La solidarité a vaincu la violence

La leçon à retenir du Ramadhan 2022

Le Ramadhan 2022 a apporté toutes ses promesses, voire sa grande Baraka hormis le ras-le-bol des prix exorbitants des produits alimentaires, seule véritable tâche noire ayant marqué ce mois de bonté et de spiritualité. Un mois sacré picoté par l’éclipse quasi-totale de la violence urbaine et suburbaine comparativement aux Ramadhans des années précédentes, où les rixes et crimes avaient laissé des empreintes. En face, les scènes de joie et de fraternité orchestrées par une large et grande solidarité des jeunes, associations, Croissant-rouge, scouts et autorités publiques, ont été présentes et en force durant le Ramadhan 2022. La solidarité a vaincu la violence. Des leçons à retenir du Ramadhan passé.

Le Ramadhan de cette année a été complètement différent par rapport aux mois sacrés précédents, car il a été marqué par la disparition totale du phénomène de la violence urbaine, où les bagarres aux épées entre des bandes de quartier, les agressions physiques et les crimes crapuleux commis contre de paisibles victimes faisaient le quotidien des médias et marqué tristement les précédents Ramadhans. Un Ramadhan 2022 marqué aussi par la généralisation de la solidarité entre les citoyens, où de grands repas de ftour collectifs ont été organisés dans la totalité du territoire national. Des scènes de joie et de fraternité ont été présentes tout au long du Ramadhan, remplaçants celles des rixes comme cela a été le cas durant les mois sacrés précédents. On dirait que la solidarité a pris la place à la violence. La solidarité a vaincu la violence. Contre toute attente, aucune rixe aux armes blanches n’a été déplorée durant les trente jours du mois sacré, la paix dans les milieux urbains a enfin retrouvé son chemin.

Près de 300 bandes de quartier démantelées
L’anticipation et l’accélération de la lutte contre le phénomène des bandes de quartier a été l’une des raisons de la sécurité passée durant le mois du Ramadhan. Les opérations de descentes menées durant ces douze mois par les services de sécurité contre les bandes de quartier, ont été l’une des raisons principales de l’instauration de l’ordre public dans les quartiers, du retour de la paix urbaine vécu et ressenti durant le mois sacré. La propagation du phénomène des bandes de quartier dans de nombreuses villes du pays, dont sont enrôlés de jeunes délinquants – parmi eux des repris de justice – armés de différents objets tranchants, dictant par la force et la menace leurs lois dans les quartiers et recourant au trafic en tous genres y compris la drogue et psychotropes, a poussé les services de sécurité à la grande confrontation pour un bon déroulement du Ramadhan et pour une meilleure sécurité durant le mois sacré.
Ces opérations ont permis de démanteler 285 bandes de quartier et d’arrêter 1.343 individus sans compter les centaines d’armes blanches récupérées lors de plus de 10.000 opérations de descentes menées au cours des douze derniers mois. Pour sa part, le Commandement de la Gendarmerie nationale (CGN) a frappé fort contre les agissements criminels des bandes de quartier. En attendant l’entrée en action de la nouvelle brigade de sécurité et d’intervention (BSI), prévue spécialement pour lutter contre le phénomène des bandes de quartier, la CGN a mobilisé ses deux Sections respectivement la Section de sécurité et d’intervention (SSI) et le Détachement spécial d’intervention (DSI) pour restaurer l’ordre public dans les milieux urbains. Les deux dites Sections spéciales sont considérées comme une force de frappe majeure et capable d’instaurer la tranquillité publique et mettre un terme aux agissements criminels des bandes de quartiers, où le législateur algérien a promulgué l’ordonnance n° 03-20en date du 30 août 2020 relative à la prévention et la lutte contre les bandes de quartiers et portant création d’une commission nationale dont la Gendarmerie nationale est membre.
Ainsi, ces deux entités (DSI et SSI) ont été engagées à travers des missions de patrouilles de jour comme de nuit dans les endroits suspects et qui peuvent constituer des foyers de criminalité.
Ces opérations ont permis, durant l’année passée, de mettre fin aux activités de 120 bandes de quartier constituées de 621 individus impliqués et la saisie de trois véhicules, 233 armes blanches, deux armes à feu et une quantité de comprimés de psychotrope.
Dans ce contexte, les Sections de Sécurité et d’Intervention en coordination avec les unités territoriales ont effectué 6.778 descentes durant lesquelles 10.932 personnes ont été arrêtées (423 qui font l’objet de mandat de justice) et la saisie de 287 véhicules et 233 armes blanches ; ainsi, ils ont mis fin aux activités criminelles de 120 bandes de quartiers, l’arrestation de 621 personnes impliquées et saisie de 3 véhicules, 233 armes blanches, 2 armes à feu et 7 chiens dressés.
De son côté, la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) a réalisé d’importants résultats dans le cadre de la lutte contre le phénomène des bandes de quartier. Les services opérationnels de la Sûreté nationale ont démantelé, durant l’année précédente, 165 bandes de quartier impliquant 722 individus, dont 479 ont été mis en détention provisoire et 113 autres sous contrôle judiciaire. La DGSN avait déclaré que ses services sont déjà à pied d’œuvre pour l’analyse du phénomène criminel des bandes de quartier dont l’activité criminelle se développe et prend forme à l’intérieur des quartiers. Il s’agit d’un véritable travail de fourmis permanent qui se fait au niveau central de la Police, dans le but de prendre des mesures préventives à l’effet d’assurer la protection du citoyen et de sa sécurité, avait estimé l’Inspecteur général des services de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), le Contrôleur général de police Arezki Hadj Saïd, lors d’une conférence de presse tenue à Alger en février 2022. Le même responsable avait également affirmé que la Sûreté nationale «demeure constamment au service des citoyens et répond à ses appels concernant les opérations qui ciblent les quartiers, car, avait expliqué le haut responsable à la DGSN ajoutant qu’«il est nécessaire de lutter contre le simple crime et tous les types de crimes sans répit. Nous tentons de faire notre travail dans le contexte d’une étude approfondie des phénomènes sociaux et criminels, en vue de concrétiser ce qui reste comme infrastructures et centres de police dans les différents quartiers», avait souligné l’Inspecteur général des services de la DGSN.

