Vernissage de l’exposition collective « M’tember »

Villa Abdeltif

«M’tember», une exposition mettant en valeur le timbre «détourné» comme un médium artistique pour représenter des récits et des souvenirs qui racontent des expériences communes, a été inaugurée dimanche à Alger.
Organisée à la Villa Abdeltif par le collectif artistique «Les Timbrés» en partenariat avec l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (Aarc), l’exposition réunit une trentaine d’œuvres de jeunes artistes issus de plusieurs régions du pays, qui ont interrogé leur mémoire sur des thèmes comme le nomadisme, les villages agricoles et la toponymie des villes.
A travers des photographies d’objets d’art, peintures et graphismes, les artistes ont exploré, chacun un thème, une démarche qui consiste à «détourner la fonction première du timbre, pour le transformer, en une création singulière pour raconter une mémoire collective», a expliqué Kawther Benlakhdar, membre du collectif «Les timbrés».
Sous le thème «Nomades-sédentaires, mémoires croisées», le plasticien Abdelghani Babi, met en valeur à travers ses œuvres la sédentarisation des nomades du Grand sud algérien. Dans un de ses tableaux composant son diptyque réalisé à la peinture acrylique sur toile, cet artiste diplômé des Beaux-arts, évoque la vie nomade et les sources d’énergie notamment l’eau, un des facteurs déterminants de la vie sédentaire.
Pour sa part, le jeune Ahmed Bouâaza, explore le nomadisme à travers l’histoire de sa tante dont l’existence est partagée entre un mode de vie nomade et sédentaire, entre Ouargla et Djanet, avec ses dromadaires. Le plasticien Aziz Ayachine, met en avant la ville d’El Asnam (Chlef), un lieu de mémoire collective qui continue de véhiculer un pan d’histoire de cette ville, secouée par plusieurs tremblements de terre à travers les temps. Sur le même thème, Chahinez Kachaa, ressuscite cette ville, secouée en 1980 par un violent séisme que ses habitants ont vécu comme un traumatisme «pas encore guéri».
Asma Moulgara, Nouredine Azouz, Ahmed Zerkaoui, Nadjem Nouicer et Fatiha Habnassi, eux, évoquent la révolution agraire et les villages socialistes réalisés dans le cadre de la Révolution agraire entreprise en 1972. Nadjem Nouicer propose une photo de l’intérieur d’une maison du village targui Amsel (Tamanrasset), connu pour l’élevage du bétail et l’agriculture, alors que Fatiha Habnassi a choisi de mettre en valeur les femmes laboureuses de Boughimouz (Jijel), force ouvrière aux cotés des hommes.
Dans la partie «Racont’Arts», un festival itinérant dans les villages de Kabylie, quatre artistes revisitent le patrimoine de la région à travers les éditions de cet évènement culturel qui se distingue par son organisation impliquant les habitants qui prennent en charge l’accueil des artistes et des festivaliers.
Créé en 2020, «Les Timbrés» est un collectif de cinq membres issus de différents horizons de des artistes. Son objectif consiste à «faire des mémoires communes un espace commun où les acteurs oubliés de la société peuvent s’exprimer et créer», relève Kawther Benlakhdar.
L’exposition «M’tember» est visible jusqu’au 30 juin à la Villa Abdeltif.
R.C.