Rites de passage et premier Ramadhan

Traditions

Chaque musulman a commencé par un long et dur apprentissage avant de devenir un pratiquant à part entière. Cela commence à l’enfance, à un âge où on a envie de ressembler aux adultes dans leurs épreuves quotidiennes.

Pour peu qu’ils soient dynamiques et attentifs à leur environnement, fillettes et garçonnets réussissent à imposer leur volonté d’imiter les aînés dans les coutumes, traditions, croyances, l’influence du milieu, surtout familial étant déterminante. C’est pourquoi ils font l’effort de jeûner et ils y réussissent admirablement, parfois dans des conditions difficiles : manque, chaleur épuisante, absence de motivation de la part des leurs.

Aujourd’hui, avec l’évolution des mentalités
Les enfants sont plus libres, en grande majorité, dans les campagnes et les villes. C’est souvent dans la rue où ils élisent domicile toute la journée en période de vacances, qu’ils apprennent à bien ou à mal se conduire. Il suffit que dans un groupe l’un d’eux commence le ramadhan pour que les autres en fassent autant. Dans le meilleur des cas, ceci est un événement pour la famille si celle-ci est grande, pratiquante ou aisée, qu’elle comporte un garçon unique. Mais si les parents sont matériellement modestes et que la fratrie est majoritairement faite de garçons, c’est l’indifférence. Dans ce cas, le petit enfant fait le ramadhan par défi, parce que dans son groupe déambulant dans les rues, des camarades de son âge ont réussi à accomplir le jeûne comme on accomplit un miracle.
Vu le changement et le nouvel état d’esprit, le ramadhan fait pour la première fois par un petit enfant, peut passer inaperçu. Pourtant, pour un grand nombre de parents d’aujourd’hui, l’initiation à la pratique religieuse commence à la mosquée. Les parents les y emmènent presque chaque jour. Quand ils sont nombreux, ces petits rappellent la cour d’école. L’éducation religieuse commencée très tôt y est pour beaucoup même si elle est dans la plupart des cas beaucoup plus déformatrice que formatrice. Lorsqu’on voit en période de ramadhan un fervent pratiquant en tuer un autre pour une bagatelle ou le rouer de coups pour une simple contrariété, il y a de quoi douter de la bonne foi de ceux qui nous entourent dans la rue. Il y a des commerçants, des piétons, des individus de toutes sortes et au comportement douteux qui peuvent devenir arrogants, dangereux, peut-être par caprice. La conduite automobile, la pire des situations. L’écrasante majorité ne respecte pas le code, beaucoup méritent le retrait définitif du permis de conduire. Quand vous allez acheter du pain, de la viande, des légumes, apprenez surtout à ne rien dire de choquant et de provoquant. On nous a raconté, il y a de cela quelques jours, qu’un homme s’est fait tuer avec un tournevis parce qu’un autre qu’il ne connaissait même pas, le lui a enfoncé. Toujours pendant la première décade de Ramadhan 2012, un autre a été abattu par un marchand à coups de hachette. Et que des enfants, même des petits de moins de cinq ans lâchés sur la voie publique par des parents inconscients s’improvisent partout comme marchands de galettes ou de plantes aromatiques. Ils font ramadhan malgré eux et sans le respect des rites parce qu’ils sont dans la rue toute la journée. Comment cela se passait-il avant ? Les enfants apprenaient à devenir de bons citoyens. L’enrichissement facile était le moindre souci. Les écoles coraniques qui ouvraient leurs portes dans la plupart des quartiers populaires ou chaque village et qui sont en voie de disparition aujourd’hui, inculquaient les bonnes manières. Les coups de bâton des maîtres d’écoles coraniques d’antan ont été bénéfiques. Ceux qui ont appris le Coran ne sont jamais devenus des agresseurs, tueurs, voleurs de mois de ramadhan et de toute l’année. L’enfant qui faisait sa première journée de ramadhan forçait l’admiration des siens et des autres. On faisait de ce jour un événement au cours duquel on améliorait le repas du f’tour en fonction des moyens. L’enfant recevait en plus : fruits secs, friandises, œufs. On les lui montrait dans la journée pour l’encourager à poursuivre jusqu’au f’tour son épreuve difficile en journée caniculaire. Cela rentrait dans les rites ancestraux. Et on ne sait pas pourquoi son verre d’eau devait obligatoirement contenir de petits galets qu’on ramassait sous un jet d’eau d’une source ou dans le lit d’une rivière. Lorsqu’on le pouvait, on distribuait aux voisins une partie de chacune des denrées rares achetées à l’enfant voulant s’initier le plus tôt possible aux pratiques religieuses. C’était pour que l’événement familial se sache. Quelle vie charmante faite de solidarité et de partage il régnait à l’époque et quelle différence avec aujourd’hui !
Abed Boumediene