Quelle place pour l’Algérie au sein des mutations énergétiques et quelles sont les conditions de l‘opérationnalité du code d’investissement ?

Face aux nouvelles mutations mondiales

«Je tiens au préalable à remercier la direction générale du quotidien national arabophone Ech Chaâb de l’invitation pour participer au forum du samedi 11 juin 20022, sur la transition économique combien importante pour le développement et la sécurité du pays».

C’est l’entreprise libérée des entraves et un Etat régulateur qui peuvent créer une économie productive à forte valeur ajoutée, devant cerner les causes du blocage car si les investissements algériens ne trouvent pas intérêt à aller vers la production nationale, vers la création de l’emploi, faut-il s’étonner, ou encore moins, s’attendre à ce que les investisseurs étrangers, qu’il y ait la règle du 49/51% ou même l’inverse, fassent preuve de plus d’engagement ? L’attrait de l’investissement à forte valeur ajoutée ne saurait résulter de lois, mais d’une réelle volonté politique allant vers de profondes réformes, une stabilité du cadre juridique et monétaire permettant la visibilité, et les pays qui attirent le plus les IDE n’ont pas de codes d’investissement. Aussi l’opérationnalité de ce code implique quatre actions
-Premièrement une nouvelle gouvernance centrale et locale car l’investissement hors hydrocarbures en Algérie, porteur de croissance et créateur d’emplois, est victime de nombreux freins dont les principaux restent l’omniprésence du terrorisme bureaucratique qui représente à lui seul plus de 50% des freins à l’investissement.
– Deuxièmement, Enjeu politique majeur s’impose la réforme du système financier, pour attirer l’investisseur afin de sortir de la léthargie et de la marginalisation le secteur privé, puisque les banques publiques, qui continuent à accaparer 90% des crédits octroyés, ont carrément été saignées par les entreprises publiques du fait d’un assainissement qui, selon les données récentes (2021), a coûté au Trésor public du premier ministère ces trente dernières années environ 250 milliards de dollars, sans compter les réévaluations répétées durant les dix dernières années de plus de 65 milliards de dollars, entraînant des recapitalisations répétées des banques malades de leurs clients.
Troisièmement, pivot de tout processus de développement valoriser le savoir par la réforme du système socio éducatif du primaire au supérieur en passant le secondaire et la formation professionnelle qui doit s’adapter à l’environnement national et international afin que nos universités ne soient pas des usines à fabriquer des chômeurs, en rappelant qu’il faut un taux de croissance entre 8/9% sur plusieurs années pour absorber le flux annuel de demande d’emplois entre 350.000/400.000 qui s ‘ajoutent au taux de chômage actuel,
– Quatrièmement, revoir le fonctionnement marché foncier où la majorité des wilayas livrent des terrains à des prix exorbitants, souvent sans utilités, routes, téléphone, électricité/gaz, assainissements etc… et l’inadaptation du marché du travail renvoyant à la réforme du système socio-éducatif et de la formation professionnelle, si l’on veut éviter des usines à fabriquer de futurs chômeurs. Je préconise que pour les investisseurs nationaux privés ou étrangers qui apportent 100% de financement donc sans l’aide de l’Etat et qui ont une balance devises exportatrice positive, qu’ils ne passent pas par ces circuits bureaucratiques devant avoir un lien direct qu’avec les banques devant mettre fin à ces longs circuits administratifs où c’est le bureaucrate qui décide de la fiabilité du projet lieu du véritable investisseur renforçant la corruption et la confiance, sans laquelle aucun développement n’est possible. Un nouveau code d’investissement en Algérie, sans vision stratégique, une nouvelle gouvernance aura un impact mitigé

