La grogne enfle contre la corruption

Maroc

Le pillage de l’argent public, les pots-de-vin, détournements de fonds et par dessus tout l’absence d’une volonté politique de lutter contre ces pratiques répandues au Maroc, continuent de susciter la grogne parmi les populations et la société civile qui a annoncé une manifestation pour le 7 mai prochain. L’Association marocaine de protection des deniers publics a annoncé l’organisation, le 7 mai prochain, d’une manifestation de «dénonciation des déclarations du ministre de la Justice», Abdellatif Wahbi, devant le siège du ministère de la Justice. Selon l’association, Wahbi avait expressément exprimé sa volonté d’«empêcher les associations de la société civile intéressées par la protection des fonds publics de porter plainte devant la justice dans des dossiers liés à des détournements de fonds publics». L’association a estimé dans un communiqué, relayé par des médias mardi, que «les déclarations du ministre de la Justice relèvent de nombreux indicateurs, confirmant l’absence d’une réelle volonté politique de la part du gouvernement pour lutter contre la corruption, les pots-de-vin et les pillages de l’argent public».
L’association a déclaré que «la volonté effrénée du ministre de la Justice de légiférer sur des exigences particulières pour les accusés soupçonnés d’être impliqués dans des affaires de corruption et de pots-de-vin, vise à accorder des privilèges à une catégorie spécifique de citoyens». Au Maroc, la corruption est un phénomène endémique touchant tous les secteurs de la société (santé, immobilier, justice…). Selon la Banque mondiale, elle représente environ 39 milliards de dirhams (environ 3,6 milliards d’euros) par an. Régulièrement dénoncée par l’association Transparency Maroc, aucun gouvernement dans l’histoire du Maroc n’a eu la volonté politique de s’y attaquer sérieusement.
La corruption endémique est, selon des activistes marocains, «la véritable cause de la flambée des prix, de l’oppression sociale, de la pauvreté et de l’appauvrissement que connaissent les milieux populaires». Cette situation a poussé d’ailleurs les Marocains à investir la rue depuis plusieurs semaines. Pas plus tard que le week-end dernier, des rassemblements ont eu lieu dans plusieurs villes marocaines dans le sillage d’une gestion «catastrophique» du gouvernement Akhannouch, accusé de «tromper tout un pays» sur des questions très sensibles, notamment celle du gaz.