Très mauvaise nouvelle pour l’Espagne

La fin du Traité bilatéral

«C’est une très mauvaise nouvelle pour l’Espagne», estiment nombre de représentants de la classe politique et de la société civile espagnoles après la décision annoncée mercredi par l’Algérie de la suspension immédiate du Traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération conclu le 8 octobre 2002 avec le Royaume d’Espagne.
Les retombées négatives pour l’économie espagnole qui ne vont pas tarder à se faire ressentir, font craindre le pire pour l’Espagne. Pour le Parti populaire (PP, opposition), cette suspension est la «conséquence de l’absence d’une politique d’Etat» chez Madrid. Il fait endosser sa responsabilité au Premier ministre, Pedro Sanchez, du fait de ses revirements unilatéraux. Le Groupe parlementaire du Parti populaire a demandé la comparution au Congrès des députés du ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares, «afin qu’il s’explique» au siège du Parlement sur la suspension par l’Algérie du Traité d’amitié avec l’Espagne. Ce dernier a été critiqué par la secrétaire générale du PP, Cuca Gamarra, sur sa page Twitter : «Pedro Sanchez l’a encore fait. L’Algérie rompt le Traité de bon voisinage avec l’Espagne. Une autre conséquence de l’absence d’une politique d’Etat».
«Nous demandons la comparution urgente du ministre Albares (devant le Parlement). Les Espagnols méritent des explications», a-t-elle encore tweeté. Des sources du principal parti d’opposition, citées par le très sérieux ‘’El Mundo’’, assurent que «là où il y a un problème, au lieu de le résoudre, Sanchez en génère trois». Ce qui fait mal à l’Espagne, ce sont surtout les mesures économiques prises par l’Algérie en accompagnement de la suspension immédiate du Traité bilatéral d’amitié, de bon voisinage et de coopération. En effet, dans une note adressée mercredi aux directeurs des banques et établissements financiers, l’ABEF (l’Association des banques et des établissements financiers) leur a demandé de procéder au «gel des domiciliations bancaires des opérations de commerce extérieur de produits et services, de et vers l’Espagne, et ce, à compter du jeudi 9 juin 2022». Cette note, explique l’ABEF, fait «suite à la suspension du Traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération avec le Royaume d’Espagne». L’ABEF demande aux directeurs des banques et établissements financiers d’instruire leurs services concernés, «à l’effet de prendre toutes les dispositions nécessaires pour une application stricte de cette mesure».
Au plan du commerce extérieur, l’Espagne est dans les premières places comme fournisseur et comme client. L’Algérie était vue comme «un marché prometteur par les opérateurs espagnols et comme une porte d’accès vers l’Afrique «très intéressante» notamment après l’entrée en vigueur de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). Au début de cette année des discussions entre des opérateurs économiques algériens et espagnols avaient été organisées à Alger, au siège de la Confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC, ex-FCE), pour étudier les voies et moyens à même de renforcer les échanges commerciaux entre l’Algérie et l’Espagne, en consolidant le rapprochement entre les chefs d’entreprises des deux pays. En octobre dernier, l’Algérie se déclarait prête à discuter avec son partenaire espagnol de livraisons gazières supplémentaires et à fixer un programme pour assurer ces livraisons, en évoquant, un projet d’extension de la capacité du Medgaz et ainsi que les capacités en GNL. D’autres projets étaient envisagés portant sur la coopération bilatérale dans le domaine énergétique, dont notamment les projets d’interconnexion électrique et gazière entre les deux pays, notamment la réalisation d’un projet de câble électrique sous-marin qui devait relier l’Algérie à l’Espagne, en plus de projets en communs dans le domaine des énergies renouvelables. Toutes ces promesses de développement des relations économiques entre l’Algérie et l’Espagne ont été gâchées par la position en faveur de l’occupant colonial marocain adoptée par les autorités espagnoles concernant le Sahara occidental. On sait que l’Espagne a perdu maintenant ses positions comme hub gazier du Sud de l’Europe, après l’important accord gazier signé entre l’Algérie et l’Italie.
L’Espagne qui recevait de grandes quantités de gaz algérien, était destinée à devenir une grande plate-forme de gaz pour l’Europe, mais le «revirement brusque et injustifié» du Premier ministre espagnol Pedro Sanchez sur la question du Sahara occidental a ruiné les chances de Madrid.
Lakhdar A.

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