Afin de pouvoir agir sur les évènements futurs, comprendre les déterminants de la crise économique mondiale de 1929, de 2008 et celle de 2020/2022

Bulles financières et effondrement économique

Par rapport à la période contemporaine, faut-il considérer la crise de 1929, de 2008/2009 et récente de 2022 avec la crise ukrainienne, comme étant un événement unique dans l’histoire du capitalisme, ou faut-il l’apparenter aux autres crises récentes qui bouleversent les économies capitalistes ? Encore ne faudrait-il pas en tirer des conclusions hâtives.

Des milliers de ménages ont été incapables d’honorer leurs remboursements entraînant des pertes pour les banques et les investisseurs qui ont achetés les titres obligataires ont vu leur valeur s’effondrer d’où la crise de confiance : les banques se sont retrouvées dans une situation ou comme dans un jeu de poker, elles savent ce qu’elles ont dans leur bilan, mais pas ce qui se trouve dans celui des autres car ces mauvais crédits immobiliers ont été achetés un peu partout dans le monde et on ne sait quelle est la répartition du risque d’où une grave crise de confiance et depuis juillet 2007, cette situation fait chuter les bourses et paralyse le marché interbancaire , les banques ne se prêtant plus ou très peu craignant que leurs homologues soient dans une ligne rouge et intervention des banques centrales : face à la paralysie du marché , les banque centrales sont intervenus massivement début août 2007 en injectant plusieurs centaines de milliards de dollars et d’euros de liquidités.

2.- Impact de l’épidémie du coronavirus et des tensions en Ukraine sur l’économie mondiale, 2020/2022
2.1- Avec l’épidémie du coronavirus , nous avons assisté à des replis successifs du PIB mondial et des PIB régionaux – au cours du trimestre de 2020. Le choc est double: l’arrêt de la production dans les pays touchés porte un coup aux chaînes d’approvisionnement dans le monde entier; la chute brutale de la consommation s’accompagne d’un effondrement de la confiance. Les mesures strictes appliquées à travers le monde, bien qu’ essentielles pour maîtriser la propagation du virus, plongent toutes les économies dans une paralysie sans précédent.
Selon la directrice générale du FMI Kristalina Georgieva au cours d’une téléconférence avec le G20.le 23 mars 2020, la récession mondiale consécutive à la pandémie de coronavirus a été pire que celle qui a suivi la crise financière de 2008. En 2009, le PIB mondial avait baissé de 0,6%, selon les données du FMI. Pour les seules économies avancées, il avait chuté de 3,16% et de 4,08% pour les pays de la zone euro. Mais selaon le FMI, il existe une possibilité de reprise en 2021 à condition de donner la priorité au confinement et de renforcer les systèmes de santé. Comme solution, le Fonds Monétaire International propose le financement d’urgence , se disant prêt à déployer toute sa capacité de financement, soit 1000 milliards de dollars et ce pour soutenir les mesures budgétaires extraordinaires que de nombreux pays ont déjà prises pour renforcer les systèmes de santé et protéger les travailleurs et les entreprises concernés. Pour sa part le groupe la Banque mondiale, qui inclut la société financière internationale (IFC) et l’Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA), se dit prêt à déployer jusqu’à 150 milliards de dollars au cours des 15 prochains mois. Ainsi nous assistons à des mesures qui assouplissent la rigueur budgétaire.
A titre d’exemple, la FED va racheter massivement de la dette bancaire, d’entreprise et immobilière, pour un montant d’au moins 700 milliards de dollars (626 milliards d’euros). La Chine a décidé dès le début de la crise de débloquer 75 milliards de dollars pour aider ses entreprises et à assouplir les crédits bancaires. Les entreprises françaises touchées par le coronavirus ont reçu le soutien de l’État, décision validée par la Commission européenne le 21 mars 2020 visant à garantir, à hauteur de 300 milliards d’euros. Pour l’Allemagne , de prêts sans limites garantis par l’État ont été accordés aux entreprises confrontées à une chute de leurs carnets de commandes pour un montant de près de 595 milliards de dollars.
Au Royaume-Uni : une garantie de prêts aux entreprises à hauteur de 390 milliards de dollars et de nouvelles aides directes s’ajoutant à d’autres annoncées précédemment, pour un total de 60 milliards de dollars. Et tous les pays vont dans le même sens: Italie, Espagne, Inde, Australie etc…Ainsi les pays du G7 ont annoncé le 27 mars 2020 , lors d’un sommet virtuel, leur intention d’injecter plus de 5000 milliards de dollars pour contrer les répercussions négatives de l’épidémie. Face à ces aides massives , des pays sont pénalisés car selon le FMI, les investisseurs ont déjà retiré 83 milliards de dollars des marchés émergents depuis le début de la crise, la plus importante sortie de capitaux jamais enregistrée» ayant un impact sur les pays à faible revenu en situation de surendettement.
Durant cette crise courant, nous avons assisté à plusieurs scénarios la crise ukrainienne étant venue plus tard. Ainsi, la Banque centrale européenne a abaissé ses prévisions de croissance pour 2020 et 2021 ayant prévu une croissance de l’économie de la zone de 0,8% pour 2020 Pour la Chine, deuxième puissance économique mondiale, nous avons assisté à la baisse de la production comparable à celle du début de la crise financière mondiale en 2008, la baisse dans le secteur des services étant plus importante.
En 2020, le Premier ministre français , avait affirmé que la France est entrée dans une crise sanitaire jamais connue depuis un siècle et cette crise sanitaire va imposer un coup d’arrêt puissant, massif, brutal, à l(économie. Face à cette situation, nous avons assisté à une panique des bourses mondiales et à des mesures drastiques de la part des gouvernants comme par exemple l’action de la FED qui a baissé ses taux le 05 mars 2020 de 1 point, les ramenant dans une fourchette comprise entre 0 et 0,25 % reprenant ses opérations d’achats de titres, connues sous le nom de « quantitative leasing » (QE) afin d’augmenter le bilan de la banque. Mais la crise ukrainienne est venue bouleverser toutes les prévisions économiques 2022/2023.