En conclusion
L’Algérie, pays à fortes potentialités, acteur stratégique de la stabilité de la région méditerranéenne et africaine, a besoin de renouveler sa gouvernance et d’un langage de la vérité afin de ne pas renouveler les erreurs du passé et redresser l’économie nationale. Face aux enjeux géostratégiques nos frontières, où avec le réchauffement climatique, l’épidémie du coronavirus et les tensions en Ukraine, le monde ne sera plus jamais comme avant, supposant des stratégies d’adaptation, annonçant une novelle recomposition du pouvoir mondial où l’Economique et le Culturel, avec les nouvelles technologies(bienfaits et menaces comme les cyberattaques ) auront aura un rôle prépondérant, le développement devra résulter d’une réelle volonté politique , d’une mobilisation nationale autour d’un large front intérieur en faveur de profondes réformes, dont l’objectif, comme, je le recommande depuis de longues décennies, (voir programme, Association ADEM1992) est une libéralisation maîtrisée, un rôle stratégique de l’État régulateur évitant l’idéologie populiste dévastatrice, de versements de salaires sans contreparties productives, une Nation ne pouvant distribuer que ce qu’elle a préalablement produite. Le dépassement de l’entropie actuelle et les tensions géostratégiques aux frontières de l’Algérie posent la problématique de sa sécurité mais également de la sécurité régionale dont l’Algérie étant considérée par l’Europe, les USA, la Russie et la Chine pour ne parler que des principaux acteurs mondiaux, ,un pays stratégique pour la stabilité de la région méditerranéenne et africaine, passant par la relance de son économie.
En 2022 afin de réaliser la transition énergétique et numérique, il faut une stratégie articulée autour d’une autre organisation institutionnelle, : un grand ministère de l’Energie avec trois secrétaires d’Etat techniques : les énergies traditionnelles, les énergies renouvelables et l’environnement étant irrationnel l’existence de trois ministères. Et cela concerne d’autres organisations, notamment devant regrouper l’industrie, les PME/PME, les mines et les startup et un grand ministère de l’Economie regroupant le commerce et les finances et, au niveau local, six à sept grands pôles économiques régionaux autour d’espaces relativement homogènes pour attirer les investisseurs créateurs de valeur ajoutée. L’on devra éviter tant l’illusion des années 1970/1990 de l’ère mécanique, étant à l’ère de l’immatérialité où les firmes éclatent en réseaux comme une toile d’araignée que le cours élevé des hydrocarbures est source de développement.
Le retour à la confiance, sans laquelle aucun développement n’est possible, passe par une vision stratégique clairement définie, une nouvelle gouvernance centrale et locale autour de grands pôles économiques régionaux ( sept huit autour d’espaces homogènes) afin d’impliquer les acteurs locaux, devant concilier l’ efficacité économique et une profonde justice sociale supposant une profonde moralité de ceux qui dirigent la cité. [email protected]

