Vers un renouveau de la politique énergétique nationale !

Le Haut Conseil de l’Energie installe ses quartiers

L’Algérie voudrait, désormais, concilier croissance économique et développement durable et assurer ainsi un équilibre énergétique viable à long terme. La création du Haut Conseil de l’énergie, «une instance chargée de définir les orientations en matière de politique énergétique nationale, de sécurité énergétique du pays et de régulation du marché énergétique national», dont les membres ont été installés avant-hier par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, témoigne de la détermination des autorités à assurer la sécurité énergétique du pays, l’enjeu stratégique des années à venir. L’objectif aussi est d’offrir de nouvelles perspectives énergétiques à l’Algérie, déterminée à réduire son empreinte carbone et développer le renouvelable, mais pas pour autant renoncer aux hydrocarbures. Le pays se prépare progressivement à l’après-pétrole et réfléchit d’ores déjà à une nouvelle politique énergétique plus adaptée aux particularités du pays et des mutations internationales.
La décision de création d’un Haut Conseil de l’Énergie qui vient d’installer ses quartiers a été largement saluée par les analystes et experts dans le domaine de l’énergie. En effet, les transformations environnementales, économiques et géopolitiques actuelles ont conduit les autorités qui vivent de l’ancien modèle énergétique, basé sur la rente pétrolière, à réfléchir à un nouveau modèle de production et de consommation énergétique. Le Haut Conseil de l’Energie est chargé de «statuer sur les stratégies à suivre dans les domaines de la sécurité énergétique du pays à travers, notamment, la préservation, le renouvellement et le développement des réserves nationales en hydrocarbures, et le suivi et l’évaluation de la mise en œuvre des plans à long terme pour le développement des infrastructures de production, de transport, d’approvisionnement, de stockage et de distribution des produits énergétiques», selon l’Agence Presse Service (APS). Sa priorité est de fixer «les orientations en matière de politique énergétique nationale et d’en assurer le suivi afin de relever le défi de la transition énergétique».
Il est également question de nouer des partenariats stratégiques avec des étrangers dans le domaine énergétique afin de déterminer la nouvelle politique énergétique à mettre en place pour faire face aux défis écologiques, économiques et aussi à d’éventuelles crises internationales. Les autorités refusent de renoncer à l’exploitation des combustibles fossiles et minéraux, affirmant toutefois son engagement pour le climat à travers le développement du renouvelable. Pour rappel, le ministère de la Transition énergétique et des énergies renouvelables a lancé au mois de décembre 2021, un appel d’offres pour la réalisation du projet Solar 1.000 mw. Une centaine d’entreprises a déjà soumissionné ses offres techniques et financières. Un pas important vers le développement de l’énergie solaire dans le pays.
De son côté, le ministère de l’Energie et des Mines a annoncé la découverte d’importants gisements pétroliers et gaziers. La compagnie nationale des hydrocarbures, Sonatrach a conclu dans le cadre d’un contrat de partage de production un accord stratégique avec son partenaire italien, le géant pétrolier Eni. Plusieurs autres contrats ont été conclus dans le domaine minier également.
L’Algérie, à l’aube des changements climatiques, géopolitiques et économiques actuels, veut valoriser son potentiel énergétique et s’approprier une certaine maîtrise de l’énergie, plus efficace. C’est le rôle attribué au Haut Conseil de l’Énergie qui devra assurer «le suivi de la régulation du marché énergétique national, l’impact de la situation énergétique nationale et internationale sur le pays, ainsi que la valorisation des ressources énergétiques et la dimension énergétique liée à l’environnement et au changement climatique».
Cette instance sera vite soumise au défi de l’efficacité vu la conjoncture actuelle. Présidée par le président de la République, elle est composée du Premier ministre, du ministre de la Défense nationale, ou son représentant, du ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, du ministre de l’Intérieur, des collectivités locales et de l’aménagement du territoire, du ministre des Finances, du ministre chargé de l’Énergie, du ministre chargé de la Transition énergétique et des Énergies renouvelables, ainsi que du ministre chargé de la Recherche scientifique, selon la même source. «Le Conseil, dont le secrétariat est assuré par le ministre chargé de l’Energie, se réunit périodiquement sur convocation de son Président et peut consulter tout organisme et/ou personne susceptible de l’éclairer dans ses travaux, est-il précisé dans le décre». Le Haut Conseil de l’Energie sera bientôt mis à l’épreuve des changements extérieurs.
Samira Takharboucht