La délinquance subsaharienne s’installe en Algérie !

100.000 migrants clandestins condamnés en 10 ans

Que ce soit dans les stations ferroviaires, de bus ou celles des transports modernes tout comme au niveau des grands ronds-points des villes, devant les centres commerciaux et dans les places publiques ou encore dans les grands lieux de la restauration, la présence des migrants clandestins est devenue à vue d’oiseau dans les 58 wilayas du pays. En milliers à pratiquer la mendicité, les migrants clandestins ont envahis les villes du pays jusqu’à même provoquer, parfois, des altercations avec des communautés locales.

Le flux migratoire vers l’Algérie a fortement augmenté au cours de ces dix dernières années. Plus de 200.000 migrants africains clandestins sont aujourd’hui dénombrés en Algérie, tandis que le nombre des migrants condamnés pour des faits criminels ou délits a surplombé tous les compteurs, au total, près de 100.000 migrants clandestins ont été traduits devant la justice au cours de ces dix dernières années. Durant la période allant de 2013 à 2021, plus de 98.700 migrants africains ont été arrêtés et condamnés pour crimes et délits. Parmi eux, on y trouve 55.000 Maliens et 35.000 Nigériens. Des statistiques qui parlent d’elles-mêmes.
Rien qu’entre 2013 et 2018, soit au cours d’une période de cinq ans, le nombre des migrants africains rendus coupables de délits ou de crime en Algérie a atteint les 56.000 migrants subsahariens. Parmi eux on y trouve 30.000 Maliens et 20.000 Nigériens, c’est ce qu’avait révélé, en 2018, le directeur d’études chargé de la migration au ministère de l’Intérieur, Hacène Kacimi lors d’une conférence de presse tenue en 2018 à Alger. Le même responsable avait précisé que l’Algérie avait mobilisé quelque 20 millions de dollars pour faire face à ce phénomène. La délinquance africaine est en train de s’imposer en Algérie. Du moment que le rythme du flux migratoire vers l’Algérie poursuit son accélération, le nombre des affaires criminelles évoluera, une équation mathématique juste et logique. L’arrivée en masse des dizaines de milliers de migrants clandestins vers l’Algérie a créée, en parallèle, l’émergence d’autres maux notamment la délinquance et la violence urbaine. C’est à partir de l’année 2013 que l’Algérie avait enregistré une augmentation inquiétante du nombre des migrants clandestins sur son territoire. Durant cette date, le nombre des migrants africains a atteint 6.499 individus. Quatre ans plus tard, soit en 2017, leur nombre a passé à 9.219 migrants clandestins, soit une hausse de près de 42%, selon des statistiques des services de sécurité. En face, les faits incriminés ont enregistré une hausse considérable. Rien qu’entre l’année 2017 et 2018, plus de 6.000 faits incriminés impliquant des migrants clandestins ont été recensés par les services de sécurité.

445 réseaux de trafic de migrants clandestins anéantis entre 2018 et 2020
Le constat est plus qu’inquiétant et la sonnette d’alarme a été tirée par des gendarmes hauts gradés et experts dans le domaine de la migration et de la sécurité, l’hémorragie « continue » et le nombre colossal des migrants clandestins débarquant en Algérie en provenance de nombreux pays africains a battu tous les records. Il y a quelques mois seulement, le lieutenant-colonel Sayeh Boussif, Chef de service de la Police judiciaire relevant du Commandement de la Gendarmerie nationale (CGN), avait déclaré qu’en 2021, 10.889 immigrants clandestins de différentes nationalités africaines ont été interceptés contre 5.825 en 2020, soit le double en l’espace d’une année seulement. Ce n’est pas tout, le lieutenant-colonel de la Gendarmerie nationale avait révélé aussi que « les services de la Gendarmerie nationale ont pu, durant la période allant de 2018 à 2020, démanteler 445 réseaux de trafic d’immigrants de différentes nationalités, composé de 1.285 criminels ». C’est dire combien l’évolution migratoire est devenue fatale et très inquiétante à la fois. Elle est souvent sous le contrôle des organisateurs et passeurs, et cela aura son impact sur la sécurité et la stabilité de l’Algérie.
Le représentant de la Gendarmerie nationale avait, par ailleurs, alerté sur l’existence d’une relation étroite entre l’immigration clandestine africaine, le crime organisé et les organisations terroristes, où lesdits criminels exploitent les conditions sociales difficiles des migrants clandestins en leur assurant le transport vers les régions du Nord du pays, puis vers l’Espagne, tout en saisissant de fortes sommes d’argent. Sur ce point, le lieutenant-colonel Sayeh Boussif a mis en garde contre l’émergence de ce fléau. En termes de financement, Il dira plus : « Chaque réseau de trafic d’immigrants africains possède un système de financement spécifique ».

