L’Algérie amorce, à son tour, le virage vers l’énergie solaire

La guerre en Ukraine accélère la transition énergétique mondiale

A court terme, l’Algérie pourrait en effet profiter de la hausse de la demande et des cours des hydrocarbures sur le marché mondial, mais elle devra, dans le même temps, saisir cette opportunité pour accélérer à son tour sa transition énergétique afin de se mettre à l’abri des crises énergétiques internationales. La guerre en Ukraine est une occasion unique à saisir pour lancer les projets d’investissements dans le secteur du renouvelable qui attire aujourd’hui les investisseurs étrangers. Ces derniers n’hésitent pas à mettre le paquet pour accélérer le mouvement de la transition énergétique.
L’Algérie voudrait saisir avec intelligence cette occasion pour accélérer la réalisation du projet Sola 1000 mw en photovoltaïque. Pour attirer davantage d’investisseurs souhaitant participer à ce projet, le ministère de la Transition énergétique et des Énergies renouvelables a prolongé le délai pour la soumission des offres au 15 juin prochain, alors que la date limite des propositions de projets avait été fixée préalablement au 30 avril en cours.
Les autorités veulent accorder plus de temps aux investisseurs intéressés pour se renseigner sur le projet avant de soumissionner. Des compagnies pétrolières actives en Algérie accordent un grand intérêt au développement du renouvelable et de l’hydrogène vert.
La réalisation du projet Sola 1000 mw ouvrira un nouveau chapitre dans le secteur du renouvelable qui peine à décoller depuis des années.
Désormais, l’Algérie cherche des partenaires fiables avec lesquels elle pourra mutualiser ses efforts pour accélérer la transition énergétique et sortir de l’échec des anciennes stratégies. Cet échec est provoqué par le décalage entre les ambitions affichées par les autorités dans leurs projets et les compétences humaines et les moyens réels dont le pays dispose.
Pour garantir la mise en œuvre de la nouvelle stratégie du développement du renouvelable, les autorités ont procédé pour rappel, au début du mois d’avril 2021, à la création d’une nouvelle Société algérienne des énergies renouvelables (Shaems), détenue par les groupes Sonatrach (50%) et Sonelgaz (50%), qui sera chargé de réaliser «le programme national de développement des énergies renouvelables pour la production de l’électricité.
Dans le même cadre de rigueur, l’Etat a pris une décision très importante et même historique de créer le Haut Conseil de l’énergie, «chargé de statuer sur les stratégies à suivre dans les domaines de la sécurité énergétique du pays à travers, notamment la préservation, le renouvellement et le développement des réserves nationales en hydrocarbures, et le suivi et l’évaluation de la mise en œuvre des plans à long terme pour le développement des infrastructures de production, de transport, d’approvisionnement, de stockage et de distribution des produits énergétiques».
Pour ne pas faire les choses à moitié, les autorités ont aussi décidé de renoncer à la règle du 51/49 régissant l’Investissement étranger direct (IDE) dans le pays pour le projet Solar 1000 mw.
«La règle 49/51 a été officiellement supprimée», a indiqué le ministre de tutelle, expliquant que «66% vont à l’investisseur et 34% sont répartis, en parité de 17%, entre les deux sociétés accompagnatrices à savoir Sonatrach et Sonelgaz».
Cette souplesse réglementaire devrait convaincre les étrangers de participer à la réalisation de ce projet d’envergure et accélérer la transition énergétique.
L’Algérie cherche les fonds nécessaires pour entamer la première étape de ce projet avant de lancer le deuxième appel d’offres au cours de cette année. L’année 2022 serait aussi celle de la relance de la transition énergétique.
L’Algérie compte relever ce défi énergétique d’ici 2035 et atteindre la sobriété énergétique d’ici 2050.
Pour rappel, le projet Solar 1000 mw bénéficiera à cinq wilayas du Sud «choisies lors de la réalisation de la première tranche de 1000 mw, à savoir Béchar, Ouargla, Laghouat, Touggourt et Oued Souf», a fait savoir le ministère de tutelle affirmant que ce projet lancé en 2021 sera «suivi de celui de 2022».
Dans le même objectif, la Sonatrach œuvre avec ses partenaires étrangers à réduire l’empreinte carbone de leurs activités.
Dans cette perspective, la compagnie nationale a signé, la semaine dernière, deux nouveaux accords avec le géant italien Eni pour développer les énergies renouvelables et l’hydrogène vert, sans renoncer au développement des hydrocarbures.
L’Algérie pourrait devenir d’ici quelques années l’Eldorado des énergies renouvelables.
La transition énergétique va permettre au pays d’augmenter ses bénéfices, mais aussi à capter et créer des richesses.
Samira Takharboucht