Pour se protéger, l’Algérie lance sa stratégie !

Le Maghreb en proie à une crise alimentaire aiguë

La faim s’étend dans le monde. En 2021, la crise alimentaire a touché « près de 40 millions de personnes supplémentaires pour atteindre près de 200 millions, en raison des conflits et des crises climatiques et économiques », selon le dernier rapport, publié mercredi dernier, par le Réseau mondial contre les crises alimentaires (GNAFC), mis en place par l’Union européenne, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM). Si rien n’est fait pour soutenir les zones rurales et les politiques agricoles locales, les pays ultra dépendants des importations des produits agricoles risquent de sombrer dans une crise alimentaire et économique sans précédent avec la hausse continue des cours des matières premières agricoles, du fret et coûts à la production.
Nombreux sont les pays qui ont déjà créé leur bouclier alimentaire pour faire face à l’insécurité alimentaire. L’Algérie, très dépendante des importations des matières premières agricoles, est actuellement à l’heure des choix stratégiques. Dans sa nouvelle vision, l’Etat mise sur l’approche collaborative entre investisseurs et autorités afin de renforcer et de diversifier la production agricole et promouvoir l’industrie agroalimentaire. Plusieurs mesures de soutien à l’investissement dans le secteur agricole ont été prises par les pouvoirs publics en vue d’augmenter la production des produits agricoles importés et ainsi réduire la facture des importations, trop élevée en raison de la flambée des cours des matières premières agricoles à l’international. Tirée aussi vers le haut par le grand import, avec les coûts élevés du fret, notamment, ceux des containers, des emballages (carton, aluminium, verre). Un autre secteur à promouvoir pour éviter l’importation des emballages qui génère des surcoûts inutiles. Le développement de l’activité du recyclage devait figurer parmi les priorités du secteur industriel, mais la priorité actuellement est de garantir l’approvisionnement du marché en produits de large consommation pour éviter les pénuries et contrer l’inflation. Cette dernière érode progressivement la valeur de la monnaie nationale face à la devise (dollars et euro).
La dépréciation de la monnaie nationale et la hausse des cours des produits alimentaire à l’international depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, le 24 février passé, ce qui a impacté drastiquement l’offre mondiale de plusieurs produits alimentaires de base, sans parler des minerais et d’hydrocarbures.
La crise énergétique en Europe n’a certes pas touché directement l’Algérie, mais le pays subit indirectement la hausse des produits énergétiques (carburants indispensables pour le transport des marchandises), mais aussi par l’impossibilité de renflouer ses réserves de blé en raison de l’embargo sur les céréales russes et le bannissement de la Russie du réseau financier mondial « Swift ». Cette situation a contraint les autorités à chercher de nouveaux marchés pour s’approvisionner en blé afin d’éviter d’éventuelles pénuries, à un prix très élevé. L’Algérie pourrait compenser la hausse des dépenses conjoncturelle par la hausse des cours du pétrole et du gaz sur le marché mondial, mais elle devrait aussi accélérer dans le même sens de son secteur agricole. C’est une nécessité pour atteindre sa souveraineté alimentaire et préserver sa population de tout trouble social.
Les autorités tentent de trouver des solutions aux problèmes liés à l’irrigation agricole, à la semence, mais aussi aux incidents climatiques qui ont un impact majeur sur les niveaux de production agricole. Le pays reste très dépendant des intrants agricoles (semences, produits phytosanitaires, aliments du bétail), également en hausse. Tout comme la poudre du lait qui a vu ses coûts de production s’envoler ces derniers mois et l’offre est très restreinte sur le marché mondial.
La solution trouvée par les autorités du pays pour faire face à la crise du lait qui marque le marché national est d’encourager la production du lait cru, l’activité de l’élevage et de la collecte. Quant à la problématique de la pénurie de l’huile de table et du sucre, produits localement, l’Etat a interdit leur exportation aux côtés de plusieurs autres produits de large consommation. L’objectif est de freiner l’inflation et éviter les pénuries. Une mesure protectionniste, justifiée par les pressions que connaît le marché mondial des matières premières exacerbées par la guerre en Ukraine.
La poursuite de cette guerre provoquera selon l’Organisation des Nations unies (ONU) la destruction de l’humanité et appelle les pays riches à aider les pays pauvres pour faire face à la crise alimentaire. L’Afrique en première ligne.
Samira Takharboucht