«Tout est lié au système juridique», selon Zeghdar

Relance du secteur de l’automobile

La publication du nouveau cahier des charges régissant l’activité d’importation de véhicules neufs tarde à venir. Les concessionnaires automobiles ont, à maintes reprises, crié leur détresse et sollicité l’intervention du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, pour accélérer la mise en œuvre du nouveau cadre réglementaire régissant leur activité. Le dossier est toujours en cours d’examen par les services concernés, ce qui creuse le retard concernant la relance de cette activité, créant un vide juridique qui a eu pour effet le blocage des investisseurs et des concessionnaires en attente d’autorisation pour relancer leurs projets.
Interrogé à nouveau sur cette question, devenue polémique, le ministre de l’Industrie, Ahmed Zeghdar, a affirmé que la relance de cette activité, qui n’est pas encore d’actualité, est liée au «système juridique», estimant qu’avec la publication de la nouvelle loi sur l’investissement, adoptée jeudi dernier en Conseil des ministres, ouvrira la voie aux investisseurs étrangers et nationaux afin d’investir de manière efficace dans ce secteur.
Le ministère de l’Industrie plaide pour la fabrication locale de véhicules afin de promouvoir le secteur qui a longtemps souffert du monopole de l’activité par les importateurs. L’une des raisons qui ont poussé les autorités à revoir le cahier des charges ainsi que le système juridique régissant cette activité.
Se passer du montage automobile en encourageant l’investissement dans la construction locale de véhicules, de tracteurs et de bus avec des partenaires étrangers ainsi que le développement de la sous-traitance pour arriver à un taux d’intégration local élevé. La nouvelle loi sur l’investissement encouragerait les grandes entreprises étrangères spécialisées dans ce domaine à venir investir en Algérie, évoquant dans cette perspective l’importance du régime d’importation des chaînes de production rénovées et du régime d’exemption de droits de douane et de la taxe sur la valeur ajoutée, les composants et matières premières, importés ou acquis, dans la relance et le développement du secteur industriel.
«Le régime d’importation des chaînes de production rénovées permettra de renforcer les capacités nationales et de relancer et diversifier les activités industrielles, en saisissant les opportunités offertes au niveau des marchés internationaux», a-t-il indiqué en marge du lancement officiel de ce régime qui autoriserait désormais les investisseurs nationaux à acquérir des usines d’occasion, à rénover et à remettre en marche. Oeuvrer ainsi au développement de plusieurs infrastructures indispensables pour l’impulsion de l’investissement national. Tous les projets d’investissements seront désormais évalués et suivis de près par l’Agence algérienne de promotion de l’investissement, ancienne Agence nationale de développement de l’investissement (ANDI), mise en œuvre dans le cadre du nouveau Code de l’investissement. Cette agence permettra, selon M. Zeghdar, de «capter les initiatives locales et de promouvoir les IDE et les grands projets à travers des guichets uniques».
Le premier responsable du secteur n’a pas fait de nouvelles révélations concernant l’état d’avancement du dossier de l’importation de véhicules, mais le dossier pourrait connaître bientôt un dénouement. Les autorités semblent prendre en compte les mutations actuelles du marché international de l’automobile qui pourraient constituer une véritable opportunité pour le pays. Le secteur de l’automobile mondial va très mal. Plusieurs usines de fabrication de véhicules sont fermées en Russie et en Ukraine depuis le début de la guerre en Ukraine, ce qui les pousse à penser à la relocalisation de leurs unités de production. L’Algérie pourrait saisir cette occasion pour attirer les investisseurs étrangers sur son marché. En attendant la relance de ce secteur, les prix du véhicule en Algérie montent en flèche, devenant inaccessibles pour le citoyen lambda.
Samira Takharboucht