La récession mondiale arrive vite !

Institutions financières et organisations commerciales en panique

La Banque mondiale (BM) a fortement réduit ses prévisions de croissances pour l’économie mondiale sur fond de la guerre en Ukraine qui menace le monde de pénuries alimentaires généralisées et craint, du coup, un retour potentiel de la «stagflation». Pour lutter contre l’inflation galopante et contre le chômage, de nombreux pays du monde ont adopté des politiques monétaires laxistes et budgétaires stimulantes, négligeant l’impact durable de ces politiques sur l’économie.

Le monde risque d’entrer plus tôt que prévu dans la récession avec le prolongement de la guerre en Ukraine et le retour des tendances de crises alimentaires, sanitaires, climatiques et sociales. Dans son dernier rapport publié avant-hier la Banque mondiale qui a réduit toutes les cibles de croissances a averti contre la reproduction en 2022 des erreurs des années 70-80 marquées par deux chocs pétroliers qui ont donné naissance au phénomène de stagflation.
Les banques centrales refusent de parler de ce phénomène et souhaitent se concentrer sur leur lutte contre les pressions inflationnistes difficiles à maîtriser dans un contexte économique et social explosif.
La guerre en Ukraine qui a accru le risque d’une fragmentation géo-économique creuse le risque de l’effondrement accéléré de l’économie mondiale encore plus bas. La Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) ont dû revoir à la baisse leur prévision de croissance jusqu’à 2024. L’Organisation de coopération et de développement économique (Ocde) table aussi sur un net recul de la croissance mondiale et une flambée de l’inflation cette année.
L’économie mondiale subit de plein fouet les conséquences des sanctions économiques imposées à la Russie par les États-Unis et l’Union européenne (UE).
L’Afrique qui connaît un retour en force des coups d’Etat militaires souffrira plus de cette crise géopolitique européenne qui implique deux principaux producteurs et exportateurs de céréales (la Russie et l’Ukraine). Dépendants de grains russes et ukrainiens, de nombreux pays africains sont menacés de famine et lancent un appel à l’aide à la Russie.
La Turquie et la Russie ont discuté hier, à Ankara, du passage en toute sécurité des navires céréaliers en mer Noire et dans les ports. L’Ukraine quant à elle refuse de «déminer le port d’Odessa pour permettre la reprise de ses exportations de céréales, car elle craint que les forces russes n’en profitent pour attaquer la ville», a indiqué son porte-parole de l’administration de la région d’Odessa, Serguiï Bratchouk. Les navires céréaliers risquent d’être bloqués encore longtemps, alors que de nombreux pays cherchent à s’approvisionner en blé avant la fin de leurs stocks. L’Algérie qui a annoncé, il y a quelques mois, la disponibilité de réserves suffisantes pour couvrir ses besoins, a réussi à s’approvisionner auprès d’autres fournisseurs étrangers pour assurer sa sécurité. Si l’Algérie a les capacités financières pour acheter du blé qui a atteint des sommets, d’autres pays ne peuvent pas se le permettre. Le pays table d’ailleurs cette année sur un rebond de sa croissance (+ de 3%) grâce à la hausse des cours et des exportations des hydrocarbures.
Pour maintenir ce taux, le pays devra accélérer les réformes économiques et financières pour pouvoir diversifier et relancer les secteurs économiques hors hydrocarbures. L’Algérie à l’instar des autres pays du monde connaît aussi des pénuries qui alimentent l’inflation. Pour s’en sortir, la BM et le FMI ont appelé à l’accélération des réformes structurelles et à sortir de sa dépendance aux hydrocarbures. Les pays riches en pétrole et gaz pourraient en effet profiter temporairement de cette conjoncture pour renflouer leurs caisses, mais doivent agir pour renforcer leur résilience pour ne pas tomber dans la récession.
«Pour bien des pays, il sera difficile d’échapper à la récession», a indiqué le président de la BM, David Malpass, insistant sur la nécessité d’«éviter les restrictions commerciales, tout en recommandant de modifier les politiques budgétaires, monétaires, climatiques et d’endettement (…), et ce, «pour remédier à l’affectation inappropriée des capitaux et lutter contre les inégalités». La crise énergétique menace la reprise économique des grandes puissances européennes qui cherchent à trouver des alternatives au gaz russe après avoir interdit l’importation du pétrole russe.
Une décision qui a propulsé les cours du pétrole à leur plus haut niveau depuis des mois. Les prix du pétrole ont franchi hier la barre des 121 dollars. Dans son dernier rapport de Goldman Sachs table sur un pétrole à 135 dollars. Les pénuries alimentaires et énergétiques ainsi que les tensions géopolitiques risquent d’être difficiles à gérer en une année. Le monde devrait se préparer au pire.
Samira Takharboucht

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