400 réseaux de passeur
démantelés en 2021
Le 23 mai passé, le représentant permanent de l’Algérie auprès des Nations unies, Nadir Larbaoui, avait exposé devant l’Assemblée générale (AG) de l’ONU, l’approche « globale et intégrée adoptée par l’Algérie sur la question de la migration ». L’ambassadeur algérien Larbaoui avait affirmé que l’Algérie « souscrit aux objectifs du Pacte mondial pour la migration, qui vise à s’attaquer aux causes structurelles de la migration, telles que les faibles taux de développement, les effets négatifs des changements climatiques et la dégradation de l’environnement, comme elle souscrit également aux objectifs de renforcement des mécanismes de lutte contre le trafic des migrants et d’éradication de la traite des personnes ». Exposant mieux l’approche algérienne, basée sur deux aspects interne et externe, le représentant permanent algérien avait mis en relief les efforts déployés par l’Algérie pour assurer l’accueil des migrants dans de bonnes conditions et les prendre en charge, en plus de gérer la situation des immigrés illégaux. Sur ce registre, l’ambassadeur et diplomate Nadir Larbaoui avait précisé qu’ « en plus des moyens matériels et humains consacrés à la prise en charge optimale des immigrés et à la garantie de leur accès gratuit aux services de santé, quel que soit leur statut juridique et financier, notre pays les considère comme faisant partie du plan national de prévention, ce qui leur offre la possibilité de bénéficier du vaccin contre la Covid-19 ainsi que des soins de santé », précisant que « plus de 120.000 immigrés ont récemment bénéficié des soins de santé ». Il avait indiqué, à ce sujet, qu’ « environ 400 réseaux de passeurs ont été démantelés durant la période 2020-2021 », et de poursuivre :
« Tant que le monde restera fortement inégal en termes de développement et de conditions de vie, la question de la migration restera un phénomène endémique, puisque la nature de l’être humain le pousse à améliorer ses conditions de vie », avait conclu l’ambassadeur Larbaoui, en estimant que « la meilleure manière pour contenir ce phénomène et d’en faire un choix et non une nécessité, et d’accélérer la mise en œuvre de l’Agenda 2030 du développement durable, afin d’accomplir le développement pour tous, ce qui nécessite davantage d’efforts et une coordination intensifiée, tout en veillant à ce que les pays remplissent leurs obligations, notamment en matière de financement, de renforcement des capacités nationales et de transfert de technologie ».

L’Algérie a repêché 14.000 migrants africains de la mendicité
En 2018, et à travers de nombreuses enquêtes et opérations menées par les services de sécurité algérien contre l’existence de filières africaines spécialisées dans l’exploitation des migrants africains clandestins, 14.000 migrants subsahariens (femmes et enfants) ont été sauvés des mains diaboliques des bandes de criminels basées en Algérie et au Niger, avait révélé le directeur d’études chargé de la migration au ministère de l’Intérieur, Hacène Kacimi lors d’une conférence de presse tenue en 2018 à Alger. « On a sauvé 14.000 femmes et enfants des mains de cette bande de criminels du Niger qui commençait à s’organiser sur le territoire national pour exploiter cette frange fragile dans la mendicité », avait dévoilé le directeur d’études chargé de la migration au ministère de l’Intérieur, Hacène Kacimi lors d’une conférence de presse tenue en 2018 à Alger. Cette bande, qui activait depuis trois années en Algérie, faisait dans la traite des femmes et des enfants pour les utiliser dans la mendicité, avait-il expliqué. Le même responsable auprès du ministère des Collectivités locales avait précisé, en outre, que l’Algérie traite le grand dossier migratoire avec « grande importance ». Tout en défendant sa politique migratoire, ce responsable avait déclaré : « Quand on parle de rafles et de déportations, nous ne sommes pas des Nazis, et ceux qui ont pratiqué les rafles et les déportations sont des Nazis », avait-il dit, regrettant la campagne « violente » menée contre l’Algérie concernant la question de la migration. Evoquant les réseaux migratoires, il avait révélé que les femmes et enfants africains avaient été investis par le banditisme, le terrorisme, la criminalité et la subversion. Le représentant du ministère de l’Intérieur avait ajouté que les réseaux des passeurs d’Agades (Niger), qui travaillent dans la destination Libye et Algérie, ont des revenus équivalent à 140 millions d’euros par mois, relevant que cet argent est recyclé dans la contrebande, le terrorisme et la subversion.

Sud-extrême, la grande porte migratoire
Si l’Etat procède parfois aux opérations de refoulement de dangereux migrants clandestins, d’autres, en milliers, parviennent à franchir les frontières algériennes.
En 2015, l’Algérie avait refoulé quelques 1.000 migrants clandestins vers leurs pays d’origines, la majorité des Subsahariens, toutefois des milliers d’autres clandestins se sont introduits sur le territoire national via des passeurs qui sont en activités aux frontières. Et pour contrer les vagues de migrants africains, le Commandement de la Gendarmerie nationale avait établi un plan sécuritaire spécial. C’est ainsi que des « ceintures » et « boucliers » sécuritaires, sous forme de barrages fixes et inopinés, ont été installés sur l’ensemble des voies et raccourcis les plus empruntées par les passeurs. Les milliers de migrants africains qui débarquent en Algérie, parviennent presque tous par la même voie à savoir le Grand Sud algérien, voire le Sud-extrême. C’est à partir des villes frontalières telles que Tamanrasset, Bordj Badji Mokhtar ou encore Adrar et Béchar que les migrants arrivent en masse. Le 7 août 2018, et lors d’un contrôle de police de la route exécuté sur la RN.01, reliant Djelfa à Blida, dans la circonscription communale de Zoubiria, les gendarmes de la brigade locale avaient interpellé trois Maliens, quatre Béninois et deux Nigériens en situation irrégulière, qui voyageaient à bord d’un autocar d’Adrar vers Alger. Dans la wilaya de Béchar et durant le 6 août 2018, lors d’un service exécuté au niveau du barrage dressé sur la RN.06, reliant Béchar à Naâma, au lieudit Benzireg, commune de Béchar, les gendarmes de la brigade locale avaient interpellé six Guinéens, cinq Maliens, quatre Ivoiriens, deux Béninois, un Camerounais et un Sénégalais, en situation irrégulière, qui voyageaient à bord d’un autocar d’Adrar vers Alger. Ces arrestations, presque quotidiennes, des migrants clandestins, confirment la complexité de la crise migratoire subite par l’Algérie. Une crise provoquée par l’instabilité et l’insécurité qui règne dans plusieurs pays voisins, notamment au Mali, Niger, Tchad, Burkina Faso, Nigeria et bien d’autres pays africains.
Sofiane Abi