Le repentir du mufti

Terroriste depuis 1994

«Je me suis repenti de l’action terroriste armée et c’est totalement convaincu que j’appelle les résidus du terrorisme à revenir au droit chemin». C’est le mufti général des groupes terroristes, Leslous Madani, dit Cheikh Assem Abou Hayane, capturé lors d’un ratissage, le 16 mars 2022 dans la forêt d’Oued Edouar (Skikda), qui parle ainsi dans des aveux diffusés mercredi à la Télévision publique. «Je suis aujourd’hui entre les mains des forces de sécurité. J’ai été traité convenablement et je ne m’adresse pas à vous sous pression. Au contraire, je parle parce que telle est ma volonté», a-t-il dit.

Celui qui a rejoint les groupes terroristes en 1994, plus précisément la katiba de Jbel Ellouh, reconnaît avoir «fait du tort au peuple algérien qui a énormément pâti de l’action terroriste armée dans sa chair, son honneur et son argent». Leslous Madani demande «pardon à tous, à l’Armée nationale populaire et à l’ensemble des corps de sécurité. » Il appelle les résidus du terrorisme à «renoncer définitivement à l’action armée et ne plus suivre les ordres » du chef terroriste Youssef El-Annabi. Revenant sur son adhésion aux groupes terroristes, il a indiqué que le dénommé «Cheikh Abdelkader Saouane » lui avait confié une tâche juridictionnelle, c’est-à-dire de trancher les différends entre les éléments de ce bataillon, tout en le chargeant «d’inciter » les citoyens à rejoindre des groupes terroristes et les convaincre de la «légitimité » du «Djihad», dira-t-il. «Au début, je me suis rendu compte que j’ignorais énormément de détails de l’action armée, puis, j’ai fini par adopter leur approche et partager leurs diverses actions jusqu’à ce que je sois devenu un membre du groupe, voire plus, officier de justice, juge, imam et même Moufti», précise le terroriste.

Vers la fin de l’année 1995 et le début de 1996, poursuit le terroriste, «je me rends compte de la dangerosité de la chose, en ce sens que l’action armée aura des conséquences désastreuses». Il a également déclaré avoir eu des contacts avec le terroriste Djamel Zitouni, dit Abderrahmane Abou Amin, qu’il connaissait personnellement à Bir Khadem dans la capitale. Et de reprendre : «J’ai fini par saisir que l’action armée menait vers la dépravation, dans la mesure où violence et fausses accusations commençaient à surgir». «Aujourd’hui, et après 28 ans dans l’action armée, j’annonce mon repentir et mon regret de m’y être laissé entraîner dans cette action que je répudie solennellement», a-t-il annoncé. Quant aux détails de son arrestation, il a indiqué avoir pris refuge dans une grotte avec sept de ses acolytes, dont l’émir Ossama Abou Soufiane, où ils sont restés près d’un mois sous le siège de l’ANP avant de se rendre.
L. A.