Les médiateurs arabes mieux informés

Crise ukrainienne

Après Moscou, où il se trouvait lundi, le Groupe de contact arabe chargé du conflit en Ukraine, présidé par le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra, et composé également des ministres des Affaires étrangères d’Egypte, Jordanie, Irak et Soudan, accompagnés du secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, a poursuivi mardi sa mission de médiation dans le conflit entre la Russie et l’Ukraine, dans la capitale polonaise, Varsovie, où il a rencontré le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba dans le cadre des efforts visant à parvenir à une solution pacifique à la crise. Au cours de la réunion, le Groupe de contact arabe a souligné la «nécessité d’un cessez-le-feu et d’une sortie de crise sur la base du droit international, de la Charte des Nations unies, des principes de bon voisinage et de respect pour la souveraineté et l’intégrité territoriale des États».
La délégation arabe s’est dite préoccupée par la crise prolongée et ses conséquences humanitaires, politiques, sécuritaires et économiques. La délégation arabe a également discuté avec le ministre ukrainien des Affaires étrangères des efforts déployés pour un cessez-le-feu et parvenir à un accord pour résoudre la crise et rétablir la paix et la sécurité. La délégation a affirmé son soutien au cours des négociations directes entre les parties russe et ukrainienne, et sa volonté de soutenir cette voie dans le but de parvenir à une cessation des opérations militaires, en préparation d’une solution politique durable à la crise «sur la base qui est conforme à la Charte des Nations unies et préserve la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine ainsi que les intérêts légitimes des deux parties».
A l’issue de la réunion, Ramtane Lamamra a animé une conférence de presse avec son homologue ukrainien durant laquelle il a affirmé que «les rencontres avec les parties russe et ukrainienne ont permis au groupe de contact arabe de mieux cerner le développement de la situation et de connaitre les positions des deux parties au conflit».
«Ces rencontres ont permis de renforcer la conviction qu’aucune alternative n’est envisageable à la solution politique à la crise», a ajouté le chef de la diplomatie algérienne. Sur le terrain, le conflit se poursuit, notamment dans son volet «sanctions». Ainsi, le ministère russe des Finances, cité par une agence d’informations russe, a annoncé hier qu’il avait remboursé en rouble russe des prêts étrangers à des obligations libellées en dollars, après qu’une banque correspondante américaine ait refusé d’exécuter des ordres de paiement en devise américaine.
Ainsi, la Russie a payé pour la première fois le prix des prêts étrangers dans la devise russe, et a confirmé son engagement à respecter ses engagements financiers malgré les restrictions occidentales. Par cette démarche, la Russie a évité de faire défaut sur ses dettes souveraines compte tenu des sanctions économiques qui lui sont imposées.
Cette semaine, le Trésor américain a déclaré qu’il avait empêché le paiement de la dette russe en dollars à partir des comptes du gouvernement russe dans les banques américaines. Le paiement à partir des comptes russes gelés dans les banques américaines est interdit.
Depuis le début de l’opération militaire russe en Ukraine, l’Occident a imposé des sanctions à la Russie, qui ont notamment entraîné le gel, des réserves internationales de la Russie, 300 milliards de dollars. Malgré les sanctions contre les réserves internationales de la Russie, Moscou a continué à payer le service de sa dette en obligations internationales libellées en devises étrangères. En rapport également avec les mesures économiques prises par les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux contre la Russie, le ministre hongrois des Affaires étrangères, Peter Szyjjarto, a déclaré lors d’une conférence de presse conjointe après des entretiens avec son homologue serbe, que la Hongrie remplirait son «obligation de payer Gazprom fin mai (2022)». Avant la Hongrie, la Slovaquie n’excluait pas de payer le gaz naturel russe en roubles, et le Premier ministre slovaque Eduard Heger a déclaré vendredi dernier que son pays pourrait devoir acheter du gaz naturel russe en roubles. Pour rappel, le Président russe Vladimir Poutine a signé un décret sur le mécanisme de paiement du gaz naturel fourni aux pays que la Russie a classés comme «pays hostiles», dont l’Union européenne, en roubles russes.
Lakhdar A.

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