PLFC 2022 : pas de hausse des prix, ni de taxes supplémentaires

Tebboune s’accroche au caractère social de l’Etat

Avec l’inflation qui bat des records depuis des mois, le pouvoir d’achat est devenu le principal sujet de préoccupation des ménages algériens et au centre de l’attention du président de la République, Abdelmadjid Tebboune.

Il a ordonné à ses ministres, lors de la tenue, avant-hier, de la réunion du Conseil des ministres consacrée, entre autres, à l’examen, au débat et à l’adoption du projet de loi de Finances complémentaire 2022 (PLFC), de revoir le contenu de la loi selon une vision «réaliste et rationnelle», prévoyant un «allègement des charges inhérentes aux mesures prises par le Gouvernement», selon le communiqué du Conseil. Le chef de l’Etat était toutefois clair : pas de nouvelles taxes. Une bonne nouvelle pour le contribuable et les entreprises.
«Les citoyens à faible et moyen revenus ne doivent pas être la catégorie la plus soumise aux impôts», a-t-il indiqué lors de sa réunion avec l’Exécutif dimanche dernier, lors de laquelle, il a ordonné la révision de la «teneur de la PLFC» qui «préserve les grands équilibres financiers de l’État et tient compte de l’importance de pallier le manque de ressources sur la base des effets de la loi de Finances 2022».
Le chef de l’Etat réitère ainsi son engagement à soutenir les ménages à faibles revenus ainsi que les entreprises nationales déficitaires pour atteindre l’objectif de l’équité fiscale ou la justice sociale. «La loi de Finances complémentaire 2022 ne doit pas renfermer de nouveaux impôts, ni toucher sous aucune forme, la structure des prix appliqués actuellement, l’objectif étant de préserver le pouvoir d’achat et les acquis sociaux décidés par l’Etat en faveur des citoyens», a indiqué le même document.
Ces mesures visent à renforcer le caractère social de l’Etat qui s’est toujours engagé à mobiliser les ressources financières nécessaires pour maintenir la cohésion sociale.
Dans cette même perspective, et pour anticiper la vigueur et la persistance de l’inflation causée par la guerre en Ukraine, il a décidé, au mois de février dernier, le gel des taxes et impôts sur les produits alimentaires et le matériel informatique, imposés par la loi de Finances 2022, et ce, jusqu’à nouvel ordre. Le hic, c’est que l’Etat ne peut pas s’enrichir dans un contexte inflationniste aggravé par la crise géopolitique et financière prolongée. La loi de Finances 2022 prévoit un déficit budgétaire de plus de 4.100 milliards de dinars.
Pour financer les déficits publics, les autorités ne peuvent pas trop compter sur la fiscalité qui, toutefois, joue un rôle important dans le renforcement non seulement de l’équité fiscale mais aussi les revenus de l’Etat.
Il semblerait, par ailleurs, qu’elles comptent sur le retour de l’opulence financière grâce à la hausse des cours des hydrocarbures et de ses exportations.
La hausse des recettes pétrolières permettrait de financer en plus du recours du Gouvernement au Fonds de régulation des recettes (FRR) à financer les déficits publics, en œuvrant dans le même temps à l’accélération des réformes économiques et politiques.
Diversifier les investissements et la production nationale pour réduire sa dépendance aux hydrocarbures. Investir davantage dans les secteurs à haut potentiel tel que celui de l’énergie renouvelable et de l’agriculture.
Le Président Tebboune a ordonné au Gouvernement, lors de sa réunion avec ses ministres, d’«exclure le foncier agricole, situé dans les zones stratégiques, de l’exploitation dans des projets d’énergies renouvelables», affirmant que «l’Algérie œuvre, grâce à ses compétences et ses capacités naturelles et financières, à diversifier ses sources d’énergie, notamment l’énergie propre, ce qui ouvre la voie aux start-up pour investir ce créneau, à travers la sous-traitance dans diverses spécialités». Il a aussi insisté sur l’impératif d’accélérer la transition énergétique et de «s’orienter conformément à un programme étudié vers la production de l’hydrogène vert et de l’énergie solaire», selon le document du Conseil. L’Etat veut aussi accélérer la relance du secteur industriel à travers le renforcement de l’investissement national et étranger dans les domaines stratégiques.

Samira Takharboucht