Les traces des dérapages et manoeuvres de l’empire des ex-barons du système

Les grandes anomalies du foncier

L’Algérie est l’un des rares pays au monde sinon le seul où une distribution de logements sociaux provoque l’émeute. La dernière scène de violence qui a éclatée dans la wilaya était celle des squatteurs de logements de Sidi Salem, les habitants ont attaqué les brigades d’interventions faisant au moins dix sept (17) policiers blessés gravement en mai 2022. Or, le ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville a indiqué dernièrement que 320 000 habitations toutes formules confondues ont été distribuées en 2021. Le programme du quinquennat 2020/2024 compte des constructions de 1 237 931 unités dont 224 834 cas de logements publics locatifs, 199 658 logements promotionnels, 276 197 logements ruraux, 539 592 logements de type location- vente et 21 448 logements LLP prévus en fin 2022. Soit 30% du total des habitations programmées ont été achevées soit
373 306 unités, 74 365 autres sont à l’arrêt. 200 logements sociaux attribués par l’OPGI demeurent libres, loués et d’autres squattés. C’est à la faveur d’une enquête diligentée par les services de l’OPGI, qu’il a été découvert que les noms des bénéficiaires sur les actes de location ne correspondent nullement avec ceux des occupants.
Les occupants sont en réalité des sous locataires et c’est illégal comme nous l’a affirmé un responsable de ladite entreprise. Un logement octroyé dans le cadre de l’aide sociale de l’Etat, ne peut être ni loué, ni vendu comme le stipule la loi en vigueur. Certains occupants et par ailleurs demandeurs, estimant que ces bénéficiaires sont bien logés ailleurs et n’ont pas besoin de ces appartements qu’ils n’occupent pas depuis des années. Parmi ces logements sociaux vides, des bénéficiaires n’ont pas donné signe de vie et n’ont pas encore payé les cautions relatives à ces attributions plafonnées à 70.000 dinars. Pourtant, ces derniers sont en possession de décisions d’attribution et sont portés disparus ou décédés.
200 logements, situés à la nouvelle ville Benmostefa Benaouda ont été scellés. D’autres sont implantés à Kalitoussa, Bouzaâroura et Boukhadra trois qui ont été ciblés par des enquêtes ont conduit à la découverte de 1.000 autres logements sociaux loués et d’autres vendus illégalement et souvent bradés dans des conditions opaques.
La question de l’habitat a pris des proportions politiques telles qu’elle en devient un argument électoral, un enjeu majeur à l’échelon local pour de nombreux élus de différents partis politique. A la différence de la quasi-majorité des autres nations ; le logement en Algérie passe pour être le baromètre de l’honnêteté du personnel politique.
L’habitat était très longtemps le symbole du système maffieux et corrompu, de sorte que le logement s’offrait en réponse à un ou des services rendu. Tous les citoyens de ce pays ont assisté à l’ascension des serviteurs du système qui grâce au stratagème du logement ont construit des fortunes colossales. Des responsables malhonnêtes et des individus sans sou qui se sont retrouvés à la tête d’un véritable empire dont la valeur peut dépasser des milliards de centimes.

Elargissement du cercle de la mafia politico-financière
Effectivement la faune qu’on peut qualifier d’une mafia politico-financière avait en si peu de temps et depuis les vingt dernières années réussi à bâtir une grande partie de sa fortune sur le détournement des logements sociaux Un phénomène qui durant les années 1980 et 1990 avait pris une proportion étrange et choquante en Algérie. Une réalité amère qu’on sait que des milliers de logements sont distribués au vu et au su de tout le monde sur des listes affichées au public pour des personnes propriétaires de somptueuses villas ou pour des femmes divorcées et sans enfants. Il va sans dire que les années Chadli « Allah yarhamou » puis la décennie noire avaient largement profité au personnel du vieux système qui n’avait pas hésité à se servir. Au vu de l’ampleur du trafic de l’habitat et des détournements dans lesquels de hauts cadres se sont vu mêler,
il est certainement très difficile pour une catégorie de la population illettrée de ne pas voir l’irrégularité et l’injustice des personnages devenus dans un laps de temps des multimilliardaires ayant un objectif premier qui est l’accumulation de capital sur le dos de l’Etat.
Aujourd’hui dans la majorité des villes algériennes, il est des hommes très fortunés qui ont bâti mystérieusement leur empire grâce aux multiples désistements qui rapportent pour chaque opération des centaines de millions nets d’impôts. Eh oui ! l’appétit des serviteurs de l’ancien système avait pris une ampleur terrifiante qui notamment menace la stabilité de la nation.
Dans ce chapitre il est important de signaler que qu’en 1997 l’ex- chef du gouvernement Ahmed Ouyahia avait annulé la procédure de désistement en confiant aux APC la lourde tâche de distribuer les logements sociaux. Une manœuvre qui se voulait transparente mais qui avait créée l’effet inverse.
A Annaba les signes de l’ancienne gouvernance sont très apparents dans le secteur du foncier dans lequel on trouve sur différents boulevards ou avenues des promoteurs qui ont piétiné la réglementation et la loi en vigueur en obtenant des permis de construire et des permis d’extension d’immeubles de plus de 14 étages sur l’avenue Bouzered Hocine ou sur la plage de Rizzi Amor grâce à une certaine complicité des ex-maires de la ville de Annaba et d’employés des services techniques municipaux.
Certains propriétaires d’anciennes bâtisses ou de terrains au cœur de la ville ont souhaité effectuer des extensions de bâtisses dans ces lieux mais ils ont été refusées alors que d’autres gens à Annaba ont réussi à bâtir des immeubles sur la pente de la montée de l’Edough, une terre d’agriculture et d’autres une clinique sur un oued. Tels sont des anomalies inadmissibles et inexpliquées dans l’aménagement des villes modernes.
Finalement les maires étaient devenus les barons du système et ils avaient en réalité élargi le champ des profiteurs des largesses de la République.
Malheureusement l’habitation est devenue une monnaie d’échange et l’occasion d’assurer l’avenir des enfants de certains élus et autres responsables de l’Etat.
C’est ainsi qu’on su sur des listes de bénéficiaires qu’il existe des jeunes filles de 20 ans, des veuves sans enfants, des chauffeurs de certains directeurs de la wilaya et des maires ainsi que beaucoup d’autres personnes proches de la daira ou de la wilaya, révèle-t-on.
Oki Faouzi