Des prisonniers déposent plainte contre le Maroc pour détention arbitraire et torture

Tandis que le Maroc essaye d’effacer les preuves de l’assassinat des 23 migrants subsahariens

Dix-huit prisonniers sahraouis du groupe Gdeim Izik, incarcérés au Maroc depuis 2010, ont déposé
une plainte contre le royaume du Maroc auprès de l’ONU pour détention arbitraire et
actes de torture.

A indiqué vendredi le
groupe de soutien de
Genève pour la protection
et la promotion
des droits humains au
Sahara occidental. «Les
prisonniers de Gdeim
Izik déposent une
plainte contre le Maroc
auprès du Groupe de
travail sur la détention
arbitraire des Nations
unies pour actes de
torture et répression
politique», a précisé le
groupe de soutien dans
un communiqué cité
par un media sahraouie.
Le Groupe
ajoute que «les Sahraouis
qui militent en
faveur de l’autodétermination
sont soumis
à des pratiques discriminatoires
et ont été
condamnés à de
longues peines d’emprisonnement
sur la
base d’aveux entachés
de torture». Ces défenseurs
sahraouis des
droits humains font
partie d’un groupe de
23 Sahraouis condamnés
à des peines allant
de deux ans de prison
à la perpétuité dans le
cadre de l’affaire de
Gdeim Izik. Soit quatre
plaintes pour torture
ont déjà été déposées
début juin 2022 contre
l’occupant marocain
devant le Comité des
Nations unies contre la
torture à Genève,
avaient annoncé les
plaignants et leurs avocats.
«Le Service international
des droits de
l’Homme (ISHR),
l’ACAT-France, M. Joseph
Breham avec le
soutien de Mme Julie Baleynaud,
M. Laurence
Greig et la Ligue pour
la protection des prisonniers
politiques
sahraouis dans les prisons
marocaines
(LPPS) préparent depuis
plus d’un an des
plaintes devant le Comité
contre la torture
des Nations unies
concernant quatre défenseurs
sahraouis des
droits humains, gravement
torturés par les
autorités marocaines»,
avait indiqué un communiqué
des plaignants.
La LPPS, l’ISHR
et l’ACAT-France ont
appelé le régime marocain
à respecter les décisions
du Comité
contre la torture, libérer
tous les prisonniers
condamnés sur la base
d’aveux obtenus sous
la torture et assurer
leur droit aux réparations.
en 2016, le
Maroc a été condamné
par le Comité pour les
tortures subies par
Naâma Asfari, défenseur
sahraoui des
droits humains et un
des porte-parole du
Campement pacifique
de Gdeim Izik de 2010.
Et en novembre 2021,
le Maroc est à nouveau
condamné pour les tortures
infligées à trois
autres détenus sahraouis.
A noter que La
Commission nationale
sahraouie des droits
de l’Homme (CONASSADH)
a mis en garde
contre la dangereuse
campagne d’escalade
menée par l’occupant
marocain contre les militants
sahraouis, dénonçant
des pratiques
contraires à toutes les
résolutions et chartes
internationales dans
les territoires sahraouis
occupés. La
Commission nationale
sahraouie des droits
de l’Homme a également
appelé à la libération
immédiate de
tous les détenus politiques
sahraouis incarcérés
dans les prisons
marocaines, et à l’envoi
de commissions
d’enquête dans les territoires
occupés pour
constater les violations
systématiques du droit
international humanitaire
et faire cesser les
attaques continues
contre les défenseurs
sahraouis des droits
humains. Appelant le
Conseil de sécurité de
l’ONU, le Secrétariat
général, le Haut-Commissariat
aux droits de
l’Homme et le Comité
international de la
Croix-Rouge à intervenir
d’urgence pour empêcher
la détérioration
des droits de l’Homme
et des peuples dans les
territoires occupés de
la République sahraouie,
informe-t-on.
L’Espagne veut rétablir la
relation avec l’Algérie
Le Congrès des députés
espagnols a
adopté au début de
juillet 2022, un projet
de motion non
contraignante demandant
le retour de l’Espagne
à sa position de
neutralité sur le Sahara
occidental et le
rétablissement d’une
relation amicale avec
l’Algérie, ont rapporté
des médias locaux.
«Un projet de motion
sur la politique extérieure
de l’Espagne
comportant 15 points
a été présenté par le
groupe parlementaire
du Parti populaire
(PP). Le 13e point
concerne le rétablissement
des relations
entre l’Espagne et l’Algérie
et le respect de
la position historique
de l’Espagne vis-à-vis
du Sahara Occidental
dans le cadre du droit
international et des résolutions
des Nations
unies, il a été voté par
193 voix pour, 110
contre et 4 abstentions
», a précisé le représentant
du Front
Polisario en Espagne,
Abdellah El-Arabi dans
une déclaration à
l’agence de presse
sahraouie. Le 7 avril
dernier, le Parlement
espagnol avait déjà
voté une proposition
réaffirmant le droit inaliénable
du peuple
sahraoui à l’autodétermination,
conformément
aux résolutions
des Nations unies.
Les députés espagnols
avaient alors approuvé
une proposition nonlégislative
soumise par
trois blocs parlementaires
dénonçant le
changement de position
illégal de Madrid
concernant le conflit
au Sahara Occidental.
Une position réitérée
le 27 mai, lorsque le
Congrès espagnol
avait adopté une résolution
réaffirmant la
nécessité de conclure
le processus de décolonisation
du Sahara
Occidental.
Dans ce contexte, il
faut noter que le maire
de Melilla, Eduardo de
Castro, a indiqué que
le Maroc essayait d’effacer
les preuves de la
tragédie ayant conduit
à la mort de 23 migrants
d’origine africaine,
brutalement
tués par la police marocaine
alors qu’ils
tentaient d’entrer dans
l’enclave espagnole
depuis la ville de
Nador. En effet «le
Maroc essaie déjà de
cacher ce qui s’est
passé. Il essaie d’effacer
les preuves, car de
cette façon, aucune
accusation ne pourra
être retenue», a affirmé
Eduardo de Castro
lors d’un entretien
accordé au site espagnol
La Voz De Galicia,
pointant du doigt l’absence
d’autopsies et
les enterrements précipités.
Le 24 juin 2022 au
poste-frontière de Melilla,
au moins 23 migrants
subsahariens
ont été brutalement
tués par la police marocaine,
qui tentait de
les empêcher d’entrer
dans l’enclave espagnole.
De nombreuses
vidéos et images ont
circulé sur les réseaux
sociaux montrant des
dizaines de migrants
au sol, quasiment
inertes. Certaines
montraient également
les forces de sécurité
marocaines en train
de tabasser des migrants.
Le parquet général
espagnol a annoncé
l’ouverture
d’une enquête pour
faire la lumière sur
cette tragédie meurtrière.
Questionné sur
l’utilité de cette enquête,
Eduardo de
Castro reconnut qu’il
est difficile qu’elle
aboutisse, relevant
qu’il doute fort que le
Maroc coopérera, car
le Maroc n’est pas une
démocratie, le Maroc
est une autocratie.
Evoquant les déclarations
du Premier ministre
espagnol selon
lesquelles l’incident de
Melilla «je pense qu’il
a fait l’éloge des
agents marocains
parce qu’ils n’avaient
jamais coopéré de
cette façon», a-t-il souligné,
tout en disant
avoir ressenti beaucoup
d’anxiété en visionnant
les images de
la tragédie de Melilla
qu’il a qualifiée de véritable
drame humain.
Par Oki Faouzi