A plus de 113 dollars, le pétrole profite largement du désaccord

L’UE divisée sur un éventuel embargo sur le pétrole et gaz russes

Depuis deux jours, les prix du pétrole poursuivent leur ascension, soutenue par la décision des pays membres du groupe informel Opep+ d’augmenter modestement leur volume de production de 432.000 b/j supplémentaires pour le mois de juin prochain et les désaccords des pays membres de l’Union européenne (UE) de la question de l’embargo sur le pétrole et gaz russes. Au lendemain de la réunion des pays membres de l’UE à Bruxelles en Belgique, les cours de l’or noir ont frôlé les 114 dollars retrouvant ainsi leur record d’il y a quelques semaines. Soutenu par les Etats-Unis, le bloc européen veut imposer un sixième paquet de sanctions à la Russie en mettant en place un embargo sur son pétrole et son gaz. Cette démarche se heurte à l’opposition de la Hongrie qui bloque la proposition, mais aussi à la réticence et à l’hypocrisie d’autres pays membres qui, par peur de déni, refusent de s’opposer à une telle décision qui pourrait avoir des conséquences désastreuses sur leur économie.
La Pologne et la Bulgarie ont subi les représailles de la Russie qui leur a coupé le gaz en raison de leur refus de payer les livraisons de gaz en rouble, monnaie russe. Le géant pétrolier russe, Gazprom a mis en garde ses clients européens. Sans nommer les pays, ni les compagnies pétrolières, la Russie a affirmé que dix entreprises ont déjà accepté de payer le gaz russe en rouble, a rapporté l’agence de presse russe Interfax.
Gazprom livre quotidiennement des quantités de gaz importantes aux pays européens, selon la même source. La question de l’embargo sur le gaz et pétrole russe divise l’UE, pourtant rassurée par les Etats-Unis et l’Agence internationale de l’Energie (AIE) quant à la poursuite de son approvisionnement en gaz en cas d’arrêt des importations de gaz russe. Le Premier ministre hongrois Viktor Orban n’est pas de cet avis. Il s’est farouchement opposé à « la proposition de la Commission européenne d’interdire les achats de pétrole et de produits pétroliers à la Russie d’ici à la fin de l’année », estimant que cette décision portait « atteinte à l’unité de l’Union européenne », selon l’Agence France Presse (AFP). « Depuis le début, nous avons clairement signifié qu’il y avait une ligne rouge, à savoir l’embargo sur l’énergie. Ils ont franchi cette ligne », a-t-il averti. Cette opposition met à mal les projets de l’UE, mais aussi des USA, engagés dans une guerre financière et économique contre la Russie. Les deux alliés cherchent l’effondrement de l’économie russe qui, malgré les sanctions et les conséquences désastreuses sur le pays, résiste encore. Le défaut de paiement tant attendu peine à venir.
Cette situation est à l’origine de la hausse des cours du pétrole qui risque de grimper davantage avec le resserrement de l’offre. L’Opep+ enregistre un déficit assez important dans sa production, mais si les Européens parviennent à s’accorder sur l’interdiction des importations d’hydrocarbures russes, le marché mondial connaîtra un choc inédit de l’offre qui plongera le monde dans la récession.
« Le sixième paquet de sanctions contre la Russie vise aussi le secteur financier avec l’exclusion de la plus importante banque russe, la Sberkank (37% du marché russe), et de deux autres établissements bancaires du système financier international Swift. Et trois canaux télévisés russes, dont Russia 24 et Russia RTR, seraient interdits de diffusion dans l’UE », a indiqué l’AFP. Samira Tk