Parcours héroïque contre l’occupation française

Résistance de Cheikh Bouâmama

Il y a 141 ans, le 27 avril 1881, Cheikh Bouâmama lançait un mouvement de résistance dans le sud-ouest du pays pour repousser l’occupation coloniale française du Sahara, en lui infligeant de lourdes pertes et d’amères défaites au fil de ces événements pleins de bravoure et d’héroisme.
Le Pr Berchane Mohamed, spécialiste dans l’histoire nationale, a souligné à cette occasion que la résistance de Cheikh Bouâmama, qui a duré un quart de siècle, constitue une fierté pour tous les Algériens et un modèle pour les générations dans la défense de la patrie et l’affermissement de ses composantes civilisationnelles, culturelles et religieuses.
La révolution de Cheikh Bouâmama a représenté un défi majeur à la politique de la IIIe République française qui visait à parachever l’occupation globale de l’Algérie, après que cette vaillante résistance ait réussi à tenir tête aux projets coloniaux dans le sud-ouest du pays, ajoute le même interlocuteur.
La résistance de cette personnalité historique exceptionnelle, de son vrai nom Mohamed Ben Larbi Ben Cheikh Ben Harma Ben Mohamed Ben Brahim Ben Tadj (1830-1908) de la région de Meghrar Tahtani (wilaya de Nâama), a atteint un niveau d’organisation tel qu’elle a constitué une force militaire ayant infligé au colonisateur, avec ses généraux successifs de Thompson à Lyautey, des défaites amères.
La grande bataille de «Tazina» et celles menées par Cheikh Bouâmama, lors de la grande marche vers le Tell, ainsi que la guerre du rail ont suscité un grand écho populaire et médiatique. La résistance de Cheikh Bouâmama, décrite comme l’une des plus fortes révoltes populaires contre le colonialisme français au 19e siècle, est devenue célèbre après celle retentissante menée auparavant par l’Emir Abdelkader. De dizaines de tribus avaient rejoint ses rangs, attirant l’attention des autorités coloniales françaises pour l’étouffer.
Face à cette résistance, l’occupant s’est trouvé contraint à déployer des forces importantes sous le commandement de généraux et d’officiers supérieurs, dont le colonel Innocenti et le général Dautrey, afin de freiner les victoires et le grand écho obtenus par la résistance populaire et son expansion.
L’armée d’occupation française a commis d’horribles massacres afin d’éteindre les flammes de cette résistance, à l’instar des exactions commises contre la population de Chellala Dhahrania, dans l’actuelle wilaya d’El Bayadh, selon les mêmes sources.

Une organisation militaire rigoureuse
De son côté, le professeur en histoire au centre universitaire de Nâama, Remitha Abdelghani, a rappelé que le parcours de la résistance de Cheikh Bouâmama était caractérisé par une organisation militaire rigoureuse et des plans de guerre étudiés à partir de sa citadelle érigée à Meghrar Tahtani.
Ce site a été entouré de trente-deux tours de surveillance et doté d’une horloge solaire pour organiser des tours de gardes. Il disposait également d’un atelier de fabrication de munitions et d’armes de fabrication allemande et espagnole en plus de celles récupérées de l’ennemi lors des différentes batailles.
Lors de ses premiers affrontements militaires contre le colonisateur, le 27 avril 1881, lors de la bataille de «Taghout» à Sfisifa, qui fut suivie de la grande bataille de «Tazina» le 19 mai 1881 dans la région de Chellala, Cheikh Bouâmama remporta des victoires impressionnantes. Ses autres batailles, dont celles de Taghit, Jinan Eddar, El-Menkar, Khalfallah, Chott Tigri et Fendi ont été de retentissants succès au cours desquelles l’armée coloniale française avait subi de lourdes pertes humaines et matérielles.
A ce propos, le commandant français Marni n’avait pas hésité à exprimer son admiration pour ce courageux combattant. Il avait reconnu à l’époque que «Cheikh Bouâmama se battait avec un courage extraordinaire. Nos soldats le regardaient alors qu’il se battait en héros de légende… et les balles pleuvaient autour de lui, mais ne l’atteignaient pas».
En 1981, Salem Fardji, l’un des moudjahidine de la résistance de Cheikh Bouâmama, alors âgé de 114 ans, avait fait état, dans un enregistrement à l’occasion du centenaire de la résistance de Cheikh Bouâmama, du déroulement de douze grandes batailles et de vingt-deux affrontements au cours de cette période de combat. Les recherches et études historiques ayant traité de la résistance de Cheikh Bouâmama ont conclu qu’il s’agissait d’une véritable révolution, et si elle n’avait pas atteint ses objectifs d’expulser le colonialisme de la région, cela était dû à plusieurs obstacles, dont les pressions du sultan marocain Abdelaziz sur la résistance et son soutien à l’occupation française pour la cantonner aux frontières. Cheikh Bouâama a prouvé son extraordinaire capacité à repousser l’expansion coloniale dans la région.
R.C.