L’Algérie et l’Italie, regard tourné vers l’avenir

Tebboune en visite de trois jours en Italie :

Une semaine après avoir effectué une visite d’Etat qualifiée de très réussie par des observateurs, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune quitte Alger à destination d’Italie pour une visite de trois jours à l’invitation du président de la République d’Italie, Sergio Mattarella. C’est l’occasion pour les deux dirigeants d’échanger leurs points de vue sur les mécanismes d’approfondissement des liens bilatéraux et du maintien de leur dynamique positive, en ces temps de crise. Les deux pays s’engagent, désormais, à faire progresser la coopération bilatérale à hauteur de leur potentiel afin de mieux répondre à leurs intérêts communs dans une conjoncture internationale complexe. De nombreux défis à relever.
Par ailleurs, l’intérêt actuel de l’Italie est d’assurer sa sécurité énergétique afin de maintenir la dynamique de sa machine industrielle et protéger sa population. Au secours de l’un de ses partenaires européens, l’Algérie accepte d’augmenter ses livraisons de gaz vers l’Italie et signe plusieurs accords de coopération dans le domaine de l’énergie et de l’entreprise. L’objectif est aussi d’augmenter les échanges économiques entre les deux pays, en se coordonnant étroitement dans la mise en œuvre des mécanismes de coopération déjà existants. «Les échanges commerciaux entre les deux pays ont atteint les 8,5 milliards de dollars en 2021, en forte hausse par rapport à l’année 2020 qui étaient de près de 6 milliards de dollars», selon des données du ministère du Commerce et de la Promotion des exportations.
Les deux pays ne cessent de réitérer depuis plusieurs mois leur volonté d’approfondir leurs relations bilatérales et élargir la coopération vers d’autres domaines que celui de l’énergie. Le Gazoduc Transmed a «permis à l’Algérie d’exporter vers l’Italie une quantité de 14,8 milliards de m3 de gaz naturel en 2020, en progression de 12% par rapport à 2019, classant ainsi l’Algérie deuxième fournisseur avec une part de marché estimée à 22%», a précisé la même source.
Le volume des exportations de gaz vers ce pays va augmenter de 9 milliards m3/an à partir de 2023/2024, à la faveur de l’accord signé, le 11 avril dernier à Alger par les P-dg des groupes Sonatrach et Eni», pour rappel.
Les deux pays prévoient aussi de diversifier leur coopération dans le secteur de l’industrie mécanique, de l’agriculture, de l’enseignement supérieur, du tourisme et de la culture. Mais aussi dans l’entrepreneuriat. L’expérience italienne dans les domaines des petites et moyennes entreprises, la construction navale, l’industrie pharmaceutique, les technologies de l’information et des télécommunications, ainsi que la restauration de bâtiments anciens inspire l’Algérie qui vise désormais la réforme de son secteur économique, mais aussi réglementaire pour attirer les investisseurs étrangers. Les hommes d’affaires italiens sont invités à venir investir en Algérie et profiter des avantages qu’offre la nouvelle loi sur l’investissement, adoptée la semaine dernière en Conseil des ministres.
Le nombre d’entreprises italiennes présentes en Algérie s’élève à plus de «200 entreprises en activité dans les grands travaux publics, l’industrie, les équipements et le machinisme», selon la même source.
Les forums d’affaires entre des délégations des deux pays devraient donner plus d’élan aux relations de coopération dans divers domaines et, par conséquent, augmenter le volume des investissements italiens en Algérie.
Le pays pourrait aussi profiter du Gazoduc Transmed pour diversifier ses clients européens à la recherche de nouveaux fournisseurs de gaz et négocier au prix fort ses contrats de livraison. La rencontre entre les deux dirigeants, algérien et italien, serait-elle une occasion pour parler du sort du projet du Gazoduc «Galsi»? Cette semaine, le P-dg du groupe Sonelgaz, Mourad Adjal, et le ministre italien de la Transition énergétique, Roberto Cingolani ont discuté de l’éventuelle réactivation du projet d’interconnexion électrique entre l’Algérie et l’Italie par câble sous-marin entre l’Algérie (Cheffia) et l’Italie (Sardaigne) pour une capacité de 1.000 à 2.000 MW, selon le communiqué de la compagnie nationale.
Samira Takharboucht