L’Algérie appelle à faire preuve de retenue et à privilégier l’intérêt du peuple libyen

Affrontements en Libye

L’Algérie a appelé, dans la soirée d’avant-hier mardi, les deux parties en conflit en Libye à faire preuve de retenue et à privilégier l’intérêt du peuple libyen suite au déclenchement d’affrontements armés dans la capitale Tripoli après que Fathi Bachagha, Premier ministre désigné par le Parlement siégeant dans l’Est libyen, fief du maréchal Haftar, ait tenté de prendre par la force Tripoli.

«L’Algérie suit avec une grande inquiétude les récents développements dans le pays frère de la Libye, à la suite du déclenchement d’affrontements armés dans la capitale, Tripoli», a indiqué un communiqué du Porte-parole du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger.
L’Algérie, a poursuivi la même source, appelle toutes les parties libyennes à unifier leurs efforts pour réunir les conditions nécessaires à l’aboutissement du processus d’organisation d’élections libres et transparentes. En tant que, a fait savoir le Porte-parole du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, meilleur moyen permettant de consacrer la souveraineté du peuple libyen dans le choix de ses représentants et la réalisation de ses aspirations légitimes, de mettre fin à la crise et d’asseoir les fondements d’un Etat démocratique et moderne.
Le service de presse du gouvernement libyen désigné par le Parlement a annoncé dans un communiqué l’arrivée du Premier ministre du gouvernement libyen, Fathi Bachagha, accompagné de plusieurs ministres, dans la capitale Tripoli, siège du pouvoir exécutif rival, qui refuse de céder le pouvoir, pour y débuter ses travaux.
Peu après son entrée, des affrontements ont éclaté entre groupes armés à Tripoli. L’ancien ministre de l’Intérieur, Fethi Bachagha a été, pour rappel, désigné, au mois de février, comme Premier ministre par le Parlement siégeant dans l’Est.
Celui-ci n’avait, du moins jusque-là, pas réussi à évincer l’exécutif en place à Tripoli, dirigé par l’homme d’affaires Abdelhamid Dbeibah, qui a affirmé à maintes reprises qu’il ne remettrait le pouvoir qu’à un gouvernement élu.
Un processus politique parrainé par l’ONU a permis, début 2020, la nomination du gouvernement d’Abdelhamid Dbeibah avec comme principale mission l’organisation d’élections législatives et présidentielle, initialement prévue en décembre dernier, mais reportée sine die. Mettant en avant ce report de ce rendez-vous électoral, les adversaires politiques du gouvernement d’Abdelhamid Dbeibah, estiment, depuis, que son mandat a pris fin.
En 2020, les forces du Maréchal Haftar avaient également tenté de prendre Tripoli par la force, avant qu’un cessez-le feu soit signé, en octobre de la même année, entre ces deux camps rivaux pour permettre la tenue des élections en décembre 2021, renvoyées sine-die.
Minée par les divisions entre institutions concurrentes dans l’Est et l’Ouest, la Libye peine à s’extirper de plus d’une décennie de chaos politique et de conflits consécutifs à la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, dans le sillage du Printemps arabe.
Début janvier, l’ex-ambassadeur de l’Algérie en Libye, Salah Boucha a indiqué qu’on ne saurait parler d’un règlement de crise en Libye en l’absence de l’Algérie, ni parvenir à une solution qui soit défavorable à l’Algérie, faisant remarquer que le règlement du conflit doit se faire à la lumière d’une approche renfermant tous les principes fondamentaux de l’approche algérienne.
Intervenant à une conférence au Centre Echaâb pour les études et recherches (Alger) sur “L’avenir de la crise libyenne”, Salah Boucha a affirmé que l’Algérie, dans son approche, a veillé à ce que le règlement de la crise serve en premier lieu les intérêts du peuple libyen qui, en plus d’être maître de sa décision, est appelé à s’unir dans toute sa composante pour réaliser la réconciliation nationale par la voie du dialogue entre belligérants, en sus de la poursuite du soutien, notamment sécuritaire pour permettre à la Libye de parachever le processus d’édification de ses institutions sécuritaires et économiques.
Mettant en avant l’importance d’une solution régionale au conflit libyen, un point déjà affirmé dans le discours politique officiel algérien et clairement exprimé lors des multiples rencontres abritées par l’Algérie pour le règlement de la crise en Libye.
Rabah Mokhtari