Répliques de voiliers de la polychromie du palais Ahmed-Bey

Mois du patrimoine à Constantine

Sculptés sur bois, des bateaux à coques effilées, aux voiles carrées ou rectangulaires dotées de gréements répartis sur trois mâts ou plus, et aux quilles délicatement façonnées, attirent les visiteurs de l’exposition du mois du patrimoine, inaugurée le 18 avril dernier au Musée national public des arts et des expressions traditionnelles palais-Ahmed Bey de Constantine.
Œuvres de l’artiste autodidacte Ahcene Ksir, les bateaux, longs de 1,10 mètres avec des voiles qui atteignent jusqu’à 80 cm de haut, sont des reproductions de voiliers et de frégates de la polychromie qui orne les murs du palais Ahmed Bey et relate le récit du long périple du Bey vers les Lieux Saints de l’Islam, en 1818.
L’artiste a confié à l’APS que l’idée de reproduire les voiliers des fresques du palais Ahmed Bey avait traversé son esprit il y a quatre mois, au fur et à mesure qu’il écoutait le récit de ces illustrations, déroulé par des membres de l’équipe du Musée alors qu’il visitait le palais.
«L’histoire derrière la fresque du palais était captivante et les illustrations sur les murs, même abimées, ont une certaine magie et j’ai donc voulu rendre hommage aux lieux et à l’équipe du musée qui m’a bien accueilli en reproduisant ces voiliers, les bateaux de tout genre étant ma passion», a-t-il soutenu.
L’idée en tête, l’artiste est reparti vers son village à Zaouia, dans la commune d’El Ouldja Boulbalout, dans la wilaya de Skikda et dans son atelier, qu’il décrit comme « un espace ouvert sous un olivier centenaire », il entame son projet.
«J’avais mémorisé les détails des voiliers sur la fresque et la matière première entre le bois et les branches, je ramène de la forêt, du fait que la région où je vis est une zone boisée qui renferme les meilleures espèces d’arbres», a-t-il détaillé.
Dans son atelier, l’artiste s’est ainsi mis au travail en commençant par bien choisir le bois à utiliser. «Il est important de choisir des pièces de bois modelables, sans nœuds, ni cassures qui permettent de façonner la figure voulue», relève-t-il, soulignant que chacun des quatre bateaux sculptés a nécessité un mois de travail.
Et d’ajouter : «j’utilise beaucoup de matières naturelles que je me procure de la forêt, dont l’écorce d’un arbre que j’utilise comme teinte pour les pièces, elle permet de donner une couleur rouge-acajou qui met en avant le modèle».

Un autodidacte, passionné d’art et ses multiples expressions
Ahcene Ksir, la soixantaine dépassée, assure que la passion de l’art l’habite depuis son jeune âge. « Enfant, j’ai été initié à la peinture par mon voisin, enseignant à l’Ecole des beaux-arts d’Alger et, depuis, je n’ai cessé d’aimer l’art dans toutes ses expressions », a-t-il assuré, soulignant que son souhait était de rallier l’Ecole des beaux-arts d’Alger, chose qu’il n’avait pas pu faire à l’époque.
L’artiste a peint quelques paysages de sa région et réalisé énormément de portraits en tant qu’artiste de rue dans plusieurs villes et pays où il avait jeté les amarres pour un temps, avant de découvrir la sculpture sur bois et d’en faire une passion et une source de revenus. «La forêt qui entoure mon village est une source d’inspiration pour moi», confie-t-il, ajoutant : «il suffit que je tombe sur un morceau de bois ou des racines d’arbres pour les transformer en œuvres d’art».
Avec des branches, des brindilles, des rondins et racines d’arbres, l’artiste façonne des objets de décoration, des chaises et des tables qu’il écoule dans certaines villes, notamment à Alger.
Il relève avec fierté que certaines de ces œuvres d’art sont exposées dans le hall d’un grand hôtel de la capitale.
Devant se poursuivre jusqu’au 18 mai prochain, l’exposition dédiée au mois du patrimoine, du musée national public des arts et des expressions traditionnelles palais-Ahmed Bey de Constantine, propose, outre les voiliers, répliques de ceux de la fresque du palais, une exposition de poupées en costumes traditionnels, reflétant l’élégance et le raffinement de la femme algérienne.
R.C.