Un site archéologique unique

«Mers Eddadjadj» de Zemmouri

Le site archéologique «Mers Eddadjadj» (Port-aux-poules), à une quinzaine de km à l’Est du siège de wilaya de Boumerdès et à un jet de pierre du littoral de Zemmouri El Bahri, au Nord, constitue l’un des plus prodigieux sites historiques découverts à l’échelle locale, de par ses vestiges uniques témoins des différentes civilisations qui s’y sont succédés.Les premiers vestiges de ce site, sis en plein centre ville de Zemmouri El-Bahri, ont été mis au jour en 1985, avant l’annonce officielle de sa découverte en 2006, puis son inscription, un an plus tard, à l’inventaire supplémentaire de la wilaya, grâce à une collaboration avec l’association culturelle et artistique «Souagui».
Ce site renferme, à ce jour, d’innombrables vestiges témoins de civilisations multiples, à commencer par la préhistoire, représentés par les pierres taillées remontant à l’âge de pierre, jusqu’à la période berbère, puis les ères punique, romaine et islamique. Il a été, aussi, cité dans les écrits de nombreux voyageurs et érudits réputés, dont «Kitab El Ibar» (Livre des exemples) d’Ibn Khaldoun, et «Histoire générale d’Algérie» d’Abderrahmane El Djilali.
Selon un archéologue de la région, Rabah Belabbes, ce site renfermerait les vestiges d’un village, unique du genre, remontant à l’ère islamique et s’étendant sur une superficie de sept (7) hectares.
Formé de couches souterraines archéologiques relevant de différentes époques historiques, vers le IVe et VIe siècle de l’hégire (entre le 10e et 12e siècle de l’ère chrétienne), le site «Mers Eddadjadj» a bénéficié entre 2017 et 2019, de travaux de prospection archéologique effectués par des étudiants de l’institut d’archéologie de l’université d’Alger 2, avec la participation d’enseignants et de chercheurs de différentes spécialités.
Cette opération avait été précédée par un sondage archéologique effectué en mars 2007, ayant donné lieu à d’importantes découvertes à l’origine du classement du site au patrimoine culturel national en 2016.
Selon les opérations de prospection réalisées en son sein et autres sources et références historiques, le site renferme la ville historique de Mers Eddadjadj, remontant à l’époque islamique. Dans l’antiquité, celle-ci était dénommée «Rusubikari», une importante ville de la Maurétanie césarienne, construite sur les ruines d’un comptoir de négoce de l’époque des carthaginois, au VIe siècle avant J.C.
En 1225, ce pôle économique d’importance fut l’objet d’une attaque militaire de la part de Yahia Ben Abi Ghania El Miourki, qui avait conduit une importante révolte contre les Almohades, en détruisant leurs villes et forts, dont cette cité, qui fut dès lors ensevelie sous le sable pour des siècles, avant sa mise au jour en 2006.
Considérant la valeur historique, notamment au plan touristique, et l’importance culturelle et archéologique de ce site, un grand espoir est fondé par les habitants de la commune côtière de Zemmouri, à travers les associations de la société civile dédiées au patrimoine, sur le début de mise en œuvre de son plan de protection et valorisation.
Un espoir partagé par M. Belabbes Rabah, président de l’association «Souagui», qui s’est félicité, dans une déclaration à l’APS, à l’occasion du mois du patrimoine, de «l’entame de la mise en œuvre du plan technique de protection et valorisation du site, qui ouvrira la voie à d’autres découvertes», espère-t-il, appelant à la nécessité de garantir les fonds nécessaires pour la protection des vestiges déjà mis à jour.
Il a aussi lancé un appel en direction des associations locales du domaine, des autorités et des organismes culturels, en vue de la «poursuite des efforts» pour la mise au jour des autres trésors archéologiques renfermés par ce site, selon les conclusions des missions de prospection réalisées à son niveau.
«Il est impératif d’œuvrer à la transformation de ce site, à l’avenir, en un musée à ciel ouvert, qui sera doté d’équipements, de nature à le promouvoir en une destination touristique», a, par ailleurs, recommandé M. Belabbes.
A noter, l’entrée en mise en œuvre, depuis mars dernier, du plan technique de protection et valorisation du site archéologique «Mers Eddadjadj», et des zones protégées de Zemmouri El Bahri, suite à l’adoption de sa mouture finale par l’Assemblée populaire de la wilaya (APW).
Selon l’exposé de ce plan présenté devant l’APW, ce site archéologique a bénéficié d’une opération de clôture, qui est toujours en cours, pour le protéger de la dégradation et du pillage.
Ce plan se repartit en trois étapes. La première est relative à un diagnostic et à la prise de mesures d’urgence pour le site, tandis que la 2ème phase prévoit la réalisation des relevés topographiques et archéologiques du site, avec l’élaboration d’un plan directeur d’aménagement et d’urbanisme (PDAU) et d’un plan d’occupation du sol (POS).
La 3ème phase porte sur l’élaboration de la version définitive de ce plan.