Le cœur battant du Ksar de Kenadsa

L’ancien quartier de La Casbah

L’ancien quartier de La Casbah, cœur battant du Ksar de Kenadsa (Béchar), témoigne encore, à travers ses deux mosquées, sa zawiya, ses allées et ses tombeaux, de la beauté de l’architecture et de la richesse de l’histoire des ksour de la Saoura malgré la désertion de ses habitants pour des maisons modernes et l’effondrement de certaines façades de ce palais antique classé patrimoine national depuis 1999 et qui date de plus de 8 siècles.Cet ancien quartier abrite la vieille mosquée de Sid el Hadj ben Ahmed et la mosquée «Sidi M’hamed Ben Bouziane», en plus du tombeau de «Lalla Oum Kelthoum» et de nombreuses allées et chemins étroits.
Fidèles à leur vocation religieuse, sociale et culturelle, ces deux mosquées «continuent d’être un lieu d’accueil et de prière notamment le vendredi et pendant les fêtes religieuses.
Le ksar se distingue par ailleurs par son armoire «Ziania Kendoussia» qui contient de nombreux manuscrits anciens et rares sur la religion, la littérature et l’histoire de la région. C’est aussi un centre culturel avec ses différentes activités et événements scientifiques et culturels. Soltani Toufik, l’un des «habitants autochtones du ksar», a indiqué que «cet édifice, de par son cachet architectural saharien, revêt une grande importance historique, rappelant qu’il a donné naissance à la ville de Kenadsa qui a enfanté de nombreux savants. Le ksar a également été un espace de métissage culturel et religieux à travers l’histoire..», citant l’exemple de son architecture qui «comprend notamment des vestiges de l’architecture ottomane et la résidence de l’écrivaine et exploratrice suisse Isabelle Eberhardt».
A l’instar de tous les ksours de Bechar et de Saoura, ce ksar, qui se distingue par ses ruelles froides en été et chaudes en hiver, est connu pour ses édifices construits en brique et en pierre et leurs toits en tiges de cannes, en feuille de palme et en laurier.
Le ksar comprenait de nombreuses grandes maisons qui se sont effondrées. Actuellement, il ne reste que des ruines faites de troncs de palmiers, de décorations colorées ou encore des gravures d’expressions religieuses.
La majorité des habitants du ksar ont déserté les lieux pour des bâtisses modernes. Les visiteurs ne constatent que quelques touristes qui font un circuit touristique dans le vieux quartier ou encore certains anciens habitants qui visitent de temps en temps leurs anciennes demeures.
Dada Bouziane, un habitant de Kenadsa et propriétaire d’un espace touristique à côté du ksar, a indiqué qu’il «reçoit des touristes algériens et étrangers dans sa tente traditionnelle et fait le guide pour la présentation du palais».
Il déplore la «marginalisation et la situation désastreuse» du ksar, faisant observer que «les touristes ne découvrent en réalité que les deux mosquées et les pistes».
Pour Dadda «les opérations de restauration réalisées sur le ksar n’étaient pas efficaces», expliquant que l’abandon des maisons demeure la principale raison de leur effondrement».
Et de préciser que «l’intervention des autorités est difficile du fait que les maisons sont des propriétés privées, notamment avec les problèmes d’héritage».
Lahcen Tourki, directeur de la culture et des arts de la wilaya de Bechar, affirme que les facteurs de détérioration du Ksar sont multiples, dont «les interventions anarchiques et l’expansion urbaine outre les facteurs naturels», ajoutant que le Ksar «a connu plusieurs opérations de restauration et de réhabilitation qui ont touché certains éléments architecturaux communs tels que la mosquée et l’école coranique…».

Une histoire ancienne
Nimansi Mohamed, conservateur du patrimoine et responsable du musée du patrimoine de Kenadsa, qui est également guide touristique, explique que le Ksar «a été créé il y a plus de huit siècles par Sid El-Hadj ben Ahmed, qui avait construit une mosquée portant son nom, Masjid El-Atik ou l’ancienne mosquée du vieux Ksar. Avec l’émergence de Ben Bouziane, ce dernier avait aussi construit sa mosquée, et avec lui est apparue la Zaouïa Ziania qui compte de nombreux adeptes à Tombouctou, dans la région du Sahel et en Algérie.
L’orateur indique que ce Ksar, qui occupe une superficie de «17 hectares», se compose de chemins bien connus tels que Darb El-Fekhara et El-Hajjawa et plusieurs quartiers tels que le quartier El-Abid (les esclaves) et le quartier El-Yahoud (les juifs), en plus des nombreuses maisons luxueuses qui ont appartenu aux Almoravides et autres nobles. La culture et la science étaient prospères.
M. Nimansi conclut en précisant que le Ksar a également eu un «grand rôle» dans la résistance face au colonialisme français. En 1869, la Zaouïa Ziania avait regroupé de nombreux autres Zaouïas algériennes dont les zaouias Tidjania et Kadiria, afin de s’unir pour combattre le colonisateur.».
R. C.