L’Egypte ordonne la libération de 41 prisonniers politiques

Justice

La justice égyptienne a ordonné dimanche la libération de 41 prisonniers politiques en détention préventive pour certains depuis des années, selon un député égyptien. Mohamed el-Sadate a récemment négocié la libération de nombreux militants dans ce pays où des dizaines de milliers d’opposants sont derrière les barreaux. Ce député a promis sur Facebook «plus de libérations», faisant allusion à des «grâces présidentielles», traditionnellement accordées à des centaines de prisonniers pour la fin du mois de jeûne musulman du Ramadhan prévue début mai. Parmi les personnes libérées dimanche, figure Walid Shawky, l’un des fondateurs du Mouvement du 6-avril, fer de lance de la «révolution» de 2011 qui renversa le président Hosni Moubarak. M. Shawky était en grève de la faim depuis février pour dénoncer ses trois années de détention préventive, un régime légalement limité à deux ans. Mais, selon une technique fréquemment utilisée par les juges, il avait été déclaré libérable à ce terme avant d’être aussitôt inculpé pour d’autres charges. Le journaliste Mohammed Salah a subi le même sort et répondait comme lui de «fausses informations» et de «terrorisme». Tout comme Haitham al-Banna, membre du parti libéral Al-Dostour détenu en février pour un post commémorant la «révolution», et le chercheur Abdou Fayed, arrêté en mai 2020 pour avoir critiqué la gestion gouvernementale du Covid-19. Un cinquième militant a été également libéré : Hassan Barbari, arrêté en 2019 dans l’affaire de la «Coalition de l’espoir» où plusieurs opposants avaient été arrêtés pour avoir tenté de se présenter aux législatives, a déclaré à l’AFP l’avocat Khaled Ali. Radwa Mohamed, incarcérée pour avoir critiqué le président Abdel Fattah al-Sissi dans des vidéos en ligne, fait partie des personnes libérées, a rapporté son avocat Nabih al-Ganadi. Plusieurs députés pro-Sissi ont assuré que le président était derrière ces libérations — officiellement ordonnées par une justice indépendante. L’accusation de «terrorisme», d’abord réservée aux Frères musulmans, la confrérie du président Mohamed Morsi renversé en 2013 par M. Sissi, a ensuite été utilisée plus largement contre la plupart des partis et organisations pro-démocratie. Cette semaine, quatre comédiens de Haute-Egypte ont été arrêtés pour «fausses informations» et «terrorisme» après une chanson dénonçant la hausse des prix largement relayée en ligne.