La solidarité a pris le dessus
sur la violence
La solidarité des Algériens a fait toute la différence durant le Ramadhan 2022. La grande mobilisation était fortement présente durant le mois sacré qu’elle a marqué de toute son empreinte.
De tous âges et des deux sexes, les bénévoles, ces véritables «soldats» de la solidarité, ont envahis les 58 wilayas du pays pour offrir des repas collectifs durant tout le long mois de Ramadhan. Croissant-Rouge Algérien, Scouts musulmans algériens, associations, jeunes bénévoles, ministère de la Solidarité nationale, de différents acteurs se sont engagés, durant le mois sacré, pour venir en aide aux familles nécessiteuses et autres ressortissants étrangers, notamment les réfugiés de guerre. Comme une véritable armée de fourmis, les milliers de jeunes volontaires, ces soldats de la solidarité, ont envahi le territoire national et assiégé des rues, places publiques, cités et structures autour d’une grande mobilisation de volontarisme pour la prise en charge des familles nécessiteuses durant toute la période du Ramadan, des scènes qui resteront gravées à jamais et qui démontrent l’une des caractéristiques de la force du peuple algérien. En milliers, les soldats de la solidarité se sont, dès le premier jour du mois sacré, mobilisés pour un même objectif à savoir : organiser de grands repas d’El Iftar autour des milliers de tables au profit des milliers de ressortissants étrangers mais également des familles nécessiteuses en ce mois sacré. Les scènes de solidarité nationale durant la première moitié du mois de Ramadhan ont été fortement relayées sur les réseaux sociaux, tout comme elles ont fait beaucoup parler d’elles sur les médias locaux et étrangers. Des milliers de jeunes Algériens se sont mobilisés pour assurer des repas chauds à des familles nécessiteuses, réfugiés de guerre, sans-abris et immigrants clandestins, à travers l’organisation de grands repas collectifs pour le Ramadhan 2022. Dans les quatre coins du pays, la mobilisation des jeunes volontaires était considérable et visible partout durant tout le mois de carême.

Les Scouts, véritable armée
de la solidarité
La contribution des Scouts musulmans algériens (SMA) à la solidarité nationale durant le Ramadhan a été grande, large et très efficace. Déclarant la mobilisation de plus de 60.000 Scouts pour le Ramadhan 2022, le Commandant général des Scouts musulmans algériens (SMA), en l’occurrence Abderrahmane Hamzaoui, avait promit une contribution très significative, une présence très étendue et une solidarité sans répit et illimitée des Scouts bénévoles dans le cadre de la grande solidarité durant le mois de Ramadhan. Chose promise, chose due. Chaque jour pendant le mois sacré, une moyenne de 500.000 colis alimentaires ont été distribués par des Scouts et citoyens bénévoles au profit des familles démunies et à faible revenu au niveau national. L’organisation nationale d’El Kechafa avait mobilisé, dirigé et géré plus de 400 restaurants de la Rahma à travers les différentes wilayas du pays durant le Ramadhan. D’après Abderrahmane Hamzaoui la grande opération de solidarité durant le mois sacré à laquelle les Scouts algériens l’ont adhéré a été une grande réussite sur tous les plans.
Selon lui, une grande affluence a été enregistrée durant les trente jours du Ramadhan au niveau de ces restaurants solidaires en raison, a-t-il dit, des conditions sociales difficiles causées par la cherté de la vie.
Sofiane Abi