«Aarfa», une tradition de solidarité à l’occasion de l’Aïd El-Adha

Chlef

La tradition de «Aarfa» célébrée le jour de l’Aïd El Adha et
à laquelle les enfants, imprègnent une ambiance festive et
d’entraide en dessinant une joyeuse fresque de solidarité
et d’entraide, est un héritage culturel et sociétal que les
familles chelifiennes tiennent à préserver en la perpétuant
dans la région du bassin de Chlef. Basée sur le principe du
partage et visant à inculquer des valeurs nobles et les
bonnes manières aux jeunes, Aarfa constitue une halte sociale
importante d’entraide entre les différentes couches
de la société et de pardon, car les gens en profitent pour
se réconcilier, mettant un terme aux querelles. La célébration
de cette tradition débute dans la matinée du jour de
«Arafat» avec les enfants qui se constituent en groupes pour
se rendre dans les foyers en entonnant un chant populaire
du patrimoine local. Un poème chanté pour solliciter la générosité
des familles en leur demandant de donner ce
qui est disponible et de le partager avec les autres. Cette
joyeuse procession se termine chez la plus grande famille
de la région, laquelle se chargera de préparer un repas
et de le distribuer aux nécessiteux et à la population en
général. Les chérubins reviennent à la charge le premier
jour de l’Aïd, pour collecter, toujours en chantant la fameuse
chanson de Aarfa qui invite les gens à la générosité,
des dons au profit des familles nécessiteuses et des orphelins.
La manifestation s’achève par l’organisation d’un
repas collectif et la distribution de dons aux nécessiteux
et aux participants à cette opération de solidarité. Dans
la région de Labiod Medjadja (nord-est de Chlef), Mme Berberi
Khaira, reçoit chez elle un groupe d’enfants qui célèbrent
Aarfa, toute souriante de contribuer à perpétuer
cette tradition ancestrale qui sème les valeurs de partage
et d’entraide, a-t-elle dit. Aarfa qui est célébré annuellement
dans plusieurs régions du bassin de Chlef, cultive
non seulement les principes d’entraide et de solidarité au
sein de la société, elle crée aussi une opportunité pour renforcer
les liens sociétaux et familiaux, a-t-elle poursuivi. De
son côté Ben Ali Cherchar n’a pas hésité à répondre à l’appel
de «Aarfa» en remettant des denrées alimentaires aux
quêteurs considérant que cet héritage social reflète les
valeurs de bienveillance et de tolérance portées par l’Islam,
que les ancêtres partagent à travers cette tradition,
entre autres. Outre la culture de solidarité que cette manifestation
vise à ancrer au sein de la société, elle est
aussi une occasion pour préserver le patrimoine culturel
matériel, puisque les enfants portent, pour la circonstance,
des vêtements traditionnels, ce qui crée une atmosphère
exceptionnelle qui allie la préservation du patrimoine
et entraide. A propos de cette tradition, Miloud
Bouazdia, professeur de sociologie et d’anthropologie à
l’Université Hassiba Benbouali, considère que Aarfa qui est
une manifestation à dimensions sociale, religieuse et culturelle,
constitue un pont de communication intergénérationnel
et une continuité des valeurs et coutumes de la société
algérienne. Ce patrimoine social qui résiste à l’oubli,
demeure l’un des aspects les plus marquants des festivités
de l’Aïd El-Adha dans la région de Chlef, aux côtés
d’autres activités spécifiques à cette fête religieuse dont
celle des aiguiseurs de couteaux, de la vente d’outillages
nécessaire pour le sacrifice du mouton et les visites aux
proches.n