a également été mis sur l’importance de la dotation de ces Instituts «d’un nouveau système les habilitant à participer pleinement à l’application de la nouvelle stratégie sectorielle visant à augmenter la production et la productivité, à réduire les importations, à créer la richesse et les opportunités d’emploi», ajoute le communiqué. Lesdits Instituts ont été appelés aussi, en tant qu’établissements techniques et scientifiques, à «adapter leur mode de travail et à adopter une vision économique dans leurs travaux de recherches et de développement», en focalisant toute leur attention sur «les défis» à relever dans le secteur agricole, à travers l’intensification de la recherche pratique et la relance de la banque de gènes pour trouver des solutions aux problèmes rencontrés par les producteurs dans ce domaine, précise la même source.
La rencontre s’inscrit dans le cadre des orientations données récemment par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune concernant l’association des Instituts de la recherche scientifique à la modernisation du secteur agricole, au développement de la production agricole et au renforcement de la sécurité alimentaire du pays, a souligné le ministère. D’autre part, Doubi Magui, experte en certification des produits bio au programme d’appui à la diversification industrielle et à l’amélioration du climat des affaires «Padica», financé par l’Algérie et l’Union européenne (UE), a affirmé dans une déclaration à l’APS que la valorisation de l’agriculture biologique en Algérie commence par l’accompagnement de l’agriculteur, précisant que «l’Algérie produisait des cultures biologiques non encore valorisées et non recensées». Selon Doubi Magui, le créneau agricole organique en Algérie est encore nouveau, il s’agit d’un domaine prometteur au vu des capacités disponibles en Algérie, toutefois son développement et son renforcement dépendront sur l’efficacité des cadres juridiques qui le gère.
Plusieurs pays ont aménagé durant les quatre dernières années d’importantes superficies destinées à l’agriculture biologique, a fait remarquer l’experte Doubi Magui, relevant l’importance pour l’Algérie de lancer une réflexion pour une part de cet important marché mondial, d’autant que l’agriculture organique est un «patrimoine» en Algérie qu’il convient de relancer. L’experte a, en outre, précisé que l’agriculteur produit même des produits agricoles organiques sans qu’il sache classer ses produits comme produits bio, d’où, selon elle, l’importance de l’aider à déterminer les différents produits organiques, voire même les surfaces agricoles qui peuvent accueillir ce type de cultures. Pour la même responsable, les produits agricoles biologiques sont très demandés sur le marché international, notamment en Europe, en particulier après la propagation de la pandémie de Covid-19 qui a amené de nombreux consommateurs dans le monde à rechercher des produits biologiques propres et sans substances chimiques. Ce type d’agriculture nécessite, selon l’experte, la préparation des superficies agricoles sans aucun recours aux produits chimiques pendant une période allant de 1 à 3 ans, et la réalisation des analyses périodiques en laboratoire pour déterminer si le sol est adapté à cette agriculture, tout en utilisant des engrais naturels appropriés. De son côté, le spécialiste de l’agriculture biologique à l’Université d’Oran, Abed Fateh a appelé la tutelle à être «un incubateur» des recherches menées sur cette agriculture et à œuvrer pour leur concrétisation sur le terrain, à travers le renforcement de son cadre légal.
Sofiane Abi