Un sacrifice religieux face au sacrifice financier

Pouvoir d’achat, l’Aïd El Adha et les moutons

Contrairement à l’Aïd El Adha de l’année précédente où les prix des moutons étaient nettement moins chers, la célébration de la fête du sacrifice pour cette année, prévue pour ce 9 juillet, a été marquée par une montée fulgurante des coûts des bestiaux. Les retombées de la forte envolée mondiale des cours des matières essentielles, mais aussi la désorganisation du secteur des bétails au pays, ont été des facteurs déterminants de l’envolée des prix des bestiaux.
Dans leur quête aux moutons pour célébrer la fête du sacrifice, les Algériens ont été surpris, dès les premiers jours de la fameuse tournée de prospection du marché des bétails, face aux prix très excessifs des moutons. De l’Est du pays en passant par l’Ouest et le Centre et en arrivant au Sud, les prix des moutons pour cette année sont presque identiques. Une flambée des prix des moutons partout. Une situation qui a privé de nombreuses familles de faire le sacrifice suivant le rituel de l’Islam. Les prix des bétails au niveau des marchés de vente ont atteint jusqu’à 160.000 DA pour un mouton.
Comparant les prix actuels des bétails par rapport à ceux de l’année précédente, une augmentation de près de 50% a été atteinte. Une flambée considérable. Autrement dit, les prix des moutons durant l’Aïd El Adha de l’année passée variaient entre 30.000 et 40.000 DA dans les régions des Hauts-Plateaux et de 40.000 et 50.500 DA dans les régions Nord du pays. Cependant une nette flambée s’est produite pour l’Aïd El Adha pour cette année, où les prix ont connus une hausse allant d’un à deux millions de centimes pour chaque tête de cheptel. Cette situation a poussé de nombreux citoyens à faire un sacrifice financier pour pouvoir accomplir le sacrifice religieux. En face, les professionnels de la filière élevage ovin ont affirmé que les prix des bêtes de sacrifice pour cette année ont connu « une nette flambée » à la défaveur du contexte mondial et les lacunes rencontrées dans le secteur des bétails du pays. Tout comme dans les régions du Nord du pays où les prix des moutons sont très élevés, les régions des Hauts-Plateaux ont enregistré, pour la première fois, une nette augmentation des prix de cheptels. Le processus de l’élevage des bestiaux, les charges supplémentaires et le transport des brebis, mais également l’envolée mondiale des cours des matières premières sont derrières cette flambée des prix des moutons, expliquent bon nombre d’éleveurs. Ces difficultés rencontrées par les éleveurs ont sensiblement affecté les prix des bétails.
En face, l’Algérienne des viandes rouges (Alviar) avait lancé, à la fin du mois de juin dernier, une grande opération de vente des moutons au niveau national avec des prix fixes allant de 38.000 et 70.000 DA selon le poids des moutons. Cette opération a permis à des milliers de familles d’acheter leur mouton, c’est le cas pour de nombreuses entreprises publiques et privées qui ont signé des conventions avec l’Alviar au grand bonheur des travailleurs. Toutefois, dans les marchés traditionnels, la situation est totalement différente. Les prix sont nettement forts. Pour sa part, il y a quelques jours, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Mohamed Abdelhafid Henni, avait déclaré, devant l’Assemblée populaire nationale (APN), que les prix du bétail étaient abordables dans les régions abritant cette activité par rapport aux grandes villes, assurant que les prix devraient se stabiliser dans les jours à venir.
Sofiane Abi