L’Algérie devrait-elle opter pour le rationnement comme solution ?

Le monde menacé par la crise alimentaire, selon la FAO

Depuis le début de la guerre en Ukraine, le spectre d’une crise alimentaire plane sur tous les pays du monde. Certains pays comme l’Algérie, qui achète une grande partie de son blé de Russie et d’Ukraine, ont déjà commencé à chercher de nouveaux marchés internationaux pour s’approvisionner en blé, avant le mois d’août. Pour calmer l’inflation au niveau intérieur et réguler le marché, les autorités nationales ont fait le choix de préserver la sécurité alimentaire des citoyens en interdisant l’exportation de dix catégories de produits de large consommation. Malgré toutes ces dispositions exceptionnelles prises par les pouvoirs publics, la flambée des prix dans les supermarchés s’impose comme une grande préoccupation pour les consommateurs, mais aussi pour les autorités, engagées dans une lutte contre la spéculation et l’informel.
Pour amortir le choc de l’inflation sur les ménages, notamment, à faibles revenus, l’Etat a dû aussi renoncer à la réforme du système des subventions publiques des produits de large consommation, maintenant ainsi le plafonnement des prix du pain, de l’huile et du lait. L’Etat se dit prêt à assumer tous les coûts supplémentaires, comptant probablement compenser ces charges par la hausse des revenus pétroliers. Il est difficile dans un temps de crise de contrôler l’inflation, le marché des matières premières est très volatile. Difficile à maîtriser. Le problème de l’approvisionnement du marché local s’impose comme une préoccupation majeure pour les autorités qui tentent de trouver de nouvelles origines pour acheter du blé à un prix très élevé (450 euros la tonne). Le marché des matières premières connaît un emballement inédit. Des experts, analystes et organisations internationales tirent la sonnette d’alarme sur l’aggravation de la crise alimentaire à travers le monde. L’Algérie aussi risque de se retrouver dans une situation inconfortable et devra prendre des décisions drastiques pour contrôler les prix et surtout éviter d’éventuelles pénuries des produits de large consommation. Les autorités veulent maintenir à tout prix la paix sociale. Elles devraient peut-être opter pour des solutions extrêmes pour préserver l’équilibre social et préserver la sécurité alimentaire des consommateurs désormais plus touchés que jamais. Opter pour un rationnement des produits de large consommation (l’huile, la farine, le lait et la semoule). La Tunisie, l’Espagne, l’Allemagne, la Belgique, l’Italie et le Portugal ont décidé, il y a quelques semaines déjà, de rationner la quantité d’huile de tournesol, du paquet de farine, du sucre, disponibles à l’achat par consommateur. Cette démarche permet de réduire les longues queues qui se rallongent jour après jour depuis plusieurs semaines, même en plein Ramadhan, devant les supérettes et les supermarchés. Ces derniers connaissent une grande ruée malgré l’abondance des produits dans les étalages. Les rayons d’huile dans les magasins sont soumis depuis quelques semaines à davantage de tensions car le consommateur achète plus pour stocker.
Ce comportement s’est généralisé à travers toutes les wilayas du pays.
Le rationnement serait, selon des économistes et analystes internationaux la solution à cette crise car l’impact de la guerre russo-ukrainienne sur les chaînes d’approvisionnement alimentaires internationales risquent de s’aggraver. Des pénuries de tournesol, de sucre, de poudre de lait et de blé se profilent à l’horizon. En Algérie, on se souvient de la crise alimentaire qui a touché le pays durant les années 80-90, mais désormais, les consommateurs, agriculteurs, industriels et importateurs redoutent un scénario plus sombre pour les mois à venir.
L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) alerte à nouveau que la hausse des prix mondiaux des denrées alimentaires qui « ont atteint en mars leurs plus hauts niveaux jamais enregistrés «, ajoutant dans son dernier rapport publié avant-hier, que « la guerre en Ukraine risque d’entraîner une pénurie alimentaire dans plusieurs pays «. Selon la même source, « les prix de l’huile, maïs, farine, volaille… enregistrent des prix records, expliquant que l’indice FAO, qui suit l’évolution du prix d’un panier de produits alimentaires de base, avait déjà battu en février son record depuis sa création en 1990. Ce mois de mars, il enregistre une nouvelle hausse de 12,6% «. De quoi faire paniquer les gouvernements qui devraient scruter toutes les solutions possibles pour éviter un chaos alimentaire, difficile à absorber. Samira Takharboucht