Le colonel Si M’hamed Bougara, un héros de la Révolution

Médéa

La localité de Ouled-Bouachra, située à une trentaine de kilomètres du chef-lieu de la wilaya de Médéa, a commémoré, jeudi dernier 5 mai 2022, en présence des autorités civiles et militaires de la wilaya de Médéa, à leur tête M. Djaid Mous, wali de Médéa ainsi qu’une foule nombreuse composée de Moudjahidine et enfants de chouhada, le 63e anniversaire de la mort au champ d’honneur de cet illustre héros que fut le colonel Si M’hamed Bougara (de son vrai nom Ahmed Benlarbi Bougara). Il vit le jour un jeudi 2 décembre 1928 à Khemis Miliana dans la wilaya de Aïn Defla, le colonel Si M’hamed Bougara, issu d’une famille modeste, s’avère dès son jeune âge un farouche défenseur de la cause du peuple algérien. Il milite très jeune au MTLD et fait partie des mouvements de jeunes. Il est responsable du groupe SMA (scoutisme qui devient la véritable école du nationalisme avec comme dirigeants Mohamed Bouras de Miliana, Omar Lagha, Sadek El Foul, Bouza Mohamed). Arrêté au lendemain des évènements du 8 mai 1945, il reprend la lutte dès sa libération. Membre de l’Organisation secrète (OS), la répression ne l’épargnera pas. Il fut arrêté en 1950 avec plusieurs de ses compagnons. Libéré trois ans plus tard, il fut interdit de séjour dans son département. Cela ne l’empêcha pas de poursuivre avec la même détermination ses activités patriotiques. Dès le 1er novembre 1954, il entame l’organisation des maquis : campagnes de sensibilisation, pénétration et formation des unités d’élite. Il multiplia les rassemblements populaires, désigna partout des responsables locaux à la tête des cellules. L’organisation s’implanta solidement dans toutes les régions. Il participera le 20 août 1956 au congrès de la Soummam et fut désigné commandant politique, membre du conseil de la wilaya 4, selon le nouveau découpage FLN/ALN. «Face à un ennemi plus puissant, nous sommes appelés à définir dans notre lutte un type de guerre populaire, pour lequel l’adversaire n’est pas préparé et notre arme absolue demeure l’organisation», disait-il à ses djounoud. Bientôt, sous son impulsion, la wilaya 4 fit trembler l’armée coloniale et compta des chefs prestigieux comme Si Lakhdar, Si Abdelaziz, Si Azzedine, Si Hamid «Platine», Si Boualem «Bousbaâ» (de son vrai nom Bachir Attar). Les célèbres katibate aux noms légendaires, telles El Hamdania, Zoubiria, Athmania, les commandos «Djamel» et «Ali Khodja», marquèrent en lettres d’or leurs batailles à Bouzegueza, Amrouna, Djebel Louh, Bab El Bakouche. Promu colonel, Si M’hamed organisa la vie dans les maquis et les zones contrôlées par l’ALN : éducation, santé, propagande, aides aux familles des martyrs. L’ennemi échoua lamentablement dans les batailles devenues célèbres : Z’barbar, Oued El Akhra, Palestro, El Medad, Tizi Franco. Si M’hamed fut aussi à l’origine de la création et l’installation du conseil de la wilaya 6. Il lutte avec acharnement contre les différents complots organisés et dirigés par le général Lagardes et le capitaine Leger : destruction des unités messalistes commandées par Belounis, ralliement de la harka dirigée par Belhadj Djillali dit «Kobus», offensive générale contre la «bleuite» (traitres infiltrés). Mais vient ce jour fatal, le 5 mai 1959, où si M’hamed tomba héroïquement au champ d’honneur au cours d’un accrochage meurtrier à Ouled Bouachra, dans la wilaya de Médéa, dont le corps n’a pas été retrouvé à ce jour.
Hamid Sahnoun