Après l’inflation, le risque d’une récession inquiète !

La Banque d’Algérie réagira-t-elle ?

La hausse des prix des biens de première nécessité bat des records en Algérie, notamment, avec l’arrivée du mois de Ramadhan. Toutes les mesures prises par les autorités pour contrer l’inflation et soutenir le pouvoir d’achat des Algériens ne semblent pas avoir eu l’effet désiré sur les niveaux d’épargnes, ni des salaires en raison de la poussée de l’inflation et la dépréciation de la monnaie nationale face aux devises étrangères. Le secteur industriel, agricole et du bâtiment souffrent aussi de la flambée des prix des matières premières à l’international, ce qui aurait un impact direct sur la croissance économique du pays, mais aussi sur les finances publiques. Malgré l’amélioration du niveau de liquidité et le soutien de la Banque d’Algérie à l’effort de l’investissement à travers le refinancement des banques commerciales pour faciliter l’accès au crédit bancaire, le risque d’une crise de liquidité dans les mois à venir n’est pas à exclure, ce qui contraindrait la BA à intervenir à nouveau.
En 2021, afin de soutenir l’économie nationale et réduire les conséquences de la crise sanitaire sur l’investissement, mais aussi sur les échanges commerciaux, la Banque d’Algérie avait mis en place un programme spécial de refinancement d’une durée de 12 mois, plafonné à 2.100 milliards de dinars. Les opérations sont renouvelables à deux reprises et peuvent être remboursées par anticipation. Ce programme est entré en vigueur le 1er juillet 2021. La fin de ce programme est prévue d’ici trois mois, alors que le taux d’inflation ne cesse de grimper à cause de la hausse des prix des produits alimentaires à l’international et des matières premières. Le renouvellement de ce programme spécial de refinancement mettrait «en péril le mandat de stabilité monétaire de la Banque d’Algérie et aurait des conséquences néfastes sur l’inflation et les réserves de changes», a averti à l’époque le Fonds monétaire international (FMI). L’objectif principal de ces opérations est de soutenir la relance de l’économie nationale, mise à rude épreuve par la double crise économique et sanitaire depuis deux ans.
La situation économique du pays aujourd’hui n’est pas si meilleure qu’avant. L’inflation revient en force et grignote chaque jour un peu plus du pouvoir d’achat des Algériens qui n’arrivent plus à terminer le mois à cause de la cherté de la vie. Des facteurs exogènes, mais aussi endogènes sont à l’origine de la flambée des prix qui provoquent une inflation poussé difficile à maîtriser. Sans oublier l’impact de la spéculation et de l’informel dans la hausse des prix. Les pouvoirs publics ont épuisé toutes les solutions économiques possibles pour amortir le choc de l’inflation sur les ménages, notamment, à faible revenus. Ces derniers ne cessent de crier leur détresse, notamment depuis le début du mois de Ramadhan. Dans les marchés et commerces de toutes les villes du pays, les prix des fruits et légumes, des œufs, des viandes (blanches et rouges) ont atteint des hausses inédites. Du jamais vu. Déjà précaire, le pouvoir d’achat des Algériens continue de se détériorer et dire que les conséquences de la guerre en Ukraine s’ajoutent à son lot de malheurs.
La Banque d’Algérie ne s’est pas encore prononcée sur la situation actuelle du marché. L’origine de l’inflation provient d’un choc de l’offre créée par la guerre en Ukraine et les sanctions imposées à la Russie, qui perturbent aussi les chaînes d’approvisionnement à l’international. L’origine n’est pas financière, ce qui retarde l’intervention de la Banque Centrale qui maintient jusqu’à lors ses taux d’intérêts inchangés. Elle ne prévoit pas une hausse de son taux directeur, pour l’instant. La BA se contente de suivre attentivement l’évolution de l’économie et de crise sanitaire et géopolitique.
Si l’inflation persiste, en dépit des efforts multiples des pouvoirs publics pour la ralentir, la Banque Centrale pourrait peut-être revoir sa politique monétaire afin d’agir contre l’inflation. Relever les taux d’intérêt pour s’en sortir car la hausse des prix vertigineuse que connaissent les produits de première nécessité représente un réel danger pour la sécurité alimentaire et la stabilité sociale du pays. Le choix est assez difficile entre l’inflation et la croissance, mais les autorités doivent agir en faveur de la stabilisation des prix et la régulation du marché. L’Algérie devra faire face à deux chocs successifs, les effets de la pandémie et ceux de la guerre en Ukraine. De quoi craindre un risque imminent de récession.
Samira Takharboucht