BIOGRAPHIE DU PROFESSEUR ABDERRAHMANE MEBTOUL
Abderrahmane MEBTOUL , né en 1948, fils de feu d’un grand militant de la guerre de libération nationale emprisonné à El Harrach et Lambèse de 1958/1962, ancien émigré ayant effectué ses études primaires, secondaires, et une fraction du supérieur à Lille (France), expert comptable de l’Institut supérieur de gestion de Lille France est Docteur d’Etat en sciences économiques (1974) soutenu à l’âge de 26 ans avec mention très bien et félicitations du jury. Auteur de 20 ouvrages et plus de 700 contributions locales et internationales notamment sur les mutations énergétiques mondiales, les relations internationales (plusieurs contributions internationales sur les relations Europe/Maghreb, les enjeux stratégiques en Afrique et en Méditerranée) Expert international en management stratégique. Directeur d’Etudes au Ministère de l’Energie/Sonatrach 1974/1979 – 1990/1995 – 2000/2008- 2013/2015 (ayant dirigé plusieurs audits sur Sonatrach) -contrôle de Sonatrach 1974/1976- -bilan de l’industrialisation 1976/1978 – le dossier de la relance économique de ‘l’Algérie face aux nouvelles mutations mondiales horizon 2030 et le dossier du pétrole/gaz du schiste et de la transition énergétique 2013/2015 pour le premier ministère. A dirigé pour le compte du comité central du FLN en 1979 le dossier du secteur privé qui a permis par la suite l’élaboration de différentes lois. – Ancien magistrat – Premier conseiller- haut magistrat, Directeur général des Études Économiques à la Cour des comptes (1980/1983) -A dirigé pour le compte de la Présidence : – le dossier des surestaries en relation avec le ministère du Commerce -le dossier de l’habitat en collaboration avec le ministère de l’Intérieur, le ministère de l’Habitat et des 31 walis de l’époque . – président du Conseil algérien des privatisations – Rang Ministre Délégué (1996/1999) sous le président Liamine Zeroual. – Directeur d’Etudes au cabinet de la Sûreté nationale a dirigé l’audit sur les moyens financiers et matériels de la DGSN dans la lutte contre le terrorisme (1997/1998) assisté de l’institut de stratégie globale et des services de sécurité – Expert au Conseil Economique et Social (1996/2008) – Expert à la présidence de la République 2007/2008 a dirigé l’audit sur l’emploi et les salaires . A représenté au niveau international, l’Algérie au niveau du forum entre 2019/2020, de la société civile de la méditerranée orientale des 5+5 + Allemagne + les organismes internationaux FMI, Banque mondiale, Commission européenne, BIRD, OCDE, où il a présidé la commission transition énergétique en 2019, où il a donné une conférence en juin 2019 à Marseille, devant le président de la République française, de tous les ministres des Affaires étrangères dont l’Algérie, sur la place et le rôle stratégique de l’Algérie au sein de la région méditerranéenne et africaine.
Membre de 2015 à ce jour du Conseil scientifique Forum mondial du développement durable et de la revue passages, contribue régulièrement à la revue stratégie/ défense de la revue Vigie, a dirigé plusieurs études dont celle de la sphère informelle au Maghreb pour l’Institut français des Relations Internationales IFRI , étant également membre du Conseil scientifique de la revue africaine CAFRAD/UNESCO de 2010 à ce jour.
A donné plusieurs conférences internationales au Parlement européen, Bruxelles, devant l’ensemble des ambassadeurs accrédités à Alger, récemment en mars 2022 au Sénat français sur les tensions en Ukraine, et au niveau national à l’Ecole supérieure de guerre, à l’Institut militaire IMDEP , et dernièrement en février 2022 à l’invitation de l’État- major de la Gendarmerie nationale sur de sujets d’intérêts stratégiques. Étant pour la symbiose entre l’efficacité économique et une profonde justice sociale, il a fondé avec des intellectuels, opérateurs publics/privés et la société civile de toutes les régions du pays Est-Sud-Centre -Ouest en 1992 l’Association nationale de développement de l’économie de marché ADEM ( agrément ministère de l’Intérieur 63/92) où dans le prolongement de ses idées reproduites d’ailleurs actuellement par les différents gouvernements, il a donné plusieurs interviews, contributions la presse nationale et étrangère, des conférences entre 1993/2022, à l’Académie Interarmes de Cherchell, à l’Ecole Supérieure de Guerre , à l’IMPED /MDN, à l’ENA Alger, aux universités, d’Annaba, de Constantine, Béjaia, Tizi- Ouzou, Alger, à l’ENA, à Oran, Mascara, Tlemcen, Adrar, Béchar, en rappelant qu’il a fait une longue tournée aux USA à l’invitation du département d’Etat US, et en Europe où il avait été membre de l’association dirigé par feu le Premier ministre Raymond BARRE, l’Europe économique et sociale, entre 1993/1995, pour expliquer la démarche pour de profondes réformes en Algérie. De 1974 à 2022, il est consulté, en tant qu’expert indépendant, par certaines institutions internationales et les différents gouvernements successifs algériens sur différents dossiers économiques.
A.M.
(Suite et fin)