Le jeûne, un des piliers de l’Islam

Ramadhan

On peut dire aussi que c’est un mois de ferveur religieuse et de jeûne prescrit surtout pour la santé physique et mentale des musulmans.

Jeûner, c’est répondre à une obligation sacrée de l’islam, mais c’est aussi, accepter de jeûner pendant un mois pour sa propre santé en faisant preuve de générosité à l’égard des pauvres qui, eux, subissent les pires privations dans toute leur vie. Dieu, tout puissant, n’impose que ce qui répond à l’intérêt des musulmans pratiquants. S’il a imposé ce troisième pilier, c’est qu’il a de multiples avantages à caractère spirituel, humain, et surtout thérapeutique. C’est le mois durant lequel on privilégie les prières. Aux cinq prières quotidiennes accomplies avec ferveur, s’ajoutent à la mosquée, le taraouih pour ceux qui le veulent et qui est une révision de tout le coran durant tout le mois de ramadhan, après la prière du soir. Le jeûneur doit faire preuve de valeurs humaines en pensant beaucoup plus aux vrais pauvres, c’est pour cela qu’il est recommandé de partager le repas avec les vrais pauvres et de pratiquer l’aumône au profit des plus démunis. Cependant, il faut faire attention, car parmi ceux qui tendent la main, beaucoup sont de faux mendiants. La plupart des vrais pauvres tendent rarement la main, on les juge d’après leur comportement. Il faut savoir reconnaitre les vrais pauvres parmi des masses de faux qui ont des comportements presque agressifs. Mais le ramadhan est imposé surtout pour son aspect thérapeutique non négligeable. Il est reconnu à l’échelle mondiale comme une excellente thérapie pour traiter certaines maladies liées à l’obésité. On parle d’une clinique renommée en Amérique et qui traite de maladies dues au surpoids, la thérapie imposée, c’est le jeûne dans ses états et suivant les cas pathologiques, on reconnait en ce jeûne de multiples bienfaits. Les musulmans ont cette chance d’avoir cette obligation dans la pratique, ils doivent bénir Dieu de le leur avoir imposé.

Un fruit précieux pour le ramadhan, la datte aux multiples bienfaits
Dès que l’on entend « el adan », on prend une ou deux dattes pour rompre le jeûne, ce fruit doux et naturellement sucré est considéré comme un don de Dieu. La datte est le fruit d’un arbre fruitier qui n’est pas comme les autres, puisqu’il ne pousse qu’en milieu désertique, dans les oasis situées entre de grandes étendues de sable chauffé par un soleil ardent et où la température reste tout le temps élevée. Dans ces régions désertiques, il pleut rarement, mais il y a des réserves immenses en eau qui sont un don de Dieu. Dans un passage du Coran, il est dit, sourate « Les Groupes » : « Ne vois-tu que Dieu a fait descendre du ciel une eau qu’il achemine dans la terre et vers des sources jaillissantes grâce auxquelles il fait germer des plantes diaprées ». Et dans l’immensité désertique, le palmier dattier, produit des fruits doux et très nourrissants qui sont un don de Dieu, on dit : le palmier a la tête dans le brasier et les pieds dans l’eau. Les bienfaits de la datte sont multiples, elle est riche en glucides et en fibres, éléments qui entrainent une bonne digestion tout en produisant un sentiment de satiété. Elle renferme aussi des oligoéléments, des vitamines et des protéines qui font un excellent antifatigue. Il ne faut pas oublier d’ajouter que la datte renforce le système immunitaire. On en consomme chaque jour durant le mois de jeûne, deux à trois ça suffit pour reprendre les forces.

