Le langage de l’artiste entre dans la catégorie des langages ésotériques

L’art est un processus de communication du langage

L’art est un des langages ésotériques qui demandent un cheminement méthodique pour arriver à un décryptage convaincant, d’où l’idée de processus, démarche en plusieurs étapes pour arriver au stade de compréhension de ce langage.Donc, on ne saisit pas le langage artistique comme le langage articulé de communication courante. Des difficultés sont à surmonter pour arriver à comprendre ce que véhiculent l’art sous toutes ses formes : pictural, scriptural, symbolique, iconique ou autres.. Il faut interroger méthodiquement une toile, après l’avoir bien examinée pour arriver à en saisir la portée et à faire part de ses messages. Il faut l’examiner avec beaucoup d’attention, car un petit détail comme un coup de pinceau ajouté à l’ensemble harmonieux des couleurs, peut être porteur de sens ou être un indicateur d’intention volontaire de l’artiste, d’ailleurs il ne peut y avoir de signe involontaire de la part de l’auteur et cela rentre dans le processus de communication du langage. Il en est de même d’une œuvre musicale, qu’elle soit de musique vocale ou de musique instrumentale. L’artiste dans ce domaine de création, est quelqu’un qui a dû faire des études très poussées et obtenu des diplômes internationalement reconnus parce qu’ils portent la signature d’une grande école ou université de musique. Nous en avons des exemples comme Iguerbouchen qui a composé des musiques pour de grands films, ou Amel Brahim Djelloul qui a fait les grandes écoles de musique pour devenir une grande musicienne. La musique est un langage qu’il convient de savoir décrypter ; d’abord, il faut avoir l’oreille musicale c’est-à-dire savoir écouter attentivement des morceaux de musique pour pouvoir interpréter et il faut aimer la musique pour laquelle on est supposés avoir quelques notions acquises par expérience. Le langage musical est plus difficile que le langage articulé, bien que celui-ci présente ses difficultés. Prenons la poésie qui est l’art de composer des vers avec des mots pour exprimer des sentiments ou décrire des faits et évènements, sinon des lieux moyennant des vers pas toujours faciles à comprendre et à expliquer, on n’a qu’à prendre les poèmes de Djebrane Khalil Djebran pour s’en rendre compte. Même les textes en prose ne sont pas aussi abordables qu’on le pense. Il reste à parler du langage symbolique qui consiste à interpréter des signes qui rappellent quelque peu les hiéroglyphes de l’Egypte ancienne ; là aussi il faut connaitre les signifiants symboliques et arriver à en dégager les signifiés.

L’art d’associer des couleurs et des sons pour véhiculer un langage
La peinture, le dessin et la musique comme modes d’expression d’un langage ont existé bien avant l’écriture, depuis les hiéroglyphes, les peintures rupestres, la flûte en roseau et le tambour, ils n’ont pas cessé d’évoluer en se diversifiant et en se perfectionnant. La peinture et le dessin ont connu des progrès considérables, il en existe d’actualité en une multitude de genres, mais la musique a donné naissance à une multitude de catégories aussi bien dans le traditionnel que dans le moderne ; les instruments de musique ont été pour beaucoup dans cette diversification des genres musicaux. On est dans les domaines de l’art qui se réinvente sans cesse. Et l’artiste est quelqu’un qui crée continuellement, il a, malgré, l’esprit inventif, au fur et à mesure de ses productions ; il découvre de nouvelles manière d’être pour l’art, des façons plus appropriées de travailler pour mieux penser à l’éventualité d’améliorer les œuvres d’art en faisant l’effort de les fignoler. Le vrai peintre devant sa toile cherche à faire quelque chose d’original pour sortir des sentiers battus, émerveiller, intéresser le décrypteur obligé de réfléchir, d’analyser devant une toile en polychrome, arriver à exprimer en langage clair le contenu après une longue insistance sur chaque détail important : couleurs très nuancées, formes en polymorphe et polysémiques et susceptibles de brouiller les pistes qui donnent accès à une réponse définitive à propos du sens de l’œuvre. Il arrive que l’artiste peintre entre dans l’art abstrait et donne des tableaux avec des formes géométriques à la manière de Picasso qui demandent beaucoup d’efforts pour interpréter. Cela montre qu’on peut expliquer un tableau de la même manière qu’un texte, en utilisant les mêmes procédés, sauf que quand c’est un texte on travaille sur d’autres types de signifiants, les mots écrits sont les constituants de la phrase, alors que dans une toile on travaille sur des formes ou des couleurs pour arriver à comprendre le langage de l’artiste peintre qui entre dans la catégorie des langages ésotériques à l’exemple du langage musical. La musique est l’art de composer des sons pour charmer les oreilles, ces sons constituent des signifiants aux multiples signifiés. Interpréter une œuvre purement musicale n’est pas de tout repos, il faut tenir compte du rythme, de l’intensité, de l’air qui aident à retrouver le ton de la mélancolie, de la joie, du bonheur retrouvé, de la sérénité ; la musique pure demeure un art abstrait dont le langage demande un long cheminement, mais on peut y accéder après des efforts répétés de compréhension.