2.2- Quelles incidences des tensions en Ukraine sur le cours des hydrocarbures, les produits alimentaires et la sécurité mondiale ? Pour le gaz traditionnel les plus grandes réserves mondiales sont détenues par la Russie 45.000 milliards de mètres cubes gazeux, l’Iran 35.000 et le Qatar plus de 15.000. La Russie possède 6,4 % des réserves mondiales de pétrole et surtout 17,3 % des réserves de gaz naturel étant le second producteur mondial de gaz derrière les États-Unis, mais est le premier pays exportateur au monde, l’économie russe étant très fragile parce que ses exportations sont peu diversifiées, étant fortement dépendante des hydrocarbures (gaz et produits pétroliers) qui représente 25 % de la richesse produite (PIB) et 57 % de ses exportations.
Selon la société de conseil Enerdata, l’Union européenne est le troisième plus gros consommateur d’énergie du monde en volume, derrière la Chine et les Etats-Unis, la consommation énergétique primaire s’étant élevée à 1,3 milliard de tonnes d’équivalent pétrole en 2019 pour environ 447 millions d’habitants, contre 2,2 milliards aux Etats-Unis pour 333 millions d’habitants la même année, Plus de 70 % de l’énergie disponible européenne est d’origine fossile : le pétrole (36 %), le gaz (22 %) et le charbon (11 %) dominent ainsi les autres sources d’énergie, même si leur part dans le mix en Europe a diminué de 11 points depuis 1990. À l’inverse, les énergies renouvelables représentaient plus de 22 % de la consommation finale d’énergie dans l’UE en 2020, contre 16 % en 2012, avec une extrapolation de 50% horizon 2030. Selon Eurostat, les principaux fournisseurs de l’UE entre 2020/2021, étaient la Norvège (20 %), l’Algérie (11 %, d’autres), les Etats-Unis (6%) et le Qatar (4 %) et le plus grand fournisseur étant la Russie avec 46/47% avec des disparités pour le gaz russe : l’Allemagne (66%).
Ensuite, on a l’Italie 45% avec une percée de l’Algérie, la Bulgarie (75%), la Slovaquie (85%), l’Estonie (93%) la Finlande (97,6%) ou encore la Lettonie et la République tchèque (100% Italie 45%. D’autres pays sont moins dépendants comme les Pays Bas 26%, la France 17% grâce au nucléaire, l’Espagne 10% et la Slovénie 9%. Quelle alternative au gaz russe ? Selon certains experts de l’Union européenne, une diminution, voire un arrêt total, des livraisons de gaz russe serait fort dommageable pour de nombreux pays européens, les alternatives existent mais étant coûteuses. Pour pouvoir analyser les véritables impacts et enjeux économiques, il est intéressant d’analyser le flux des échanges commerciaux entre la Russie et le reste du monde d’une part et les flux entre l’Europe et la Russie pour 2021 selon les statistiques internationales. Pour l’Europe les principaux partenaires à l’exportation sont le reste du monde 56,5% ; les USA 18,3% ; la Chine 10,2%. On a également la Suisse 7,2%, la Russie 4,1% et la Turquie 3,6%. Les principaux pays à l’importation sont le reste du monde 49,6% ; la Chine 22,4% ; les USA 11% ; la Russie 7,5% ; la Suisse 5,9%. Et la Turquie 3,7%. Quant à la Russie, pour les importations, les principaux partenaires pour les importations sont l’Union européenne 34%, la Chine 23%, Biélorussie 5%, USA 6%, Turquie 2%, la Corée du Sud 3% et autres pays 27%.