Bienfaits du jeûne pour la santé du pratiquant
D’après les scientifiques, le jeûne stimule le cerveau, il améliore les facultés cognitives et permet de reconstituer les neurones, d’assurer la protection du cerveau et d’augmenter les cellules nerveuses qui assurent de multiples fonctions. Pendant tout le ramadhan, il y a changement des habitudes alimentaires pas toujours faciles à accepter, mais qu’il faut les adopter quand même. Il faut accepter ce nouveau régime qui offre l’opportunité aux fumeurs d’arrêter la cigarette, ce qui serait une bonne chose pour la santé. Le ramadhan contribue à réduire les risques de cholestérol, de maladie coronarienne et cardiovasculaire. On assiste durant le jeûne à un processus de nettoyage et de recyclage des cellules. Cependant, depuis les origines, on a fait le ramadhan par convictions religieuses et ce, quelles que soient les conditions de vie et sans tenir compte de ce que dit la science. Ceux qui croient, comprennent d’eux –mêmes que le ramadhan a incontestablement des bienfaits qu’on ressent intérieurement malgré la faim et la soif qui sont réellement bénéfiques, surtout en période des grandes chaleurs. Et pendant un mois lunaire, l’estomac se repose et c’est un repos bénéfique quoi qu’on dise. Jadis, nos ancêtres jeûnaient courageusement, malgré les manques. Nos plus anciens racontent qu’ils ne connaissaient pas la chorba ou la hrira, la viande, ils en consommaient juste à l’Aid el fitr. Ils prenaient un plat de couscous d’orge à l’heure du ftour, ils en prenaient un autre comme repas de l’imsek, à l’aube. Pourtant, les ramadhans que nos ancêtres ont vécus, n’ont jamais tué, bien au contraire, ça ne leur a donné que de la force et une bonne santé. Il leur arrivait de consommer un plat de tchektchouka accompagné d’une galette chaude, sinon pour se reposer du couscous, ils avaient la tchekhtchoukha qui était un bon plat de résistance avec du lait quand ils en avaient ou de l’huile d’olive qui fait manger jusqu’à satiété. Quand li leur arrivait de partir au loin, ils prenaient avec eux de la galette et quelques fruits secs. Le lendemain, ils n’avaient pas faim et ils reprenaient courageusement leur dur labeur ; ils travaillaient essentiellement dans les activités artisanales, le commerce, et les travaux des champs, ils s’en occupaient courageusement malgré les pires difficultés.

On a tous commencé à jeûner à l’enfance, sinon au début de l’adolescence
On apprend à jeûner très tôt, certains à 8ans, sinon à 10 ans ou un peu plus. Les enfants sont de grands imitateurs, ils essaient de faire tout ce que font les adultes pour devenir comme eux. Et quand arrive le mois de ramadhan, ils font l’effort de jeûner, pour savoir ce que cela représente de faire carême ne serait-ce que pour une journée. Les parents ne les y obligent pas, il faut que la décision vienne d’eux-mêmes, et l’expérience nous a donné la preuve que c’est les enfants qui le font et de leur propre gré. Quelle que soit les conditions de vie, les parents font la fête pour l’enfant, garçon ou fille qui jeûne pour la première fois, ils considèrent cela comme un grand évènement. Très tôt, on commence à préparer cette soirée de ramadhan qui ne doit pas être comme les autres. Suivant les moyens, on essaie d’améliorer le repas pour tout le monde et ensuite pour l’enfant à qui on achète ce qu’il aime le plus : noix, amandes, cacahuètes, limonade, œufs, bonbons au chocolat ; si ces denrées sont en quantité suffisante, on en offre aux voisins, aux amis, aux cousins s’ils habitent dans le voisinage immédiat, une manière de partager la joie qu’on a d’avoir un enfant qui fait l’expérience du ramadhan. Quand arrive le moment de manger, l’enfant capable de supporter l’épreuve et courageusement, il déballe ce qu’on lui a offert pour la circonstance, et il grignote un peu de tout en oubliant le repas, les parents lui demandent de manger comme tout le monde, mais l’enfant n’en a cure et après avoir goûté à toutes les friandises, il n’a plus envie de manger, cependant il fait l’effort de goûter un peu la chorba sur pression des parents qui lui conseillent de manger pour avoir de la force pour le lendemain. L’enfant a fait l’expérience du ramadhan, il l’a réussie, libre à lui de continuer ou d’arrêter en attendant qu’il grandisse pour faire le mois au complet, mais on ne force pas tant qu’il est jeune, on lui laisse la liberté de décider.

La colère est mauvaise conseillère
On a des souvenirs vifs des colères piquées pendant le ramadhan par certains adultes, surtout parmi les gros fumeurs et chiqueurs. Ils vont jusqu’à provoquer un scandale : renvoyer sa femme, battre un enfant qui refuse de lui obéir, en venir aux mains avec un autre jeûneur pour une banalité. On demande aux gens de raconter quelques souvenirs de scènes hors du commun qui ont eu lieu pendant la période de jeûne. Un homme gros chiqueur et nerveux de nature a levé sa canne sur sa fille qui lui a dit non et lui a asséné quelques coups dont elle sera marquée à vie, toute la nuit elle a pleuré et le lendemain, elle a continué à sangloter, le soir lorsqu’il a fini de manger et de chiquer, le père lui a demandé pardon. Un autre homme, père d’une famille nombreuse, gros fumeur, a eu l’audace de dire à sa femme, passe devant moi, je te répudie, celle- ci avait oublié de lui laver quelque chose. Il a fallu l’intervention des autres membres de la famille qui lui ont fait comprendre qu’il allait commettre un acte honteux et il a fini par comprendre. Et que d’histoire!
Boumediene Abed