La fin du mythe droit l’hommiste…

Deux poids deux mesures

Humainement, personne ne serait ni pour la guerre en Ukraine ni pour la mort de civils. Toute personne normalement constituée, considérera cet événement comme une tragédie de l’histoire humaine comme toutes les tragédies qu’a connu l’humanité depuis que l’histoire existe.

Les guerres, à l’exception des guerres d’indépendances, n’ont jamais été un progrès pour la vie humaine. Cependant, ce que nous enseigne cet événement c’est l’émergence d’une forte solidarité dont a bénéficié les Ukrainiens.
Bien évidemment, tout le monde se réjouit de cette solidarité mais cette empathie débordante nous a soudain interpellés, si on la compare avec l’absence de solidarité dans les autres zones de conflits où des hommes, femmes et enfants meurent au quotidien dans l’indifférence.
Il est édifiant de constater, depuis une dizaine d’années, le silence dans lequel se déroule le sort du peuple yéménite, libyen, syrien ou palestinien. En effet, aucun de ces malheurs n’a bénéficié de l’abondance de générosité venant d’Europe en comparaison de l’accueil qui a été réservé aux Ukrainiens, avec des hébergements de qualité, des autorisations de séjours et de travail immédiats, ainsi qu’une mobilisation citoyenne très forte. Beaucoup de personnes ont été contentes pour ces déplacés de guerre mais elles auraient aimé que ce même accueil soit réservé à d’autres population, à l’instar des Afghans récemment ou encore des Soudanais.
On ne peut donc s’empêcher de s’interroger sur l’universalité des droits de l’Homme. Cet événement, nous pousse à poser la question : que signifie toujours cette notion de droit de l’Homme comme si cet « Homme » n’était pas universel mais qu’il avait une couleur de peau, une origine ethnique, une religion ?
Selon l’essayiste Jean Bricmont, en 2009, le droit-de-l’hommisme « n’est qu’une stratégie de communication du pouvoir consistant à exploiter et détourner la philosophie des droits de l’Homme pour promouvoir des intérêts qui en sont très éloignés, notamment pour « justifier » une politique impérialiste ou oligarchique ».
Nous avons cru que l’Homme dont cette idée universelle n’avait pas une couleur de peau, une ethnie ou une religion mais nous sommes en droit de penser au regard des évènements de ces dernières années qu’il existe une distinction, non dite, et comme le disait certains « les Ukrainiens sont comme nous, ils ont la même voiture ». Il est donc particulièrement difficile aujourd’hui, en particulier dans le monde occidental, dit civilisé, d’être crédible lorsqu’il ira donner des leçons sur la question du droit humain et l’égalité de tous face aux évènements de guerre. On constate à quel point la question des réfugiés ou des déplacés est traitée par les forces occidentales comme une variable d’ajustement à des fins purement politiques ou géostratégiques. Cette approche a fini non seulement par créer un doute autour de cette forme de solidarité mais elle risque de déshumaniser les êtres humains qui pour une grande partie ne font pas de distinction entre les individus lorsqu’il s’agit de soutien ou d’aide.
Malheureusement, nous sommes en droit de penser aujourd’hui que pendant très longtemps une partie du monde a confondu les principes fondamentaux de l’humanité et le confort.
Je voulais dire par là, qu’une société qui a en sa possession le téléphone dernière version ou la dernière machine à laver serait plus égalitaire, plus solidaire qu’une société où des individus récupèrent l’eau dans un puits. Cette confusion entre le confort et une vie basique d’une partie de la population mondiale a donné à celui qui avait le confort le sentiment d’être le maître à penser de la solidarité, de l’égalité et qu’il est le seul à en être pourvu.
Certains Algériens biberonnés à cette idée occidentaliste doivent avoir un peu d’humilité et reconnaître qu’ils ont été bernés pendant toutes ces années avec ces slogans droit l’hommiste. Ils ont en effet, continuellement, procédés sans réfléchir à l’importation de slogans et de valeurs qui ne leur correspondent pas. En réalité ils sont imbibés de fausses valeurs, de la contre-façon humaniste.
Cela nous amène à reconsidérer ce qui nous a été vendu par l’occident et cesser d’avoir comme seul moyen de mesure les valeurs occidentales. Il faudrait, en revanche, s’appuyer sur les valeurs véritablement universelles, qualité qu’on peut accorder à Omar Ibn Al-Khattâb ou l’Emir Abdelkader qui sont en réalité à l’origine de véritable « actes universelles des droits de l’Homme » alors que l’occident est resté au stade de « déclaration universelle des droits de l’Homme ».
Enfin la déclaration des droits de l’Homme défendue par l’occident et les actes universels de la civilisation arabo-musulmane n’est pas seulement une question de sémantique.
A. Tadj