Pour les partenaires en matière d’exportation, nous avons l’union européenne 38% ; la Chine 14% ; Biélorussie 5% ; USA 3% ; Turquie 5% ; et la Corée du Sud 4% et autres 31%. Ainsi, du du fait de l’interdépendance des économies au niveau mondial, cette situation a des retombées négatives sur la Russie où une simulation de l’Union européenne de fin février 2022, donne un impact négatif sur le PIB russe, moins 2,9% pour le gaz, les exportations gazières vers l’Europe représentant à elles seules entre 15/20% du PIB. Mais les impacts sont également négatifs sur le reste du monde où selon le FMI , le risque est une récession de la croissance mondiale, tous les pays y compris la Chine dont sa future stratégie de la route de la Soie et uniquement pour l’Allemagne, locomotive de l’économie européenne, la croissance risque d’être divisée par deux pour 2022, selon la Banque centrale allemande.
A court terme , vouloir substituer totalement le gaz russe par d’autres partenaires est très problématique, car , l’investissement hautement capitalistique étant lourd et à maturation très lente, malgré le gel du Stream2 d’une capacité de 55 milliards de mètres cubes gazeux d’un coût supérieur à 11 milliards de dollars qui constitue une perte sèche pour la Russie. La flambée du prix du gaz et du pétrole se répercutent sur toute la chaîne des valeurs, en économie, la production étant production de marchandises par des marchandises. Car outre la très grande dépendance de l’Union européenne au gaz russe, existent également celle de plusieurs métaux indispensables à la transition écologique comme le nickel, le palladium ou encore l’aluminium, un enjeu stratégique qui pourrait freiner le développement des batteries électriques, des pales d’éoliennes ou des panneaux solaires. Le pays est également un des plus gros producteurs de nickel au monde, le troisième derrière l’Indonésie et les Philippines. Et du côté aluminium, les Russes pèsent 6 % de l’approvisionnement mondial, une part faible mais assez importante pour faire hausser les prix. Cela influe sur les endettements des États contraints pour garantir à court terme la cohésion sociale. L’éventuelle récession mondiale en 2022 selon une note du FMI début mars 2022, avec des impacts négatifs tant pour la Russie que l’Europe du fait de l’interdépendance des économies, risquant d’accroître les pénuries, accroître l’inflation et la dette publique des Etats qui est passée antérieurement du fait de l’épidémie du coronavirus, d’environ 70 % du PIB en 2007 à 124 % du PIB en 2020, la dette privée, ayant augmenté plus lentement, passant de 164 % à 178 % du PIB au cours de la même période. Au niveau mondial, selon le FMI , pour 2020 la dette globale a atteint un montant de 226 000 milliards de dollars ayant augmenté de 28 points de pourcentage pour atteindre 256 % du PIB mondial.
A.M.
(A suivre…)