L’écrit et l’image dans le processus
de communication
Il s’agit de deux supports considérablement performants pour communiquer à condition de savoir émettre et interpréter les messages. Par la magie de l’écrit, on peut transcrire des paroles à envoyer au loin ou les interpréter pour quelqu’un qui les reçoit, dans les deux cas de figure, il suffit de savoir coder et décoder. Cependant le message à décrypter peut être véhiculé par une grande diversité de supports et d’importance variable. S’il s’agit d’un fait divers, récit de type particulier, qu’on a coutume de trouver dans la rubriques « faits divers »d’un quotidien d’information, a ses particularités d’être direct, de rapporter au passé composé des faits ou méfaits récents, s’il est important, il peut inspirer un grand écrivain comme sujet de roman. Mais au cas où c’est un roman, il doit nécessiter une bonne lecture attentive, voire plusieurs lectures, puis une bonne méthode d’analyse pour accéder au langage qui permette d’avoir une idée exacte de son contenu, il existe différentes catégories de romans allant du roman psychologique au roman historique. Une nouvelle ne se lit pas facilement, surtout si c’est de Tchékhov ou de Kateb Yacine, c’est un roman en petit format et qui demande une lecture approfondie pour arriver au sens formulé dans un langage qui laisse apparaitre les différentes étapes du processus d’explication. Quand on a affaire à des recueils de poèmes, le processus qui mène au langage explicatif doit suivre des étapes tortueuses tant certains sont écrits dans un langage particulièrement ardu. Le poète fait beaucoup de transgressions aux normes du langage et aux règles grammaticales, il est aussi un habitué du vocabulaire émaillé de métaphores, de symboles qui rendent difficile l’accès au langage qui explique le contenu. Par ailleurs, les poètes dans leur grande majorité sont peu expansif, ils emploient très peu de mots pour en dire beaucoup, il faut savoir les déchiffrer méthodiquement en s’appuyant sur les récurrences, la rime si c’est de la poésie classique, les sonorités, la portée exacte de chacun des mots essentiels pouvant être déterminant pour arriver à préciser les thèmes. Cependant, il arrive que malgré les méthodes performantes d’analyse, le texte versifié demeure hermétique et ce, contrairement à la poésie engagée qui se laisse facilement décrypter tant la thématique est apparente. La poésie demeure un art comparable à la peinture, surtout la peinture abstraite. Le peintre fait de son mieux pour reproduire des personnages réels ou fictifs en les plaçant dans leur décor naturel qui souvent aide le lecteur à comprendre les personnages. Quant à la prose, elle n’est pas aussi facile et le processus devant conduire à la compréhension est quelquefois le même avec cette différence que l’auteur parle beaucoup pour faire comprendre peu. On parle de textes des grands auteurs de romans ou de pièces théâtrales connues à l’échelle internationale pour la qualité de leur écriture et leur volonté d’aborder les grands thèmes pouvant entrainer d’interminables discussions en langage relevé. Ces œuvres nécessitent une bonne lecture à tête reposée pour en tirer le maximum de profits tant sur le plan de la forme que du fond. Une lecture attentive d’un roman de Mohamed Dib, de Kateb Yacine, de Malek Haddad, de Mouloud Mammeri, de Ben Hadouga ou d’Assia Djebbar vous font découvrir votre pays dans toute sa diversité, ses couleurs naturelles à chaque saison, ses riches traditions dans tous les domaines, artisanales, artistiques, culinaires, vestimentaires parce que ces écrivains sont très connus ,même ailleurs dans le monde pour leur art extraordinaire de peindre les personnages et de décrire les lieux où ils vivent.
A travers le mouvement des acteurs mis en scène, vous découvrez le langage de l’Algérie profonde, avec toute la beauté du paysage qui vous invite à venir le visiter.
Boumediene Abed